Le Brexit, le pétrole ou la Réserve fédérale (Fed), qui se réunit la semaine prochaine: les incertitudes s'accumulent à Wall Street et risquent de continuer à la bloquer dès qu'elle s'approche de nouveaux records, pourtant guère éloignés. Depuis le week-end précédent, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 0,33% à 17 865,34 points alors que le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 0,97%, à 4 894,55 points. L'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,15%, à 2 096,07 points. "S'il y a une chose à dire sur cette semaine, c'est que l'incertitude s'installe peu à peu sur le devant de la scène", a résumé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. "Cela se produit à un moment où la Bourse est à un niveau élevé et cette incertitude donne aux investisseurs un prétexte pour récupérer des liquidités". Le S&P 500, souvent considéré comme l'indice le plus représentatif, est ainsi passé à moins d'une quinzaine de points de son record de clôture, sans que les investisseurs paraissent prêts à franchir le pas face aux multiples inconnues du mois de juin. D'abord, les marchés se demandent ce qui sortira de la prochaine réunion de la Réserve fédérale (Fed), prévue mardi et mercredi, même si l'hypothèse d'une hausse des taux, a priori néfaste aux investissements, semble peu probable dans l'immédiat. "Bien sûr, on a pris connaissance la semaine dernière de chiffres de l'emploi décevants, qui ont largement refroidi les spéculations sur une hausse des taux ce mois-ci... Mais auparavant, la majorité des responsables de la Fed avaient prévenu que l'état des statistiques justifierait une telle hausse à court terme", a nuancé Michael James, de Wedbush Securities. Dans ce contexte, les investisseurs attendront surtout le communiqué de la Fed et la conférence de presse de sa présidente, Janet Yellen, pour jauger à quel point ces chiffres décevants, qui concernaient l'emploi de mai, remettent en cause l'idée d'un resserrement monétaire avant la fin de l'été.
Immobilisme "La Fed, c'est un gros problème parce qu'elle dit +Notre future décision sur les taux, elle dépend des statistiques+... Mais il n'y a plus un chiffre qui ne va pas être sur-interprété", a regretté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Service, remarquant que les indicateurs hebdomadaires sur le chômage étaient beaucoup plus favorables que le rapport sur mai. "Tous les jours, on peut trouver une chose et son opposé", a-t-il insisté. "Cela rend le processus d'investissement difficile et c'est pour cela que (...) les volumes d'échanges sont extrêmement faibles". Plus encore que la décision de la Fed, c'est la perspective pourtant plus lointaine du référendum britannique du 23 juin, sur une éventuelle sortie de l'Union européenne (UE) - un "Brexit" -, qui contribue à l'incertitude générale et semble avoir brusquement obnubilé les investisseurs à Wall Street. "Les Américains, il y a encore un mois, pour eux, le Brexit, c'était un plat exotique, ils ne savaient pas ce que c'était!", a ironisé M. Volokhine. "Maintenant, ce qu'ils savent, c'est qu'on ne peut pas le modéliser: comment peut-on modéliser un événement qui n'est jamais arrivé ? On ne peut pas s'en prémunir. Donc on ne fait rien". De concert avec les politiques très interventionnistes des banques centrales, notamment dans la zone euro et au Japon, le risque de Brexit a contribué à faire bondir les marchés de la dette publique, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. "J'entends dire que si les Britanniques décident de quitter l'UE, cela fera chuter les Bourses européennes comme britannique et cela se transmettra aux autres places mondiales", a rapporté M. Johnson. "Franchement, je pense que c'est le sujet le plus important". Enfin, il remarquait que "les cours du pétrole et des matières premières sont revenus au centre de l'attention" et contribuent au flottement général par leurs fluctuations erratiques. Le marché pétrolier, sur lequel les investisseurs cherchent toujours à déterminer les chances d'une réduction durable de la surabondance d'or noir, s'est brusquement replié en fin de semaine après avoir évolué au plus haut depuis près d'un an lors des précédentes séances.
Fiscaliste en vogue Sur le front des valeurs, Twitter a chuté de 3,97% à 14,02 dollars. Le réseau social a annoncé jeudi soir que des cyber-pirates avaient mis en vente sur internet des dizaines de millions d'identifiants et de mots de passe, tout en assurant que ces données ne provenaient pas d'une attaque contre ses systèmes informatiques. Le groupe pharmaceutique Merck va payer jusqu'à 1,25 milliard de dollars pour racheter la société biotech Afferent Pharmaceuticals, dont la molécule vedette vise à traiter la toux chronique. Il a cédé 0,65% à 56,81 dollars. L'équipementier médical Medtronic a perdu juste 0,09% à 85,70 dollars en dépit d'une victoire judiciaire contre le fisc américain qui lui réclamait 1,4 milliard de dollars. La chaîne d'habillement Urban Outfitters a plongé de 5,76% à 26,32 dollars après avoir annoncé qu'elle tablait sur une chute d'environ 5% de ses ventes trimestrielles à périmètre constant, alors que les analystes s'attendaient jusqu'à présent à une progression. En revanche la société de services comptables et fiscaux H&R Block s'est envolée de 12,49% à 24,23 dollars après des résultats trimestriels un peu meilleurs que prévu et une augmentation de son dividende.
Tokyo termine en baisse L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a fini en baisse de 0,40% vendredi, sur un marché en manque de catalyseur pour prendre une direction claire. A l'issue des échanges, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a cédé 67,05 points à 16 601,36 points. Il a reflué de 0,25% sur l'ensemble de la semaine. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu 0,50% (-6,69 points) à 1 330,72 points. La séance a été assez active, avec 2,2 milliards de titres échangés sur le premier marché. Du côté des changes, le dollar était stable par rapport à son cours de la veille à la fermeture, à 107,10 yens, après avoir baissé davantage dans la nuit. L'euro est revenu à 121,00 yens après avoir connu un plus bas en 3 ans et 2 mois à 120,33 yens à New York. "Du fait du repli de la Bourse de Wall Street et de la faiblesse des cours du pétrole, les facteurs extérieurs n'aident pas à soutenir les actions japonaises", a remarqué Juichi Wako de Nomura Holdings, cité par l'agence Bloomberg. Wall Street a légèrement baissé jeudi à l'issue d'une séance pendant laquelle le manque d'actualité, à part un bon chiffre sur le chômage américain, a conduit les investisseurs à l'immobilisme. Cette position attentiste est d'autant plus marquée qu'auront lieu la semaine prochaine les réunions des comités de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque du Japon (BoJ). Sur les 225 composantes du Nikkei, 165 ont baissé, 53 augmenté et 7 stagné.
Pétrole et métaux plombent la cote Ont notamment été malmenées les entreprises pétrolières, les cours de l'or noir ayant continué vendredi de céder du terrain en Asie. JX Holdings a perdu 2,92% à 432 yens et Inpex 2,91% pour finir à 884 yens. Les sidérurgistes étaient aussi délaissées, avec un repli de 3,14% à 1 421 yens pour JFE Holdings et -2,47% à 2.055,50 yens pour Nippon Steel & Sumitomo Metals. Dans les autres secteurs, le tableau était contrasté, avec un recul de 0,75% à 3.051 yens pour Sony et -0,72% à 137 yens pour Sharp, ce même si un responsable de l'agence Standard & Poor's a tenu des propos plutôt positifs sur ces deux sociétés, selon l'agence Bloomberg. Dans le domaine de l'automobile, si Toyota a pris 0,43% à 5 627 yens et Nissan 0,19% à 1 053 yens, Honda a en revanche cédé 0,09% à 2 890,50 yens. L'une des chutes les plus remarquées est Rakuten (-3,68% à 1 127 yens) alors que le groupe a en creux avoué cette semaine des difficultés sur les marchés étrangers où il va fermer des galeries marchandes en ligne. Yahoo Japan a aussi baissé, mais dans de moindres proportions (-0,77% à 513 yens). Une nouvelle société du monde de l'internet doit faire son entrée mi-juillet à la Bourse de Tokyo, Line, qui gère le réseau social éponyme, le plus populaire au Japon. Par ailleurs, Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a baissé de 0,63% à 423,80 yens en dépit de la volonté de la direction de rassurer les marchés via une série de présentations des ambitions des différentes divisions du groupe qui met notamment l'accent sur son avion régional MRJ. Du côté des banques, Mitsubishi UFJ Financial Group a gagné 0,27%, malgré un contexte défavorable, peut-être grâce à un article en une du quotidien japonais Asahi selon lequel le groupe financier a dans ses tiroirs un projet de monnaie virtuelle. Il pourrait couper l'herbe sous le pied du Bitcoin, pas populaire au Japon où un cadre réglementaire vient d'être défini pour nouveau type de moyen de paiement.