Hillary Clinton et Bernie Sanders ont exprimé dimanche leur indignation au sujet de la contamination de l'eau de Flint, à l'occasion d'un débat organisé dans cette ville du Michigan. Auparavant, le candidat "socialiste" avait remporté la primaire démocrate du Maine. Les deux candidats à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine de novembre ont réclamé le versement immédiat d'indemnités et la démission du gouverneur républicain de l'Etat, Rick Snyder. "Les gens doivent rendre compte de leurs actes, quelles que soient les conséquences. Il faut absolument déterminer les responsabilités", a martelé l'ancienne secrétaire d'Etat. Son rival a quant à lui qualifié la crise de "honte incroyable". Empoisonnements au plomb La crise sanitaire de Flint remonte à avril 2014, quand les administrateurs municipaux désignés par le gouverneur ont renoncé par souci d'économie à acheter leur eau à Detroit pour la puiser dans la rivière locale, pourtant acide et polluée. Ils ont fait volte-face en octobre, après une série d'empoisonnements au plomb. Cette ville d'un peu moins de 100 000 habitants est devenue un symbole de la désindustrialisation après la fermeture des usines automobiles de General Motors, au cœur du premier documentaire du cinéaste américain Michael Moore, "Roger et moi" (1989). Située à 100 km de Detroit, elle est confrontée depuis des années à de graves difficultés financières. Pour les deux candidats démocrates, la crise est le résultat des inégalités sociales et raciales.
Candidate de Wall Street Lors du débat, M. Sanders s'en est vivement pris à sa rivale. Il l'a accusée d'être endossée par Wall Street et d'avoir soutenu des accords de libre-échange ayant précipité les délocalisations industrielles qui ont sinistré la région. "L'un de nous deux a fait des discours à Wall Street pour des centaines de milliers de dollars. J'imagine que si vous êtes payée des centaines de milliers de dollars pour un discours, cela doit être un discours extraordinaire. Je pense qu'il faudrait le rendre public et laisser le peuple américain voir son contenu", a-t-il dit. "Si tout le monde avait voté comme lui, je pense que le secteur automobile aurait disparu et quatre millions d'emplois avec lui", a rétorqué Hillary Clinton.
Piques contre Trump Tous deux se sont dits impatients d'affronter Donald Trump, favori côté conservateur, le 8 novembre. "Je pense que l'intolérance de Trump, sa brutalité et ses fanfaronnades ne colleront pas avec les Américains", a estimé l'ex-sénatrice de New York. "Je n'ai pas l'intention de me traîner dans le caniveau avec celui qu'ils désigneront, mais plutôt d'élever le débat", a-t-elle ajouté. De son côté, "Bernie" a manié l'humour, en jugeant nécessaire de mieux financer la médecine psychiatrique après avoir assisté aux débordements du récent débat républicain, où Donald Trump a évoqué la taille de son pénis.
Le Michigan vote aujourd'hui Le pourfendeur des puissances du capital joue gros dans l'Etat du Michigan qui vote aujourd'hui pour les primaires et offrira à son vainqueur un nombre élevé de délégués. Il est en effet urgent pour Bernie Sanders de freiner l'avancée apparemment irrépressible d'Hillary Clinton vers l'investiture démocrate. Bernie Sanders a redonné des couleurs à sa campagne avec deux succès samedi dans le Kansas et le Nebraska. Il a également remporté une nette victoire dimanche dans le Maine, avec 64,3% des voix contre 35,5% à Mme Clinton, selon le dépouillement presque complet.
Trump face à Cruz Côté républicain, Ted Cruz apparaît désormais comme le seul candidat pouvant faire dérailler la marche de Donald Trump vers l'investiture. Le très conservateur sénateur du Texas l'a emporté largement dans le Kansas et le Maine samedi, le milliardaire gagnant lui le Kentucky et la Louisiane. Les deux autres candidats républicains, le sénateur Marco Rubio - qui s'est imposé dimanche à Porto Rico - et l'ex-gouverneur John Kasich ont encore perdu du terrain, mais refusent encore de jeter l'éponge. La prochaine fournée de primaires républicaines est prévue aujourd'hui dans le Michigan, le Mississippi, l'Idaho et à Hawaï, avant un nouveau "Super Mardi" le 15 mars ou cinq grands Etats seront en jeu, dont la Floride.