Alors que l'enquête sur les attaques du Bataclan et de Saint Denis, revendiquées par l'organisation terroriste Daech, a franchi un nouveau pas avec l'identification d'un complice présumé, Najim Laachraoui, connu sous la fausse identité de Soufiane Kayal, l'onde de choc a transformé la capitale belge en champ de bataille. Des détonateurs ont été découverts lors de la perquisition effectuée mardi 15 mars dans l'appartement de Forest, une commune bruxelloise, duquel Salah Abdeslam était parvenu à s'enfuir et qui a coûté la vie à un autre de ses complices, Mohamed Belkaid. Une kalachnikov, onze chargeurs et « de très nombreuses munitions » ont été récupérés, avait alors détaillé le jour-même le parquet belge dans un communiqué. L'alerte au terrorisme est donc lancée. « Prêt à refaire quelque chose » à Bruxelles a lancé, 2 jours seulement après l'interpellation de Salah Abdeslam dans une autre planque du fief de Molenbeek, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders. Sous le choc des deux attentats « aveugles, violents et lâches » qui ont frappé l'aéroport international, précédés d'une attaque ciblant la station de métro de Maalbeek située à la rue de la Loi, non loin des institutions européennes, la capitale belge s'est réveillée terrorisée et tétanisée. Au moins 26 morts et 35 blessés « parfois gravement », ont été enregistrés. « Ce que nous redoutions est arrivé », a déclaré le Premier ministre belge, Charles Michel, fortement ému, lors de la première conférence de presse tenue à la rue la Loi. Une émotion qui a envahi la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini quittant précipitamment Amman les larmes aux yeux à la fin de la conférence de presse organisée avec le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Judah. « C'est un jour très triste, au moment où l'Europe et sa capitale souffre de la même douleur que cette région (Moyen-Orient) a connue et connaît chaque jour ». Si la piste du kamikaze est évoquée par le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, l'Europe se mobilise pour faire face à une « attaque contre l'Europe démocratique », comme l'a souligné le Premier ministre suédois, Stefan Löfven. Bruxelles frôle la paralysie. « Restez ou vous êtes », a ordonné le centre de crise. « S'il vous plaît, restez à la maison ou à l'intérieur des bâtiments », a de son côté conseillé la commissaire européenne au Budget, Kristalina Georgieva, chargée également des salariés et des questions de sécurité de l'exécutif européen. Le « plan catastrophe » est annoncé par le ministre-président du Gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort. L'aéroport de Bruxelles est fermé « jusqu'à nouvel ordre. Métro, bus, train et tram ne circulent plus. Les réseaux de téléphonie mobile sont fortement perturbés. Il est recommandé de communiquer par SMS et d'éviter des appels, sauf en extrême urgence. L'Europe ébranlée a décrété la vigilance absolue. Des mesures de sécurité draconiennes ont été prises autour de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaule (France), de Gatwick (Grande-Bretagne), de Rotterdam et d'Eindhoven (Pays-Bas) et de Francfort. « La menace terroriste en France est sans doute plus élevée encore qu'en novembre », a estimé le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Autour du président français, François Hollande, une réunion à la quelle devait se joindre le Premier ministre belge, Charles Michel a été convoquée à l'Elysée avec le Premier ministre, Manuel Vall, et les ministres de l'Intérieur et de la Défense Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian. « C'est toute l'Europe qui est frappée », a déclaré le président français appelant au renforcement de la coordination et de la lutte antiterroriste. « Nous sommes en guerre » et « face à cette guerre, il faut une mobilisation de tous les instants », a martelé le Premier ministre, Manuel Valls.