Après s'être rapidement remise du choc du "Brexit", la Bourse de New York, déjà relancée par d'excellents chiffres sur l'emploi, espère trouver dans les premiers résultats d'entreprises la justification de ses hauts niveaux actuels. Au cours d'une semaine écourtée par le 4 Juillet férié, en l'honneur de la fête nationale, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 1,10% à 18 146,74 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,94%, à 4 956,76 points. L'indice élargi S&P 500 a progressé de 1,28% à 2 129,90 points, l'essentiel de la progression ayant été réalisée vendredi. Pour Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors, "on commence à se détacher de toute l'attention suscitée par le +Brexit+", le vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne du 23 juin, qui en début de semaine encore avait semé le trouble sur les marchés mondiaux, Wall Street comprise. "Maintenant, on va s'intéresser aux résultats d'entreprise", dont la saison s'ouvre lundi soir avec ceux du géant de l'aluminium et des métaux composites Alcoa. "Les résultats vont nous donner la première lecture en direct de (l'économie du) deuxième trimestre", a souligné Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, soulignant que "le deuxième trimestre doit vraiment montrer un rebond pour qu'on puisse imaginer une croissance annuelle entre 2% et 2,5%". Jeudi et vendredi, une poignée de grandes banques, JP Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo livreront à leur tour leurs performances du deuxième trimestre, et "on s'attend à ce qu'elles aient de meilleurs résultats dans le courtage en nom propre", a précisé M. Johnson. Pour l'ensemble des entreprises d'ailleurs, les investisseurs espèrent dans l'ensemble de meilleurs résultats, qui pourraient faire battre de nouveaux records à la Bourse. Le S&P est déjà à un cheveu - moins d'un point - de son plus haut niveau de clôture, atteint en mai 2015.
Chocs externes "Beaucoup de gens sont surpris par la solidité actuelle du marché", a relevé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management, estimant qu'il était du coup vulnérable à de mauvaises surprises. "Si on voit des avertissements sur résultats très négatifs cela pourrait le faire baisser", a-t-il dit, tout en assurant "ne rien voir qui puisse faire lourdement chuter" la semaine prochaine. En tout état de cause, les résultats joueront plus le rôle d'un rétroviseur, dressant un tableau des mois écoulés, que celui d'une longue vue permettant de deviner les mois à venir. "Normalement on guette les prévisions (d'entreprises) avec impatience, mais là, les chefs d'entreprises vont les faire sans (..) visibilité", ce qui leur fait perdre de leur intérêt, a déclaré M. Volokhine. D'ailleurs, même mauvais, les résultats du premier trimestre n'avaient guère eu d'impact sur les indices. "Ce sont les chocs externes qui ont fait bouger les marchés, et là on peut se dire aussi que la semaine prochaine des tas de statistiques en Chine seront à la limite plus importantes que les statistiques financières américaines", a ajouté M. Volokhine. M. Cahill a souligné qu'il surveillerait de particulièrement près les chiffres chinois sur le crédit, sur le commerce extérieur et sur la croissance économique du deuxième trimestre. Côté américain, il épluchera mercredi le Livre Beige de la Réserve fédérale, qui fournit une étude de l'activité dans le pays, puis les prix à la production jeudi, et surtout les ventes de détail vendredi. En revanche, ces investisseurs n'attendent plus beaucoup de remous du côté de l'Europe, car "la conviction c'est que le Brexit ne va pas avoir d'impact significatif sur les résultats d'entreprises" américaines, comme l'a souligné M. Johnson. Désormais, la principale inquiétude lancinante est liée à la fragilité des banques italiennes". A la différence du Brexit, qui devrait prendre des mois ou des années à entrer dans les faits, "c'est un problème d'aujourd'hui, même si c'est un problème lointain", a noté M. Volokhine.
Relancée par l'emploi américain Wall Street a fortement monté vendredi, les investisseurs mettant fin à une période hésitante à la faveur de chiffres bien meilleurs que prévu sur l'emploi américain en juin: le Dow Jones a gagné 1,40% et le Nasdaq 1,64%. "Les chiffres de l'emploi de ce matin ont joué un grand rôle", a résumé Michael James, de Wedbush Securities. "Non seulement ils étaient bien supérieurs aux attentes, mais ils ont permis de faire oublier les inquiétudes liées aux chiffres du mois précédent." Les Etats-Unis ont connu un spectaculaire rebond de leurs créations d'emplois en juin, selon un rapport publié par le département du Travail, dissipant les craintes sur la solidité du marché du travail américain, qui avaient tétanisé les marchés à la suite de mauvais chiffres en mai. "Cela a donné le feu vert pour passer à l'achat", Wall Street ayant manqué de conviction depuis la fin de semaine précédente, a insisté M. James. Certes, le taux de chômage s'est légèrement accru, mais c'est avant tout parce qu'un plus grand nombre d'Américains se sont remis à chercher du travail. Ce rapport constitue "manifestement le signe que l'économie va mieux que beaucoup de gens ne le pensaient", a jugé Bill Lynch, de Hinsdale Associates. "Il n'y a probablement aucun risque de récession cette année." Même si des détails semblaient moins engageants, comme le fait que les chiffres de mai aient été révisés pour se révéler encore pires qu'initialement annoncés, certains observateurs estimaient que cela conduirait surtout la Réserve fédérale (Fed) à ne pas relever rapidement ses taux et donc à maintenir un soutien conséquent aux investisseurs. D'un point de vue plus spécifique, "les valeurs liées à la consommation ont été particulièrement en forme", a remarqué M. James, y voyant à la fois l'effet des chiffres sur l'emploi et de bons résultats de la chaîne de magasins de vêtements Gap. "Cela a permis de relancer beaucoup de valeurs du secteur, qui enregistraient de mauvaises performances depuis le début de l'année et surtout le mois dernier", a conclu M. James.
Polycom monte Parmi les valeurs, Gap a pris 4,95% à 22,70 dollars après avoir annoncé une hausse de ses ventes à périmètre comparable en juin, à l'aide d'une excellente performance de sa marque Old Navy. Le groupe informatique Barracuda Networks, spécialiste de la sécurité du stockage en ligne, a bondi de 18,83% à 18,43 dollars après avoir fait état d'une forte hausse de ses ventes trimestrielles, qui lui a permis de revenir dans le vert. Polycom, spécialiste des téléconférences, a avancé de 12,70% à 12,25 dollars après avoir rompu l'accord prévoyant son rachat par la société canadienne Mitel pour accepter l'offre, plus intéressante, de la société d'investissement Siris. Le laboratoire biotechnologique Juno Therapeutics s'est effondré de 31,87% à 27,81 dollars après avoir annoncé le décès, survenu la semaine dernière, de deux patients lors de tests cliniques d'un traitement expérimental contre la leucémie. Un autre était décédé en mai.
La place tokyoïte aligne une 4e séance dans le rouge L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a chuté de 1,11% vendredi, sa quatrième séance de suite dans le rouge, victime de la remontée du yen et d'autres éléments négatifs découlant des craintes liées au Brexit. A l'issue des transactions, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a lâché 169,26 points à 15 106,98 points, bien qu'ayant ouvert en hausse. Il a cédé 3,67% sur l'ensemble de la semaine. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu pour sa part 1,32% vendredi (-16,21 points) à 1.209,88 points. La séance a été assez peu active, avec 1,84 milliard de titres échangés sur le premier marché.
Nintendo flambe Sur les 225 composantes du Nikkei, 187 ont fléchi, et seulement 30 ont augmenté, les autres ont stagné. L'action du pionnier japonais des jeux vidéo Nintendo s'est distinguée par une envolée de près de 9% grâce au très bon démarrage de l'application Pokemon Go pour smartphones. Le titre a pris jusqu'à 11,6% en début de journée, avant de tempérer ses ardeurs et de finir à 16 270 yens (+8,93%). Toshiba a lâché 1,06% à 269,50 yens. L'action était dans les radars en raison d'un article en une du Nikkei indiquant que les trois ex-dirigeants à l'origine d'un scandale de comptes ne seront sans doute pas traduits en justice dans l'immédiat. Hitachi, qui œuvre dans les mêmes domaines que Toshiba, a de son côté gagné 0,05% à 403,30 yens. Le groupe diversifié avait annoncé jeudi qu'il allait s'associer à Japan Atomic Power Company pour la construction d'une centrale nucléaire en Grande-Bretagne, site dont la mise en exploitation est prévue en 2020. Parmi les traditionnelles valeurs vedettes, la tendance était globalement négative: le constructeur d'automobiles Toyota a perdu 0,35% à 5 055 yens, Nissan 0,73% à 918,90 yens et Mitsubishi Motors 1,78% à 442 yens. Dans le secteur de l'électronique, Sony, qui a pourtant plutôt les faveurs des acheteurs ces derniers temps, a cédé 0,69% à 3 013 yens et Panasonic 0,29% à 863 yens.