Le millionnaire Andrej Kiska, novice en politique, a nettement remporté le second tour de l'élection présidentielle slovaque. Les Slovaques ont ainsi refusé de voir leur pays dirigé par un seul parti, le Smer-SD du Premier ministre Robert Fico, candidat vaincu. Kiska, un centriste sans parti et euro-enthousiaste, a obtenu 59,4% des voix, selon les chiffres communiqués par l'Office des statistiques après le dépouillement de 99,85% des circonscriptions. Le nouveau chef de l'Etat, aux fonctions essentiellement honorifiques, prêtera serment le 15 juin. "Je veux remercier les électeurs qui m'ont donné un mandat fort. Je vais remplir toutes les promesses que je leur ai faites", a déclaré M. Kiska, 51 ans, devant la presse. "J'ai promis d'être président de tous les citoyens. Je vais œuvrer pour unir et motiver les gens, pour que nous puissions être fiers de notre pays, pour que les gens se sentent bien ici", a-t-il ajouté, dans une atmosphère frénétique.
Référendum contre Fico Cet ancien magnat des crédits de consommation devenu philanthrope a séduit les Slovaques par son image de bienfaiteur resté à l'abri des allégations de corruption ayant éclaboussé ces dernières années la classe politique. Il est le premier président sans passé communiste depuis l'indépendance du pays en 1993. M. Fico a "félicité" son rival pour son élection. "Je vais maintenant m'offrir quelques jours, pour faire une analyse de la situation", a-t-il déclaré. Selon la presse de Bratislava, cette présidentielle faisait figure de référendum sur le gouvernement de M. Fico, chef du gouvernement de 2006 à 2010 et depuis 2012. Son élection à la magistrature suprême aurait donné au Smer-SD un contrôle total de la présidence, du Parlement (83 sièges sur 150 depuis 2012) et du gouvernement.
"Joker idéal" Selon l'analyste Dag Danis, le nouveau président est un "homme sans opinions politiques et sans capacité de leadership", mais il est un "joker idéal pour tous ceux qui détestent la politique traditionnelle donc aussi (celle de M.) Fico". "Même en cas de défaite, Robert Fico continuera à occuper son poste de Premier ministre. Le gouvernement et le Parlement continueront leur travail", a précisé le président du Parlement, Pavol Paska.