L'équipe de France a lancé son Euro par une victoire arrachée en toute fin de match face à la Roumanie (2-1), vendredi au Stade de France. Au niveau comptable, c'est l'idéal. Concernant le jeu et l'expression collective, les Bleus ont du pain sur la planche. Mais ils vont pouvoir travailler avec le sourire. Seule la victoire est belle Trois points. Et un sacré soulagement. Parce que ce fut brouillon. Très longtemps. Un peu débordés émotionnellement au coup d'envoi, les Tricolores se sont libérés de ce fardeau assez rapidement. Mais ils ont peiné à se hisser à la hauteur de l'événement, surtout durant le premier acte. Si les joueurs de Didier Deschamps - alignés dans un 4-3-3 qui a parfois mué en un 4-4-2 assez flou quand Griezmann est venu roder autour de Giroud - ont peiné comme rarement ces derniers temps, c'est aussi de la faute de la Roumanie. Son organisation et son pressing ont été un caillou dans la chaussure bleue. Parce que les techniciens français, Payet mis à part, ont plus que de raison buté sur ce mur qui n'avait rien d'un autobus. Ce n'est pas pour rien que la troupe de Iordanescu n'a pris que deux buts durant les qualifications. Heureusement, il y avait Payet. A la décharge de Pogba and co., le milieu n'a pas été beaucoup aidé par une arrière-garde incapable de créer le moins décalage au niveau de la relance.
Payet avait la clé, Pogba et Griezmann sont passés à côté Dimitri Payet est revenu en équipe de France en mars. Il en est déjà un incontournable. Vendredi soir, le Réunionnais a été le meilleur sur le terrain. Et de loin. Des gestes d'un talent rare, une passe décisive et un but monumental ont sauvé la patrie. On attendait aussi Paul Pogba. Il a vite disparu et n'a même pas fini la partie, remplacé par Anthony Martial. Quid d'Antoine Griezmann ? Sans doute un peu juste, il a baissé de pied après avoir touché le poteau (15e) et repris un centre de Payet, toujours lui, à côté (36e). Il fut d'ailleurs le premier joueur remplacé par DD (66e). N'Golo Kanté a abattu un sacré boulot à un poste de sentinelle qui n'est pas le sien mais qu'il apprivoise d'une manière bluffante. Constat bien plus mitigé pour la défense tricolore qui n'a pas rassuré, notamment son côté droit où, de la ligne à l'axe, il y a eu quelques trous d'airs qui auraient pu coûter cher. A gauche ? Pas beaucoup mieux pour Patrice Evra. Le joueur de la Juve a souffert et même concédé le penalty égalisateur. En pointe, Olivier Giroud a réalisé un vrai match d'avant-centre. Du combat, un but et, aussi, de la frustration.
Ce qui aurait pu tout changer : Et si Lloris n'avait pas réussi cet arrêt de folie… Hugo Lloris n'aura pas eu besoin de beaucoup de temps pour se mettre en évidence. Quatre minutes et un arrêt à bout portant sur une reprise de Stancu. On se demande encore comment le capitaine des Bleus est allé la chercher celle-là. Monumental et salvateur.
Le costume du héros, Payet n'en veut pas Sauveur des Bleus grâce à un but exceptionnel inscrit en toute fin de rencontre vendredi face à la Roumanie (2-1), Dimitri Payet ne veut pas s'enflammer. Quoi qu'il arrive, la scène restera comme l'un des moments forts de cet Euro. 88e minute vendredi : Dimitri Payet vient d'inscrire un but monumental qui offre la victoire à la France face à la Roumanie (2-1) pour son entrée en lice dans la compétition. Dans la foulée, Didier Deschamps décide de faire sortir son attaquant, en larmes. "J'ai pris la décision de le remplacer après son but, avoua le sélectionneur des Bleus après la rencontre. Ses larmes ont reflété l'émotion qu'il y avait autour de ce match. C'est d'ailleurs un peu ce que l'on a payé. Dimitri revient de très loin. Je vais le mettre dans le frigo en attendant les prochains matches comme ça plus rien ne peut lui arriver (rires)." C'est presque une habitude pour le joueur d'inscrire ses buts en fin de match. Trois de ses quatre buts en bleu ont été inscrits à une minute de la fin du temps réglementaire. Le Réunionais a sorti les Bleus d'une première défaillance. Pendant toute la rencontre, l'équipe de France s'est heurté à un bloc roumain très haut sur le terrain, ce qui n'était pas vraiment attendu. Le joueur de West Ham, élu homme du match, n'a jamais cessé de tenter d'apporter le décalage. C'est d'ailleurs lui qui a centré sur le but d'Olivier Giroud. "Si quelqu'un m'avait dit que ça se passerait comme ça ce soir, je ne l'aurais pas cru, souriait Dimitri Payet en zone mixte après la rencontre. Cette émotion est sortie sur le but." Pas question pourtant de se voir déjà plus haut qu'il ne l'est. "Je ne veux pas être un héros. On me demande d'être décisif, c'est ce que je veux être. Que je marque à la 14e ou à la 80e, c'est pareil pour moi." Dimitri Payet est le 1er joueur de l'équipe de France à marquer un but et délivrer une passe décisive lors d'un match de l'EURO depuis Thierry Henry face à la République tchèque en 2000. Patrice Evra est même allé plus loin en demandant aux journalistes de ne pas en faire trop après la prestation de son coéquipier. Le latéral gauche a pris comme exemple Paul Pogba et Antoine Griezmann, placés comme leaders de l'équipe de France et qui n'ont pas sû se montrer au niveau de la compétition vendredi. "Je vous en supplie, il ne faut pas s'enflammer avec Dimitri. Vous l'avez déjà fait avec La Pioche (Pogba) et Grizou (Griezmann). La star de l'équipe, c'est l'équipe elle-même. Je chambre souvent Dimitri avec son match face à l'Albanie l'année dernière avant de partir en vacances, mais je lui ai dit que s'il voulait devenir un joueur important en équipe de France, il fallait qu'il ait le même rendement qu'avec West Ham. Il n'aurait alors qu'à lever le doigt." Il est quand même difficile de ne pas au minimum s'enthousiasmer après la prestation du Réunionnais. Pour aller loin dans une compétition internationale, il faut un joueur capable de porter sa nation vers le haut. Dimitri Payet a le profil idéal en équipe de France. Surtout, cela va peut-être permettre d'enlever un peu de pression à Antoine Griezmann et Paul Pogba, deux joueurs très attendus. "On va mettre ce match de côté, reprenait Patrice Evra. Je pense qu'on va être plus libéré face à l'Albanie mercredi." Les prochains matches vont tout de même être importants pour l'ancien nantais. Ses coéquipiers vont s'appuyer encore un peu plus sur lui et chaque ballon qu'il touchera sera encore un peu plus décortiqué. "Il amène de la confiance à l'équipe, expliquait Bacary Sagna. Il y a plus de fluidité quand il est là. C'est un joueur doué naturellement donc je ne suis pas surpris de le voir à ce niveau." "Le but de Dimitri est extraordinaire, commentait à son tour Kingsley Coman. On a gagné grâce à lui. On l'a remercié, on l'a félicité." Ils n'ont pas été les seuls à le féliciter. Toute la France n'a de mots que pour Dimitri Payet ce samedi.
Payet après: "Si on m'avait dit ça il y a un an…" Emu aux larmes à sa sortie, Dimitri Payet a vécu une soirée pas comme les autres, vendredi face à la Roumanie (2-1). Le milieu de terrain de l'équipe de France a été géant et, après le match, n'a pas manqué de mesurer le chemin parcouru ces derniers mois. Il n'avait pas encore franchi le rond central. La clameur s'était à peine élevée des travées du Stade de France. Pourtant, Dimitri Payet était déjà en larmes. Vendredi soir, l'international français a vécu un moment de grâce qu'il n'oubliera jamais. Parce qu'aussi immense que rare. Il en avait toujours rêvé, même quand les Bleus n'étaient qu'un lointain songe après avoir ressemblé à un cauchemar. Face à la Roumanie (2-1), il a été récompensé de son talent et son abnégation.