Pyongyang a menacé hier de lancer un blitzkrieg contre les forces sud-coréennes et américaines qui mènent actuellement leurs plus importantes manœuvres conjointes, et de libérer toute la Corée du Sud, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA. Alors que ces manœuvres américano-sud-coréennes annuelles, qui provoquent à chaque fois la colère de Pyongyang, sont en cours, l'agence KCNA, citant un communiqué du commandement militaire, a agité la possibilité d'une frappe préemptive contre les groupes ennemis qui participent à ces exercices. Pyongyang envisage de lancer en réplique à ces manœuvres un blitzkrieg, une opération pour libérer toute la Corée du Sud y compris Séoul, selon KCNA. En réaction, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a appelé Pyongyang à cesser ses menaces et ses provocations, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Depuis le début des manœuvres américano-sud-coréennes, qui sont cette année les plus importantes jamais effectuées, la Corée du Nord lance quotidiennement des avertissements envers les deux alliés et les menace notamment de frappes nucléaires préventives. Plus de 17 000 soldats prennent part à ces manœuvres -12 200 militaires américains et 5 000 sud-coréens-- qui se déroulent dans le port de Pohang (sud-est), selon un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense. Plus tard hier, les médias officiels nord-coréens ont affirmé que Pyongyang se réservait le droit de lancer une attaque nucléaire préventive et lancé un dernier avertissement à Washington. Une guerre nucléaire contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC - Corée du Nord) entraînerait la fin des Etats-Unis, a affirmé un article publié dans le journal nord-coréen Rodong Sinmun. C'est le dernier avertissement de la RPDC à Obama et ses amis. Les tensions dans la péninsule n'ont cessé de croître depuis que la Corée du Nord a effectué un quatrième essai nucléaire en janvier, puis un tir de fusée à longue portée en février, en violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Le Conseil de sécurité a ensuite considérablement alourdi les sanctions internationales qui pesaient déjà sur le régime nord-coréen, le plus isolé au monde. Dans le même temps, un sous-marin nord-coréen a été porté disparu au début de cette semaine alors qu'il était en opération au large de la côte orientale de la Corée du Nord, selon des informations de sources américaines publiées samedi. Le ministère sud-coréen de la Défense a déclaré que Séoul examinait ces informations. A Washington, des responsables du Pentagone se sont refusés à les commenter. Selon la chaîne de télévision américaine CNN citant trois responsables américains sous le couvert de l'anonymat, des satellites, des avions et des navires des Etats-Unis ont observé des bâtiments de la marine nord-coréenne en train de rechercher le sous-marin disparu. Les Etats-Unis ignorent si le sous-marin était en perdition ou avait sombré, mais les responsables cités estiment qu'il a subi une avarie pendant un exercice, a indiqué CNN. L'estimation est qu'il a coulé, a déclaré un autre responsable américain cité par USNI News, portail d'information en ligne de l'United States Naval Institute, une association militaire professionnelle américaine. Les forces armées de la Corée du Nord disposent d'environ 70 sous-marins, dont la plupart sont des sous-marins diesel obsolètes. Ces engins qui ont des capacités offensives limitées peuvent cependant constituer un danger pour les bâtiments sud-coréens.
Vaste exercice de débarquement Les troupes américaines et sud-coréennes ont mené hier un exercice de débarquement amphibie dans le cadre de leurs huit semaines de manœuvres militaires, les plus grandes à ce jour selon Séoul. Ces exercices se déroulent sur fond de tensions avec la Corée du Nord. Cinquante-cinq avions de la marine américaine et trente bâtiments américains et sud-coréens ont participé à une simulation d'attaque sur des plages proches de Pohang, a indiqué l'US Navy, dans le but "de pénétrer des défenses ennemies théoriques, établir une tête de pont et débarquer rapidement des forces et du soutien vers le rivage". Depuis le début de ces manœuvres conjointes lundi, que Pyongyang assimile à des "exercices de guerre nucléaire", la Corée du Nord multiplie les mises en garde contre son voisin du Sud. Le dirigeant Kim Jong un a affirmé mardi que son pays avait réussi à miniaturiser des charges nucléaires. Deux missiles balistiques de courte portée ont ensuite été tirés jeudi par l'armée nord-coréenne. Kim Jong un a également ordonné au pays de procéder à de nouveaux essais nucléaires. Le dernier essai nucléaire en date, le 6 janvier, a abouti à une résolution unanime du Conseil de sécurité des Nations unies alourdissant le régime de sanctions en place contre Pyongyang. L'agence officielle KCNA a rapporté que l'armée attendait de son commandant suprême Kim Jong un l'ordre de lancer une "frappe de justice préventive" contre ses ennemis.
Disparition d'un sous-marin CNN déclare de son côté que la Corée du Nord recherche depuis plusieurs jours l'un de ses sous-marins qui a rencontré un problème technique lors d'un exercice. Le submersible pourrait dériver sous l'eau ou avoir coulé, ajoute CNN, citant des responsables américains du renseignement.
Crimes contre l'humanité L'ancien président de la commission d'enquête de l'ONU sur les droits de l'Homme en Corée du Nord a préconisé la nomination d'experts pour étudier comment la justice pourrait se saisir des crimes contre l'humanité commis dans ce pays. Que faites-vous si vous ramenez des preuves fortes de crimes contre l'humanité et qu'un des cinq membres permanents (du Conseil de sécurité) vous empêche d'aller plus loin' en opposant son veto, a interrogé Michael Kirby lors d'une conférence organisée à Londres sur la situation des droits de l'Homme dans le régime de Pyongyang. Créer un comité d'experts, a-t-il dit, serait une bonne étape, parce que cela permettrait de maintenir l'attention sur le sujet. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad al-Hussein avait estimé début décembre essentiel de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes contre l'humanité commis en Corée du Nord. Mais si le Conseil de sécurité a l'autorité pour saisir la CPI, des diplomates estiment que la Chine, dernier soutien de Pyongyang, mettra immédiatement son veto à toute initiative en ce sens. A Londres, M. Kirby a souligné qu'il était essentiel pour la communauté internationale de garder Pékin dans la boucle sur le sujet: la Chine aime discuter et il y a là un espoir, a-t-il dit. Le rapport de la commission d'enquête présidée par le magistrat australien, rendu public en février 2014, avait conclu à des violations des droits de l'Homme par la Corée du Nord sans égal dans le monde contemporain. Si beaucoup reste à faire, il y a eu depuis des développements positifs, a estimé M. Kirby, citant notamment la mise en place d'un bureau onusien à Séoul pour continuer à rassembler les témoignages de victimes du régime nord-coréen. Nous ne pouvons rester silencieux pendant que les droits de l'Homme continuent d'être violés, a déclaré de son côté Deuk-Hwan Kim, un responsable de l'ambassade sud-coréenne à Londres, appelant à la pleine mise en oeuvre de la résolution du 2 mars imposant une nouvelle série de sanctions contre la Corée du Nord après les derniers essais nucléaire et balistique menés par le régime communiste. La seule manière de changer le comportement de ce régime implacable, c'est que la communauté internationale parle d'une seule et même voix, a-t-il insisté. La conférence, co-organisée par l'Alliance européenne pour les droits de l'Homme en Corée du Nord, a été également l'occasion d'entendre le témoignage d'un réfugié nord-coréen, Kim Hyeong-soo, ayant fui son pays en 2009. Ce biophysicien de 52 ans travaillait à l'institut Mansumugang, chargé d'apporter bonne santé et longévité aux dirigeants nord-coréens. Un endroit, a-t-il expliqué, ultra sécurisé, gardé en permanence par des hommes armés, protégés par des clôtures électriques, et où la nature des recherches réserve quelques surprises. Il est notoire que Kim Jong-Il (au pouvoir de 1994 à sa mort en 2011, ndlr) aimait boire et fumer. En fait, il aimait particulièrement la marque de cigarette britannique Rothmans. Mais comme il ne pouvait pas en obtenir, une équipe a fait importer du tabac d'Afrique pour pouvoir fabriquer des cigarettes qui avaient le même goût, a-t-il dit.