La multiplication des aires marines protégées en Méditerranée et l'implication des pêcheurs dans leur gestion ont été soulignées lors des débats de la deuxième journée de la conférence régionale de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) organisée à Alger. La représentante du Fonds mondial pour la nature, Mme Catherine Piante a mis l'accent sur l'importance de la généralisation des aires marines protégées en Méditerranée. Elle n'a pas hésité à faire le parallèle avec un compte bancaire garantissant, à terme, "des intérêts au détenteur du compte". Pour illustrer ses propos, elle donnera l'exemple de certaines zones, en Méditerranée, où la pêche est interdite et où le poisson s'est multiplié et dont une partie a servi à alimenter les zones où la pêche est autorisée. Une expérience à généraliser, d'après elle, en prenant en considération les spécificités géographiques et halieutiques de chaque région. Cet objectif ne pourra être atteint, cependant, sans l'implication des pêcheurs eux-mêmes, dira l'intervenante. La première étape, dans ce sens, est celle de la sensibilisation en direction des petits pêcheurs pour leur expliquer l'intérêt de maintenir en permanence des zones où la pêche est interdite afin d'éviter d'épuiser les ressources en poisson, notamment les espèces les plus vulnérables. Dans un deuxième temps, il s'agira, poursuit-elle, d'impliquer directement les pêcheurs dans la gestion des aires marines protégées en s'organisant dans le cadre de coopératives chargées de fixer les quotas à pêcher et les zones à éviter. Les pêcheurs devraient également tenir des réunions régulières avec les autorités en vue de coordonner les efforts permettant d'éviter tout dépassement au niveau des zones interdites à la pêche. Le chercheur à l'université en sciences environnementales à l'université de Girona en Espagne, Toni Font a insisté, quant à lui, sur la nécessité de former les pêcheurs au respect de l'environnement au niveau des zones autorisées à la pêche. Il est également question de former les pêcheurs aux techniques ancestrales respectueuses de l'environnement. "Les nouvelles techniques ont fait perdre aux pêcheurs artisanaux les réflexes environnementaux qu'avaient naturellement leurs aînés. Il est donc important de les former sur les anciennes techniques de pêche", a-t-il assuré. Un avis partagé par le chercheur de l'Institut tunisien des sciences et technologies marines, Sadok Ben Meriem qui a rappelé que, dans toutes les régions du mondes, les pêcheurs avaient des comportement très écologiques. " Dans certaines régions, on évitait de pêcher les petits poissons pour ne pas faire fuir leurs prédateurs qui, eux, étaient pêchés par l'Homme. On mettait en garde, dans ces cas, contre la colère de la mer", a-t-il expliqué. Une attitude qui avait pour effet de garantir la préservation des ressources halieutiques. Les participants à la conférence sont tombés d'accord sur le fait que le maillon le plus important reste le pêcheur sur lequel il faudra concentrer les efforts à venir. "Construire un avenir pour une pêche artisanale durable en Méditerranée et en Mer noire" est le thème de la conférence régionale de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée qui sera clôturée demain. Pas moins de 200 experts, responsables politiques, représentants d'organisations internationales et régionales y participent.