L'euro baissait face au dollar vendredi, dans un marché sans grand élan et peinant à accrocher un cap après un statu quo de la Banque centrale européenne (BCE) et en l'absence d'indicateurs économiques majeurs. L'euro valait 1,1243 dollar contre 1,1288 dollar ce jeudi. La monnaie unique européenne gagnait du terrain face à la devise nippone, à 125,32 yens contre 123,60 yens jeudi soir. Le dollar aussi se reprenait face à la monnaie japonaise, à 111,47 yens contre 109,50 yens la veille. Comme s'y attendaient les observateurs, la BCE n'a rien changé à sa politique, déjà très interventionniste et donc a priori défavorable à l'euro, mais les commentaires du président de l'institution Mario Draghi ont provoqué quelques remous sur le marché. "Le couple euro-dollar a connu des mouvements erratiques jeudi après des remarques prudentes de Mario Draghi sur la croissance en zone euro qui ont fait s'interroger les investisseurs sur la probabilité d'une future intervention de la banque centrale", commentait Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. "Avec des inquiétudes mondiales persistantes qui exposent l'économie européenne à des risques baissiers et des taux d'intérêt qui devraient rester négatifs pour une période prolongée, l'appréciation des perspectives de la zone euro est plutôt baissière", estimait M. Otunuga. La monnaie unique avait nettement grimpé face au dollar pendant la conférence de presse de M. Draghi jeudi, avant de baisser légèrement en fin de journée. L'euro avait en effet rebondi, frôlant 1,14 dollar, après des commentaires de M. Draghi indiquant que l'inflation augmenterait au cours du second semestre pour s'accélérer en 2017 et 2018. Selon Christopher Vecchio, analyste à DailyFx, les propos de M. Draghi ont réduit dans l'esprit des cambistes la probabilité que la BCE accélère ses mesures fin 2016, que ce soit en baissant encore ses taux ou en augmentant ses rachats d'actifs. De plus, le président de la BCE a franchement renvoyé la balle aux gouvernement européens, estimant que son institution en avait assez fait pour l'heure pour soutenir l'économie. Ainsi pour Jeremy Cook, analyste chez World First, l'euro ne devrait pas engranger de gains significatifs tant que les données sur l'économie de la zone euro ne le justifient pas. "L'élément à retenir est qu'il est peu probable que la direction de l'euro face au dollar soit déterminée par la BCE", estimait Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ. Les décisions et commentaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont plus d'impact sur les mouvements des devises. Ainsi, les cambistes se focalisaient désormais sur les Etats-Unis, où la banque centrale américaine doit se réunir la semaine prochaine. Là non plus, les observateurs ne s'attendent pas à des changements de politique monétaire, et comme la Fed est engagée sur un chemin inverse à la BCE après avoir relevé ses taux en décembre, pour la première fois en près de dix ans, son immobilisme est plutôt de nature à freiner le dollar.