Sur l'ordre de Vladimir Poutine, la majeure partie du groupe aérospatial russe se retire de Syrie, pays en proie à un conflit armé depuis cinq ans déjà. La peur, telle a été la première réaction des Syriens face à cette décision. La compréhension du fait que la tâche principale a été accomplie n'est venue qu'après. L' annonce du retrait du gros des forces aérospatiales russes de Syrie a surpris non seulement l'Occident, mais aussi les Syriens. Cette décision ainsi que ses conséquences préoccupent aussi bien les experts militaires et les hommes politiques que les civils ordinaires. La première réaction fut l'anxiété. Mais la compréhension du fait que la tâche principale a été accomplie et que maintenant c'est aux Syriens eux-mêmes de poursuivre la lutte n'a pas tardé. "J'espère que c'est une bonne nouvelle. Je pense que mes amis partagent mon point de vue: la peur c'est ce que nous avons tous ressenti au premier moment", avoue un major à la retraite. Selon lui, au début il a eu l'impression que la Russie abandonnait la Syrie et que le cours de la guerre allait à nouveau changer vers le pire. Pour sa part, le président syrien Bachar el-Assad a mis en relief le rôle de Moscou et de Téhéran dans l'édification de l'avenir de son pays. L'appui politique et économique des alliés de la Syrie, avant tout de la Russie et de l'Iran, a fortement contribué à consolider le peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme, a déclaré le président Bachar el-Assad lors d'une rencontre à Damas avec le président du Conseil stratégique des relations étrangères de l'Iran Kamal Kharrazi. Le leader syrien a souligné que le soutien des pays amis avait aidé à restaurer la sécurit é en Syrie, en créant les conditions nécessaires pour permettre aux Syriens de déterminer eux-mêmes l'avenir de leur pays. Lors de cette rencontre, Bachar el-Assad et Kamal Kharrazi ont discuté de la situation en Syrie, notamment des négociations de paix à Genève et des efforts destin és à trouver une solution politique à la crise syrienne. "La victoire du peuple syrien et des alliés dans leur lutte contre le terrorisme contribuera à créer un monde plus juste et équilibré", a déclaré M.Assad cité par l'agence Sana. Le président a également accusé les pays de l'Occident de vouloir imposer leur volonté à Damas, ce qui va à l'encontre des intérêts de la population de la région. Il a souligné que le peuple syrien préconisait avant tout la sécurit é et la souveraineté de son Etat ainsi que son droit à l'autod étermination. GARDER ESPOIR Dans le quartier chrétien de la capitale syrienne, à deux pas du siège de la patriarchie, des jeunes femmes mènent une discussion animée. En apprenant que leur interlocuteur est Russe, elles ne tardent pas à lancer: "Vous nous avez abandonn és? Que se passera-t-il après? Notre vie venait de revenir à la normale!". "La peur et la panique m'ont possédée au cours des premi ères minutes suivant l'annonce. Mais après avoir évalu é la situation, j'ai réalisé que tout se déroule selon le plan préétabli. La Russie a dès le début annoncé que l'opération allait durer six mois environ. Puis, comme vous pouvez en juger, la situation est beaucoup plus calme. Je vais dans la région de Homs (centre du pays) même le soir tard sans avoir peur. Il faut faire confiance aux autorités syriennes et russes", dit Laura Al- Khaddour, la plus courageuse du groupe. "Notre armée a lutté pendant cinq ans. Certes, nous sommes fatigués, mais nos ennemis le sont aussi. Nous sommes prêts à poursuivre la lutte. Les Russes nous ont aidés, mais c'est notre guerre. Je suis sûr que si les Turcs ou les Saoudiens lancent une offensive contre nous, la Russie ne nous laissera pas seuls", dit un lieutenant. "La Russie est venue en aide à un moment très dur pour la Syrie. Votre opération a approché la fin de la guerre. Mais j'aimerais bien que les avions russes continuent à voler dans le ciel syrien jusqu'à ce que le dernier terroriste trouve la mort", dit un marchand de souvenirs qui se joint à la discussion. LA GUERRE CONTINUE "Après que la Russie a exposé toute sa force, des dizaines de groupes terroristes ont accepté la paix. Certes, car personne n'a envie de mourir. Mais maintenant la guerre s'est déplacée vers le nord du pays. A Alep et Idleb, le Front al- Nosra, dans le nord-est Daech. Une ligne de front précise prend forme", dit le coiffeur. Les habitants de Damas réalisent qu'il est prématuré d'évoquer la fin de la guerre. Bien qu'après le début de la trêve les obus s'abattent moins souvent sur la ville, les services de sécurité continuent à fouiller les véhicules sur tous les points de passage. Au début de l'année en cours, les terroristes sont parvenus à perpétrer une série d'attaques qui ont coûté la vie à quelque 200 civils. Mais la stabilisation de la situation suite à la trêve laisse les Syriens espérer que le règlement est proche. "Grâce à l'aviation russe, beaucoup de combattants ont accepté la trêve. Que faire avec Daech et le Front al-Nosra? Mon village, au nord d'Alep, est toujours occupé par des terroristes. Je pense que votre aviation a sauvé la vie de milliers de soldats syriens. Sans votre soutien depuis les airs, leur tâche sera beaucoup plus complexe", juge un chauffeur de taxi, avant d'ajouter en russe "Spasibo, Rossiya!" (Merci la Russie!). Le 27 février, un cessez-lefeu initié par Moscou et Washington a été instauré en Syrie. Aux termes des accords acceptés par les forces gouvernementales et les principaux groupes d'opposition, la trêve prévoit l'arrêt de toutes les hostilités, à l'exception des frappes contre Daech, le Front al-Nosra et les autres groupes reconnus comme terroristes par le Conseil de sécurité de l'Onu.