Les cours du blé ont souffert durant la semaine d'une météo favorable au blé d'hiver sur le marché de Chicago, tandis que le maïs et le soja ont bénéficié de l'embellie de la plupart des marchés financiers. Il y a une semaine, "on avait peur que le blé souffre du retour d'un temps très froid dans les plaines, alors qu'il commence juste à sortir de dormance. Finalement, il a bien un peu gelé, mais pas suffisamment pour beaucoup abîmer les cultures", a expliqué Bill Nelson, chez Doane Advisory Services. Du coup, les agriculteurs ont poussé un soupir de soulagement, et les investisseurs ont revu leurs attentes. Par ailleurs, le blé avait bien grimpé pendant la première quinzaine du mois, alors même que "les stocks mondiaux sont excédentaires et les exportations sont au mieux médiocres", a souligné Dewey Strickler, chez Ag Watch Market Advisors, en doutant que les prix aient atteint un plancher. Mais Louis Rose, chez Risk Analytics, pointait tout de même une poignée de facteurs favorables, dont la sécheresse en Inde, au Pakistan et en Afrique du Nord, et des surfaces cultivées attendues en baisse pour la prochaine saison. Enfin, le blé d'hiver n'est pas encore sorti d'affaire et reste vulnérable à des intempéries dans les deux mois à venir, a noté M. Nelson. De leur côté, "les marchés du maïs et du soja reflètent les tendances macroéconomiques", a-t-il assuré. Le marché a notamment bénéficié de l'accès de faiblesse du dollar consécutif à la prudence exprimée par la Réserve fédérale mercredi, et de la remontée du real brésilien alors que le pouvoir de la présidente Dilma Roussef est de plus en plus contesté. Ces mouvements sur le marché de change sont de nature à réduire l'avantage concurrentiel de la production brésilienne. Plus généralement, "avec le prix du pétrole revenu à 40 dollars le baril, et les récentes informations venues de Chine sur la détermination des autorités à encourager la croisance, les investisseurs semblent plus disposés à acheter", selon M. Nelson. Selon M. Strickler, "les investisseurs pariant sur la hausse du maïs salivent à l'idée que (le phénomène météorologique) La Nina puisse provoquer une sécheresse cet été, mais c'est trop tôt pour le dire". En outre "le tableau des exportations reste médiocre, et on attend des surfaces cultivées plus étendues", ajoutait M. Strickler, y voyant des raisons pour que les cours de cette céréale modèrent leur hausse, voire recherchent prochainement un nouveau plancher. M. Rose a noté que la perspective de prix restait assombrie par des estimations revues en hausse de la production sud-américaine, et l'attente d'opérations de déstockage en Chine.
En attendant le 31 mars Enfin le marché du soja semblait en panne d'actualité, pendant que se poursuit la récolte au Brésil, achevée à 52%. Tout juste les chiffres hebdomadaires sur la production d'éthanol, en nette hausse, sont-ils venus apporter en fin de semaine un motif supplémentaire d'optimisme. D'une façon générale, le marché reste peu actif les investisseurs attendant toujours le premier rapport officiel sur les intentions de semis, prévu le 31 mars. Les experts de la maison de courtage Allendale, en combinant leurs estimations de surface et de rendement après avoir interrogé les agriculteurs, tablent sur une production de blé en légère baisse par rapport à l'an dernier, avec les surfaces les moins étendues depuis 1970. Les surfaces de soja baisseraient légèrement, tout en restant très importantes, pour une production un peu réduite. Le maïs, jugé un peu plus rentable, récupèrerait certains hectares perdus par le soja, et terminerait sur une production en hausse. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,6700 dollars, contre 3,6500 dollars en fin de semaine précédente (+0,55%). Le boisseau de blé pour mai, également le plus actif, valait 4,6300 dollars contre 4,7575 dollars une semaine plus tôt (-2,68%). Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 8,9750 dollars contre 8,9575 dollars vendredi dernier (+0,20%).