Le pétrole poursuivait sa chute hier matin en Asie à mesure que s'amenuisaient les espoirs des marchés d'assister à un gel concerté de l'offre d'or noir. Vers 03H30 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai reculait de 15 cents à 35,55 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin cédait neuf cents, à 37,60 dollars. Les pays producteurs de brut --membres ou non de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)-- doivent se réunir à Doha le 17 avril pour tenter de stabiliser la production et soutenir les prix du brut pilonnés par une surabondance de l'offre. En mars, les espoirs de voir cette réunion déboucher sur un gel de la production avaient poussé le baril à franchir le seuil des 40 dollars. Mais ces espoirs ont été douchés vendredi par l'Arabie saoudite, poids lourd de l'Opep, qui a dit que le royaume ne gèlerait le niveau de son offre que si les grands producteurs, en premier lieu l'Iran, faisaient de même. Le brut affronte des vents contraires, l'Arabie saoudite hésitant à s'engager sur un gel si l'Iran ne rejoint pas le camp du gel, a commenté Margaret Yang, analyste chez CMC Markets à Singapour. Cela assombrit les perspectives pour les investisseurs quant à ce qu'il faut attendre de la réunion de Doha. L'Iran ne veut pas limiter sa production au moment où il revient sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions liées à son programme nucléaire. Il a annoncé dimanche que les exportations iraniennes avaient dépassé les deux millions de barils par jour. Les cours du brut ont plongé depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, à cause d'une offre excessive que ne parviennent plus à absorber des économies mondiales en plein ralentissement. La veille à la clôture, les cours du pétrole ont encore baissé à New York malgré des tentatives de stabilisation, dans un marché découragé par le manque de motivation manifesté par l'Arabie Saoudite, l'Iran et la Russie pour stabiliser une offre surabondante. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a perdu 1,09 dollar à 35,70 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a perdu 98 cents à 37,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). La baisse des cours, qui fait suite à une dégringolade vendredi, s'est accélérée en fin de séance, une fois enfoncé un niveau de résistance à 35,80 dollars identifié par Bill Baruch, chez iiTrader.com. En cause: le pessimisme sur les résultats à attendre d'une réunion entre grands pays producteurs, membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, prévue dans moins de deux semaines. Les attentes ont changé, l'optimisme relatif sur les chances d'un accord de gel de la production le 17 avril s'évanouit, (car) il est maintenant tout à fait patent que les Saoudiens ne seront pas prêts à s'y conformer seuls, et en tout état de cause sans que l'Iran fasse preuve de bonne volonté, a expliqué Bart Melek, chez TD Securities. Or, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a déclaré dimanche que les exportations pétrolières de son pays dépassaient désormais les 2 millions de barils par jour (mb/j) grâce à la levée des sanctions internationales en janvier. La Russie, également dans le peloton de tête des pays producteurs, n'a rien arrangé en annonçant que sa production avait atteint 10,91 millions de barils par jour en mars, un record depuis près de trente ans. Comme les autres producteurs, les entreprises russes s'accommodent de prix bas en travaillant dur pour maintenir leurs volumes d'extraction, a analysé Tim Evans, chez Citi. Comme c'est le cas depuis plus d'un an et demi, tout le monde veut que tous les autres coupent leur production, mais personne n'est prêt à le faire de soi-même, ironisait Matt Smith, de ClipperData. Les attentes [d'un gel de production] sont en train de s'évanouir, et avec elles la remontée [des cours] qu'elles avaient provoquée, a ajouté M. Melek. Les analystes de Commerzbank précisaient de leur côté que les investisseurs spéculatifs ayant parié sur une hausse des cours dans l'attente d'un accord, qui avaient joué un rôle essentiel pour faire monter les prix entre la mi-février et la mi-mars, vont probablement se retirer vu la situation actuelle. Par ailleurs le recul du dollar semblait enrayé lundi, privant le marché d'un soutien. En effet tout recul du dollar bénéficie aux acheteurs de brut munis d'autres devises, les échanges étant libellés en billets verts. Pour M. Baruch, le dollar a des chances de se renforcer dans les jours qui viennent, notamment après la publication mercredi des minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed). Ce qui, combiné à l'annonce probable d'une nouvelle augmentation des stocks américains le même jour, devrait encore exercer une poussée supplémentaire sur les cours, potentiellement jusqu'à 32,5 dollars le baril, selon lui.