Cette semaine, des militants anti-esclavagistes ont été arrêtés en Mauritanie après des heurts dans un bidonville de Nouakchott entre manifestants en colère et policiers, selon des sources officielles et auprès de défenseurs des droits de l'Homme. D'après divers témoignages rapportés par la télévision publique mauritanienne, les heurts se sont produits mercredi lors d'une opération, encadrée par la police, visant à déplacer les habitants d'un bidonville du quartier de Ksar (ouest de la capitale) qui, selon les autorités, étaient installés illégalement sur des terrains privés. Des manifestants en colère ont affronté à coups d'armes blanches, de gourdins et de pierres les forces de l'ordre, qui ont enregistré dans leurs rangs sept à huit blessés, a affirmé la chaîne, qui a diffusé vendredi soir des images de véhicules de police cassés ou incendiés, des traces de pneus brûlés sur la chaussée et des policiers blessés. Les meneurs de ces actes de violences ont été arrêtés sur les lieux des affrontements, a déclaré le gouverneur de Nouakchott-Ouest, Mahi Ould Hamed. Parmi les personnes interpellées figurent cinq dirigeants et militants de l'IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, une ONG anti-esclavagiste), a-t-il précisé. L'IRA a protesté par voie de communiqué contre l'arrestation de ses militants, dont un de ses vice-présidents, Amadou Tidjane Diop et le responsable d'une des sections à Nouakchott, Abdellahi Matalla Saleck. Dans un communiqué distinct, l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Amnesty International évoque l'arrestation de cinq militants de l'IRA entre jeudi et vendredi et réclame leur libération. La Mauritanie doit immédiatement et sans condition libérer les militants anti-esclavagistes et arrêter de les soumettre constamment à des harcèlements et intimidations, déclare Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, cité dans le texte. L'IRA dénonce quant à elle un acte d'intimidation visant les communautés noires en Mauritanie, dont les Haratines, descendants d'esclaves maures. Les Haratines sont la composante noire des Maures, majoritaires en Mauritanie. L'esclavage a officiellement été aboli en 1981 dans le pays mais certaines de ces pratiques y perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l'IRA. Selon cette ONG, les familles concernées par le déplacement du bidonville de Ksar sont toutes de la communauté haratine. Au terme d'un accord avec les propriétaires des terrains, elles devaient être réinstallées sur des parcelles offertes par l'Etat, d'après la télévision publique.