D' aucuns savent que l'Algérie refuse de revenir à l'endettement classique et est donc en train d'examiner les moyens de mobiliser des financements pré- férentiels pour des projets qui génèrent leur propres liquidités (kash flow) tout en s'orientant vers de nouveaux modes de financement de l'économie nationale. Et justement au cours d'une réunion des ministres arabes des Finances avec la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, vendredi dernier à Washington, le ministre des finances, M. Abderrahmane Benkhalfa, a exposé les nouveaux modes de financement de l'économie en Algérie, rendus nécessaires par la baisse des recettes en devises du pays. "L'Algérie, qui a subi une chute importante de ses ressources en devises, s'attelle à changer son mode de financement de l'économie, qui est désormais axé sur la substitution des recettes pétroliè- res par des ressources locales", a-t-il expliqué. "Je suis intervenu à la demande de la directrice générale du FMI pour exposer le processus de maîtrise de la consolidation budg étaire en Algérie qu'elle consid ère comme un exemple en la matière dans la région", a déclaré le ministre. Ce nouveau cap dans le financement de la croissance sera centré sur deux axes importants que sont l'efficience budgétaire pour maîtriser la dépense publique et une forte mobilisation des ressources internes, a résumé M. Benkhalfa. D'ailleurs le ministre des Finances, M. Abderrahmane Benkhalfa a eu également vendredi des discussions avec le Vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI) Luca Lazzaroli, centrées sur le financement des investissements. La rencontre qui s'est tenue en marge de la réunion du FMI a permis à M. Benkhalfa d'évoquer avec Lazzaroli les multiples instruments de financement de l'investissement tels que le partenariat public-privé, les prises de participation et le capital investissement. L'Algérie qui refuse de revenir à l'endettement classique est en train d'examiner les moyens de mobiliser des financements préférentiels pour des projets qui génèrent leurs propres liquidités (kash flow), a-t-on bien expliqué. Le ministre, a par ailleurs, rencontré le Vice-président de la région Mena à la Banque mondiale, M. Hafez Ghanem. Et peu avant la réunion des ministres arabes avec la directrice générale du FMI, le ministre des Finances s'est entretenu avec Ahmed Masood, directeur du département du Moyen-Orient et de l'Asie centrale au FMI. M. Masood a relevé, au cours de cette rencontre, que l'Algérie était le pays le plus stable financi èrement dans la région, et que les actions financières engagées par le gouvernement, dans ce contexte baissier des cours de pétrole, allait soutenir la croissance et renforcer la résilience financière de l'Algérie. M. Benkhalfa a également rencontr é le directeur général de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), Philippe le Houérou, avec lequel il a évoqué la possibilité d'assister l'Algérie dans le domaine des services financiers. Par ailleurs, la Banque mondiale (BM) s'est engagée vendredi à accompagner financièrement les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) dans la reconstruction post-conflit. Cette initiative a été discutée au cours d'une conférence internationale, tenue en marge de la réunion du FMI, et à laquelle ont pris part le ministre des Finances M. Abderrahmane Benkhalfa, les ministres des Finances de la région Mena, le secrétaire géné- ral de l'ONU, M. Ban Ki-moon, et les présidents de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement, Jim Yong Kim et Mohamed Ali Madani. La BM compte à cet effet mettre en place un mécanisme de financement unique pour aider les pays de la région Mena, dont les besoins sont importants en termes de relance et de construction. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, soutenue par les Nations unies et la Banque Islamique de développement, la BM compte mobiliser la communaut é internationale afin de fournir aux pays de la région des financements conséquents pour faire face aux coûts des conflits et à l'instabilité économique. Le mécanisme de financement prévoit des garanties de prêts et d'émission d'obligations spéciales et d'obligations islamiques. Il comporte plusieurs avantages, dont l'accroissement des financements, la réduction des risques d'endettement, et offre la possibilit é à ces pays d'obtenir des prêts à des taux avantageux à l'opposé de ceux auxquels ils peuvent avoir accès auprès des prêteurs privés sur les marchés financiers. Enfin à noter qu'hier samedi, M. Benkhalfa devait participer à une rencontre ministérielle sur la nouvelle stratégie de la Banque mondiale pour la région MENA.