Après une semaine morose, la Bourse de New York pourrait avoir du mal à se motiver pour se reprendre cette semaine, faute d'actualité prévue importante. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 0,19% à 17 740,63 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,82% à 4 736,16 points. Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,40% à 2057,14 points, enregistrant une deuxième semaine de baisse consécutive. Pour Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors, "cela a été une semaine sans éclat, où on s'est focalisé sur des résultats d'entreprises, et encore plus sur des chiffres économiques, qui se sont avérés mitigés": des indicateurs sur l'emploi et le secteur manufacturier ont déçu, alors que le marché automobile et le secteur des services ont offert des chiffres bien accueillis. "Le marché s'est tellement redressé (depuis février) qu'il lui faut des bonnes nouvelles pour monter encore, et on en a manqué ces derniers jours", a déclaré pour sa part Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management. Avec un agenda très léger la semaine prochaine, dominé par un indicateur sur les ventes de détail attendu en hausse vendredi, et les résultats de Disney mardi soir, les investisseurs pourraient encore rester sur leur faim. "Les investisseurs ne pourront s'en remettre qu'à eux-mêmes la semaine prochaine", a déclaré Hugh Johnson, "ce ne sera pas surprenant s'il n'y a pas de tendance claire", vu que le marché "est globalement bien valorisé, ou peut-être légèrement surévalué". "On va retrouver nos classiques sources d'inspiration", a estimé pour sa part Gregori Volokhine, chez Meeschaert New York. "Si la faiblesse du dollar continue, les marchés resteront à peu près stables", a-t-il prédit. Et même si les cours boursiers et pétroliers ne sont plus aussi liés qu'ils l'ont été il y a quelques semaines, "si le marché du pétrole ne bouge pas trop c'est un facteur de stabilité", a précisé M. Volokhine.
Chasse aux bonnes affaires Pour M. Cahill, qui estimait que des chiffres chinois sur le crédit et les réserves de change pourraient influencer les premiers échanges de la semaine, globalement "s'il n'y a pas de grosses mauvaises nouvelles, alors le temps sera venu de faire une chasse aux bonnes affaires". M. Volokhine estimait lui aussi que "le climat est à la chasse aux bonnes affaires, mais il n'y en a pas beaucoup". Du coup, "si les ventes de détail s'écroulent ce sera un bain de sang, car c'est un marché qui a besoin d'être rassuré", a-t-il dit. Mais le pire ne semblait pas inévitable, vu l'accélération le mois dernier dae l'activité dans les services, révélée mercredi dernier par l'indice des directeurs d'achats de l'association professionnelle ISM. Par ailleurs, certains investisseurs guettaient l'évolution des prix à l'importation, jeudi, et des prix à la production, vendredi, de peur que des signes d'inflation, après l'augmentation des salaires révélée dans les chiffres de l'emploi, puissent ranimer la perspective d'une hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale le mois prochain. "La Fed a jusqu'à présent envoyé des signaux contradictoires" à ce propos, a souligné M. Cahill, tandis que M. Volokhine évoquait "la crainte (des investisseurs) que la Fed soit suffisamment confortable avec le niveau du dollar et des salaires" pour agir prochainement.
Fin de semaine positive Wall Street a légèrement monté vendredi, hésitant sur l'interprétation à donner de chiffres décevants sur les créations d'emplois aux Etats-Unis, notamment pour ce qui est de la politique monétaire américaine: le Dow Jones a gagné 0,45% et le Nasdaq 0,40%. En légère baisse en début de séance, les indices se sont finalement un peu redressés, sans se laisser abattre par l'annonce, peu avant l'ouverture, de créations d'emploi nettement inférieures aux attentes en avril aux Etats-Unis. "Même s'il y a un petit accès de faiblesse sur les embauches, les salaires se sont améliorés", a relativisé Alan Skrainka, de Cornerstone Wealth Management. Wall Street se comporte finalement avec sérénité, alors que les observateurs craignaient que ce rapport mensuel du gouvernement, toujours très attendu par les investisseurs, présente un risque particulièrement élevé de perturbation sur les marchés. "C'est une réaction très limitée", a reconnu Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management. "Tout se résume à déterminer si les chiffres d'aujourd'hui vont pousser la Réserve fédérale (Fed) à l'attentisme." Partagé entre le bon chiffre sur les salaires et la déception sur les embauches, le rapport de vendredi ne semble cependant guère de nature à éclairer les investisseurs sur les intentions de la banque centrale américaine, qui laisse actuellement planer le flou sur une éventuelle hausse des taux lors de sa réunion de juin. Même si plusieurs de ses responsables ont évoqué cette semaine cette éventualité, plutôt de nature à déprimer Wall Street, "c'était probablement juste pour remédier à la faiblesse du dollar", devise qui en profiterait, a minimisé M. Skrainka, estimant très peu probable une hausse des taux le mois prochain.
Yelp s'envole Parmi les valeurs, le laboratoire pharmaceutique Endo s'est effondré de 39,19% à 16,17 dollars après avoir drastiquement réduit ses prévisions pour l'année. Egalement dans le secteur, Medivation, spécialisé dans le traitement du cancer, a pris 1,32% à 60,00 dollars après avoir réitéré son rejet d'une offre à plus de neuf milliards de dollars du français Sanofi. Objet d'une enquête pour fraude pyramidale, Herbalife, spécialiste des compléments alimentaires et des produits minceur, a bondi de 9,09% à 63,62 dollars, après avoir relevé ses prévisions annuelles et surtout s'être dit "en négociations avancées" avec les autorités américaines pour régler le litige, comme l'ont rapporté les experts de la maison de courtage Charles Schwab. Des résultats animaient le secteur des technologies comme le site Yelp, spécialiste des critiques participatives de commerces, qui s'est envolé de 23,72% à 26,50 dollars après des résultats trimestriels jugés bien meilleurs que prévu dans le détail, bien qu'il ait creusé sa perte nette. Le groupe de paiements mobiles Square -deuxième société de Jack Dorsey, patron-fondateur du réseau social Twitter (+1,98% à 14,40 dollars)- a chuté de 21,69% à 10,22 dollars après doublé sa perte nette trimestrielle, ce qui a fait oublier une forte hausse de son chiffre d'affaires. L'éditeur de jeux vidéo Activision, propriétaire de "Call of Duty" et "Candy Crush", a pris 8,48% à 37,87 dollars après avoir relevé ses prévisions dans le sillage d'un premier trimestre meilleur que prévu. Le fabricant de mini-caméras GoPro a cédé 2,33% à 10,46 dollars après que ses comptes ont chuté dans le rouge au dernier trimestre. Dans le reste des valeurs, News Corp, qui réunit les activités contrôlées par la famille Murdoch dans la presse et l'édition, a gagné 4,35% à 12,70 dollars malgré des résultats trimestriels plombés par le règlement d'un litige judiciaire et la morosité persistante de la publicité.
Tokyo finit en baisse une courte semaine La Bourse de Tokyo, qui rouvrait vendredi après trois jours fériés, a fini en petit repli, signant sa sixième séance négative d'affilée dans un climat attentiste avant la publication des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis. Le Nikkei des 225 valeurs vedettes a cédé à la clôture 0,25% (-40,66 points), à 16 106,72 points. Il a lâché 3,36% au cours d'une semaine écourtée à deux jours, après un précédent recul hebdomadaire de plus de 5%. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part perdu 0,13% (-1,64 point) à 1 298,32 points. Sur le volet des changes, le dollar s'affichait au même moment à 107,22 yens, en progression par rapport à son cours à la fermeture de la place tokyoïte lundi. L'euro se situait en léger retrait à 122,22 yens. L'heure était à la prudence avant la publication des chiffres mensuels sur l'emploi américain, toujours très surveillés. La Bourse de Tokyo a cependant limité ses pertes "grâce au léger affaiblissement du yen au cours des deux derniers jours", a souligné pour l'agence Bloomberg Angus Nicholson, analyste chez IG. "Si nous avons de solides chiffres (de l'emploi), le dollar évoluera probablement dans la bonne direction et les marchés japonais en profiteront", a-t-il ajouté. Sur le front des valeurs, l'équipementier automobile Takata s'est encore illustré par un plongeon de 8,57% à 341 yens, après l'annonce de 35 à 40 millions de rappels supplémentaires d'airbags aux Etats-Unis et de deux nouveaux décès en Malaisie. Ce scandale, qui n'a cessé de prendre de l'ampleur au cours des deux dernières années, menaçant la survie de l'entreprise, a fait plonger sur la période l'action Takata de plus de 80%.
Sharp, Sony, Toshiba: plongeons en série Sharp a également dévissé de 8,51% à 129 yens sur des rumeurs de perte nette massive de 300 milliards de yens (2,4 milliards d'euros) pour l'exercice d'avril 2015 à mars 2016, soit près du double du montant projeté par le groupe. En grande difficulté financière, le pionnier japonais des écrans à cristaux liquides (LCD) est sur le point de passer sous la coupe du taïwanais Hon Hai/Foxconn. Autre dégringolade, celle du spécialiste des appareils photo et endoscopes Olympus (-4,63% à 4 010 yens): l'annonce lundi de profits records a été éclipsée par des prévisions jugées décevantes. Dans l'automobile, les constructeurs ont relevé la tête après plusieurs séances négatives: Toyota a avancé de 0,66% à 5 478 yens, Nissan de 2,29% à 972,3 yens et Honda de 2,69% à 2.951 yens. A l'inverse, le fleuron de l'électronique Sony a accentué ses pertes, lâchant 3,86% à 2 563,5 yens. Idem pour Toshiba (-3,41% à 214,7 yens), qui a annoncé après la clôture la nomination d'un nouveau P-DG pour redresser le conglomérat, emporté l'an dernier par un vaste scandale financier.