Bruxelles a été secouée hier matin par plusieurs attentats terroristes, avec de puissantes explosions à l'aéroport international et dans le métro qui ont fait au moins 26 morts et des dizaines de blessés, selon un bilan provisoire des pompiers, et paralysé la capitale belge. I l y a "11 morts" à l'aéroport de Zaventem et également "une dizaine" à la station de Maalbeek dans le quartier européen "où il y a eu une très grosse explosion dans le métro", a dit un porte-parole des pompiers, ajoutant que "la situation est assez chaotique". Ces attaques ont déclenché un relèvement de l'alerte antiterroriste à son niveau maximal, une fermeture jusqu'à nouvel ordre de l'aéroport international de Bruxelles, de même qu'un renforcement de la sécurit é dans des aéroports à Londres, Paris, Francfort et Copenhague, alors que l'Europe est la cible d'une vague d'attentats terroristes particulièrement meurtriers. Le trafic du métro a également été suspendu à Bruxelles, siège de l'Union européenne comme de l'Otan. Vers 07H00 GMT, deux explosions à l'aéroport international de Bruxelles- Zavantem ont fait au moins 11 morts, selon un bilan des pompiers. Le parquet fédéral avait auparavant évoqué 13 morts et 35 blessés. Une heure plus tard, peu après 08H00 GMT, une explosion a eu lieu dans une station de métro du quartier européen à Bruxelles, à 300 mètres de la Commission européenne, faisant "une dizaine de morts", selon les pompiers. Ces explosions interviennent quatre jours après la capture spectaculaire de Salah Abdeslam, un Français d'origine marocaine, seul survivant du commando auteur des attentats djihadistes du 13 novembre à Paris (130 morts), à Molenbeek, une commune bruxelloise. Des tirs ont été entendus dans le hall des départs de l'aéroport international de Bruxelles, avant qu'une personne ne lance des cris en arabe et que deux explosions retentissent, ont indiqué plusieurs témoins cités par l'agence de presse Belga. Des images retransmises par les médias belges montraient des panaches de fumée s'élevant de l'aéroport. Des personnes ont fui paniquées, abandonnant leurs bagages dans l'aérogare. BRUXELLES PARALYSEE Selon un témoin cité par la radio publique francophone RTBF, les explosions ont eu lieu près d'une porte d'embarquement vers les Etats-Unis, fauchant un grand nombre de personnes. Il a fait état de "beaucoup de gens avec du sang sur eux". Une autre explosion a eu lieu peu après 08H00 GMT dans une station de métro du quartier européen à Bruxelles, faisant "une dizaine de morts" a annoncé un porte-parole des pompiers. De la fumée noire s'échappait de l'entrée de la station Maalbeek située rue de la Loi, non loin des institutions europ éennes, selon des images de la RTBF. Le niveau d'alerte antiterroriste est passé pour l'ensemble de la Belgique à son niveau maximal, le niveau 4, après les explosions à l'aéroport de Bruxelles, a annoncé un porteparole du ministre de l'Intérieur Jan Jambon. L'aéroport de Bruxelles est fermé "jusqu'à nouvel ordre", a confirmé mardi sur son site internet Eurocontrol, l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne et le trafic du métro a été suspendu. L'aéroport n'est plus desservi ni par train ni par bus. L'exploitant a appelé les gens à ne pas s'y rendre. Certains avions déjà en vol ont été déroutés, selon les applications sur les réseaux sociaux suivant l'évolution des vols en temps réel. Cinq vols internationaux à destination de Bruxelles ont été déroutés vers des aéroports français, a-t-on appris auprès de la Direction générale de l'aviation civile française (DGAC). Face à la menace de saturation du réseau de communications mobile, les autorités ont demandé à la population d'éviter d'utiliser les téléphones portables. La sécurité a encore été renforc ée dans les aéroports de Londres-Gatwick, Paris Charles-de-Gaulle, Francfort et Copenhague. Le président du Conseil europ éen Donald Tusk a condamné "les attaques terroristes" à Bruxelles, tandis qu'à Berlin, le ministre de la Justice Heiko Maas évoquait "un jour noir pour l'Europe" et que la France appelait à un renforcement de la lutte antiterroriste. A Moscou, le président Vladimir Poutine a jugé que ces attentats "montrent une nouvelle fois que le terrorisme ne connaît pas de frontières et menace les populations du monde entier". TRAGEDIE POUR LA BELGIQUE Le Premier ministre belge, Charles Michel, a déploré un moment de tragédie, un moment noir pour la Belgique. Nous redoutions un attentat et c'est arrivé, a dit M. Michel décrivant un moment de tragé- die, un moment noir pour ce pays, lors d'une conférence de presse au côté du procureur fédéral belge, après des explosions à l'aéroport international de Zaventem et dans une rame de métro à une station du quartier européen. Le Premier ministre a exhorté la population au calme et à la solidarité après ces deux attentats qui ont fait de nombreux morts, de nombreuses personnes blessées parfois gravement. Notre pays et nos concitoyens ont été frappés par des attentats aveugles violents et lâches et bien sûr nos premiers pens ées sont pour les victimes, a affirmé Charles Michel. Après ces attentats, la sécurité autour des sites nucléaires en Belgique a été renforcée, selon l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN). Les sites nucléaires de Belgique, qui étaient déjà en vigilance accrue, font l'objet de mesures complémentaires. On renforce la vigilance accrue déjà de mise depuis fin 2015, après les attentats de Paris, a indiqué un porteparole de l'AFCN, Sébastien Berg. C'EST TOUTE L'EUROPE QUI EST FRAPPEE Le président français François Hollande a estimé qu'à travers les attentats de Bruxelles, c'est toute l'Europe qui est frappée. L'Europe doit prendre les dispositions indispensables face à la gravité de la menace, a ajouté le président français, soulignant que la France qui a été elle-même attaquée en janvier et novembre dernier y prend toute sa part, selon un communiqué. La France poursuivra de manière implacable la lutte contre le terrorisme, aussi bien sur le plan international qu'intérieur, a ajouté le chef de l'Etat français. Peu avant, son gouvernement avait appelé à un renforcement de la lutte antiterroriste en Europe. L'Europe doit renforcer encore la coordination et la lutte contre le terrorisme, a souligné le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à l'issue d'une réunion d'urgence convoquée par le président Hollande avec les principaux ministres concernés par la sécurité en France. Nous sommes en guerre et face à cette guerre, il faut une mobilisation de tous les instants, a renchéri le Premier ministre Manuel Valls. Pour sa part, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a déploré un jour très triste pour l'Europe après les attaques de Bruxelles qui ont fait au moins 21 morts, lors d'une confé- rence de presse mardi à Amman. C'est un jour très triste pour l'Europe, au moment où l'Europe et sa capitale souffrent de la même douleur que cette région (du Moyen- Orient) a connue et connaît chaque jour, a déclaré Mme Mogherini, visiblement émue, aux côtés du ministre jordanien des Affaires étrangères Nasser Judeh. Nous sommes solidaires non seulement avec la souffrance des victimes, mais aussi dans la réaction à ces actes et la prévention ensemble contre la radicalisation et la violence, a dit Mme Mogherini avant de fondre en larmes. M. Judeh a tenté de consoler la chef de la diplomatie europ éenne en la prenant dans ses bras, avant de quitter les lieux, précipitant ainsi la fin de la conférence de presse. Auparavant, M. Judeh avait condamné fermement des attaques criminelles et terroristes.