L'application, depuis ce 1er janvier 2008, du nouveau ratio de solvabilité européen par les banques européennes met la pression sur le système bancaire africain, très dépendant de l'Europe. L'une des premières conséquences de l'application des règles de Bâle II dans la zone de l'UEMOA sera, à terme, de voir le coût de crédit baisser considérablement pour les PME-MPI, explique un comanager d'un cabinet de notation basé à Dakar : "Actuellement, les garanties bancaires exigées sont souvent inabordables pour ces agents économiques qui devront aussi faire face à des taux de rémunération de 10% en moyenne contre 3% dans les pays de l'Union européenne". Vu sous cet angle, la petite et moyenne entreprise a tout à gagner. D'autant que Bâle II recommande un traitement différencié des risques entre grandes entreprises et PME-PMI : "la pondération du risque affecté aux avances accordées aux PME est plus faible que celle des grands comptes", conclut l'expert. Une conclusion à nuancer, selon cet auditeur senior du cabinet Pricewaterhouse, de passage à Casablanca, pour qui le coût dépendra avant tout du degré de risque de l'emprunteur. "C'est l'essence même des établissements de crédit. L'avantage supposé pour les PME est relatif, à cause de l'exigence imposée aux banques par rapport au niveau de couverture des fonds propres qui fondent le premier chantier de Bâle II". Appliqué au champ bancaire africain, Bâle II devrait servir de catalyseur à un inévitable processus de consolidation du système bancaire des différents espaces monétaires du continent. Pour converger vers Bâle II, les banques doivent satisfaire à trois obligations : l'exigence des fonds propres, la procédure de surveillance de la gestion des fonds propres et la transparence dans la communication. Aux traditionnelles méthodes de gestion des risques crédits et des risques de marché (les seuls à être pris en compte par le ratio Cooke, mis en place en 1988), Bâle II ajoute les risques opérationnels. Le ratio Cooke qui faisait autorité depuis quinze ans et qui se limitait aux deux premières catégories de risques va céder la place au ratio Mac Donough. La mise en place effective de ces nouveaux ratios de solvabilité concernera, dès le 1er janvier 2008, une centaine de pays dont le Nigeria. Entamé en 2007, le basculement dans l'étape standard sera effectif au Maroc à partir de mars 2008. Dans cette première étape, la notation sera fixée par la banque centrale. L'impact sur le marché du crédit ne sera palpable que vers 2009-2010, quand le Maroc passera à la phase avancée de Bâle II. "Il y aura dans cette phase avancée un impact fondamental au niveau des coûts des fonds propres, ce qui se répercutera sur le client", avance le responsable de la cellule Bale II de l'une des principales banques marocaines. Dans le processus avancé, les banques seront plus libres au niveau du scoring à appliquer. Les coefficients appliqués refléteront le degré de développement de chaque banque. Autre conséquence de Bâle II, les banques et les établissements de crédit seront notés globalement par les agences Fitch et Moodys.