Un haut responsable de la Chambre des communes a demandé jeudi à la ministre britannique à l'Energie de présenter des plans B au cas où la centrale nucléaire Hinkley Point d'EDF n'était pas construite, au moment où critiques et inquiétudes s'accumulent sur ce projet. Mercredi, le patron de la filiale britannique du géant français de l'électricité, Vincent de Rivaz, a répondu aux questions pressantes de la Commission de l'énergie et du changement climatique du Parlement britannique à propos de ce projet visant à construire deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l'Angleterre d'ici à 2025. EDF a signé en octobre 2015 un accord commercial avec son partenaire chinois CGN sur la répartition des parts du financement, mais le groupe français tarde depuis à prendre la décision finale d'investissement, dernière étape avant la mise en œuvre de ce projet de 18 milliards de livres (environ 23 milliards d'euros). M. de Rivaz a affirmé catégoriquement que le projet serait lancé, mais l'expérience à propos d'Hinkley et de l'étranger (où des projets EPR accumulent retards et surcoûts, comme à Flamanville dans la Manche, ndlr) n'incitent pas à la confiance, a écrit Angus MacNeil, président de la Commission parlementaire concernée, dans une lettre adressée à la ministre de l'Energie Amber Rudd. Face au calendrier incertain j'aimerais connaître quels plans de rechange vous avez en réserve au cas où Hinkley Point C ne verrait pas le jour. J'aimerais aussi connaître les coûts induits pour le Royaume-Uni si le projet était annulé, a écrit M. MacNeil, un député du Parti national écossais (SNP), membre de l'opposition au Parti conservateur au pouvoir de Mme Rudd. Hinkley Point C représenterait la première construction de centrale nucléaire dans le pays depuis 20 ans et ces réacteurs fourniraient 7% des besoins britanniques en électricité, à un prix garanti par les autorités publiques. Mais les critiques vis-à-vis du gouvernement, qui soutient bec et ongles ce projet, s'amplifient à mesure que la prise de décision finale prend du retard et que les problèmes des autres réacteurs EPR en construction se font jour. Elles ont redoublé ces dernières semaines après la démission soudaine du directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, qui d'après une source proche d'EDF était en désaccord sur la faisabilité à court terme de Hinkley Point. Mardi, le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron a assuré qu'une décision finale d'investissement serait prise début mai. L'Etat français est actionnaire d'EDF à plus de 84%.