Les cours du maïs, du soja et du blé ont nettement monté cette semaine dans un contexte général de hausse des marchés de matières premières, notamment du pétrole, tout en profitant de quelques éléments spécifiques au monde agricole. "Cette semaine, il s'est passé plusieurs choses qui ont soutenu l'ensemble des matières premières, au-delà des seuls produits agricoles", a résumé Bill Nelson, de Doane Advisory Services. En premier lieu, les investisseurs ont suivi en Chine la session annuelle du parlement, le week-end dernier, au cours de laquelle le gouvernement a certes abaissé ses objectifs de croissance mais surtout manifesté sa volonté d'agir pour la soutenir, notamment en creusant le déficit public. "Cela a encouragé beaucoup d'achats en début de semaine dans l'idée qu'il ne faut pas s'inquiéter pour le moment à propos de la Chine", a noté M. Nelson, rappelant que le pays était le premier importateur mondial de soja. Autre soutien, les prix du pétrole ont continué à monter dans l'espoir d'un rééquilibrage de l'offre par rapport à la demande, ce qui a "permis aux marchés agricoles de respirer un peu", ont noté les experts de la maison de courtage Allendale. Enfin, toujours dans l'actualité extérieure au monde agricole, M. Nelson mettait comme la semaine précédente l'accent sur les troubles politiques au Brésil, dont la présidente Dilma Rousseff est fragilisée par une demande de détention de son prédécesseur et mentor Lula, ce qui a contribué à massivement renforcer le real face au dollar dans l'espoir d'un changement de gouvernement. "Cela rend les producteurs américains plus compétitifs à l'inverse de leurs homologues brésiliens", a précisé M. Nelson. En ce qui concerne plus particulièrement l'actualité des différents produits agricoles, elle est restée maigre, malgré la publication d'un rapport mensuel toujours très surveillé du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande. Les investisseurs n'ont en effet guère trouvé d'élément saillant, puisque l'USDA a laissé en l'état ses prévisions de stocks américains de blé, de maïs et de soja. Certes, le ministères a un peu abaissé ses estimations sur l'état des réserves dans le reste du monde pour les trois produits, mais dans chaque cas, "la surabondance mondiale persiste", a minimisé Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. Il notait par ailleurs que, selon des chiffres séparés de l'USDA, le niveau des cargaisons de maïs a l'étranger, témoin du niveau réel des exportations, "s'est amélioré pour la septième semaine de suite, mais reste loin des objectifs" du ministère. De son côté, le marché du blé a profité d'inquiétudes sur les conditions météorologiques américaines, surtout dans le Sud-Est, qui a subi une série d'inondations autour du Mississippi. De plus, "dans le Kansas, l'Oklahoma ou le Texas, la plus grosse région productrice de blé, on annonce un temps plus froid la semaine prochaine", a noté M. Nelson. Le blé d'hiver sort de sa période de dormance et est donc exposé au risque de gel en cas de retour du froid. "Même si la dormance s'est achevée deux ou trois semaines plus tôt que d'habitude, il n'y a pas vraiment de problème", ont relativisé les experts d'Allendale. "Les températures devraient rester supérieures à la normale." Dans l'ensemble, malgré la hausse de cette semaine, la prudence continue à demeurer sur les marchés agricoles en une période peu animée de l'année pour les agriculteurs. "Il faudrait vraiment un bouleversement dans le rapport sur les intentions de semis", prévu par l'USDA pour la fin mars, "pour changer quelque chose à la morosité générale", a conclu M. Strickler. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,6500 dollars, contre 3,5825 dollars en fin de semaine précédente (+1,88%). Le boisseau de blé pour mai, également le plus actif, valait 4,7575 dollars contre 4,6075 dollars une semaine plus tôt (+3,26%). Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 8,9575 dollars contre 8,7850 dollars, vendredi dernier (+1,96%).