Une feuille de route pour 2016-2020 et la déclaration de Sotchi : voici le bilan du sommet Russie-ASEAN qui s'est achevé le 20 mai à Sotchi. Les documents ont été signés par 11 pays, dont la Russie et les membres de l'ASEAN, ainsi ils sont une invitation à agir et devraient porter la collaboration à un niveau stratégique supérieur. Les partenaires s'engagent à renforcer les contacts sur la base des principes d'égalité, du profit mutuel et de la responsabilité commune. La déclaration "Vers un partenariat stratégique mutuellement avantageux" est constituée de plusieurs chapitres dont "Le renforcement du partenariat dialogué", "La coopération dans les domaines politique et de sécurité", "La collaboration économique" ainsi que "L'interaction culturelle". La réalisation des prescriptions des documents signés sera faite annuellement. Il est également souligné, dans la Déclaration de Sotchi, que l'ASEAN va étudier la proposition de la Russie de créer une zone de libre-échange avec l'Union économique eurasiatique. Pour rappel, Vladimir Poutine avait émis une telle proposition vendredi 20 mai 2016. En répondant à la question de Sputnik, V. Poutine avait déclaré que les pays engagés dans les négociations s'entendaient très bien. "Il n'y avait aucun désaccord. Il y avait une compréhension absolue des objectifs qu'on s'est fixés et une compréhension de comment relever ces défis"", a assuré Vladimir Poutine. Le président du Conseil consultatif d'affaires de l'ASEAN Oudet Souvannavong espère que la réalisation des accords trouvés lors du sommet à Sotchi ne tardera pas. "Si nous arrivons à mettre en place toutes les conditions pour le milieu des affaires et pour l'accès au marché russe, rendre la coopération plus efficace, nous pourrons atteindre un niveau de compétitivité très élevé". L'ensemble des pays de l'ASEAN représente la troisième économie mondiale. Cette région, malgré la récession mondiale, est marquée par une croissance progressive. Il n'est pas étonnant que plusieurs pays cherchent à nouer des liens plus étroits avec l'ASEAN. En février 2016, les Etats-Unis ont discuté avec l'Association dans le cadre d'un sommet. Un évènement pareil sera bientôt organisé par la Chine. Mais de l'avis du ministre russe du Développement économique Alexeï Oulioukaïev, cela ne menace pas l'approfondissement des relations entre l'ASEAN et la Russie. "Notre particularité par rapport à la Chine et aux USA c'est que nous la Russie nous représentons à ces pourparlers l'Union économique eurasiatique qui est une structure puissante. Elle est géographiquement proche des pays de l'ASEAN et permet de bénéficier du transit comme par exemple dans la relation UE-ASEAN. Voilà pourquoi nous prêtons plus d'attention au développement des projets d'infrastructure et des bases de l'approfondissement des relations économiques". Le sommet Russie-ASEAN qui vient de s'achever à Sotchi est, selon les experts, un évènement d'une part symbolique qui marque les 20 ans de la coopération entre les Etats. D'autre part, c'est un signe de revirement de Moscou plus poussé à l'Est. Sergueï Katyrine, président de la Chambre de commerce et d'industrie russe, le commentait pour Sputnik. "Nous ne voudrions pas opposer l'ASEAN à l'Europe. Mais à la différence de relations commerciales avec l'UE, les USA et d'autres pays, les liens avec l'ASEAN sont illimités. Le spectrum des intérêts mutuels est très large: le nucléaire, l'infrastructure, l'agriculture et la médecine. Notre histoire commune est aussi un facteur important. Nos collègues se souviennent de la collaboration avec l'URSS et beaucoup nous font plus confiance parfois qu'à d'autres régions. C'est notre avantage". Les sanctions occidentales imposées contre la Russie sont non seulement contreproductives mais n'ont plus de sens. Le bas-fond est déjà passé, indiquent les responsables politiques russes. Le ministre du Développement économique A. Oulioukaïev s'est penché sur le sujet lors du sommet de l'ASEAN en Russie. "Je crois que notre économie s'est déjà complétement adaptée aux sanctions. Il y aurait peu de chances que nos collègues européens se distinguent par le rationalisme et la responsabilité. Evidemment tant que les sanctions existent, les contre-sanctions perdurent. Ce n'est pas notre choix et nous n'évoquons pas ce thème lors des négociations à la différence de nos collègues européens". Le revirement à l'Est va donc bon train. Mais comme l'a souligné le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, la position géopolitique de la Russie est unique, elle est "une puissance eurasiatique" et ne peut donc pas être tournée vers une seule direction. Mais à l'heure actuelle la dynamique est telle que les échanges avec l'Europe ont diminué de plus de 30% alors qu'avec les pays asiatiques et notamment ceux de l'ASEAN ils ne cessent d'augmenter.