La coalition arabe qui intervient au Yémen en soutien au président de ce pays a ouvert une enquête "indépendante" après des informations sur un bombardement mené par ses avions contre un hôpital. Selon Médecins sans frontières (MSF), le bilan est de onze morts. D'après MSF, une vingtaine de personnes ont également été blessées dans ces raids menés lundi contre un hôpital dans la province rebelle de Hajja (nord). L'ONG, qui intervient dans l'établissement, a annoncé qu'un membre de son personnel avait été tué dans les frappes. Les Etats-Unis, alliés de l'Arabie saoudite à la tête de cette coalition, et Amnesty International ont tous deux condamné l'attaque. Ces frappes intervenaient 48 heures après des raids sur une école dans la province de Saada, une autre région du Nord aux mains des rebelles, qui ont tué dix enfants selon MSF. Précédentes "bavures" Une équipe d'investigation de la coalition est "au courant des informations sur un raid aérien contre un hôpital à Hajja et a de toute urgence lancé une enquête indépendante", a annoncé tard lundi l'équipe d'évaluation des incidents qui regroupe des enquêteurs membres des pays de cette coalition arabe. Après avoir obtenu "plus d'informations de la part de MSF", l'équipe annoncera ses conclusions, a-t-elle ajouté dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA). La coalition et l'Arabie saoudite sont régulièrement accusées de "bavures" contre des civils et notamment contre des enfants. Lundi, la coalition arabe avait déjà annoncé l'ouverture d'une enquête sur le bombardement contre l'école dans la province de Saada. Mais elle a nié avoir ciblé l'école, affirmant que ses avions avaient visé un centre d'entraînement où les rebelles entraînaient des enfants au combat. 11 morts Des raids ont touché lundi un hôpital dans une zone contrôlée par les rebelles dans le nord du Yémen. Ils ont fait au moins 11 morts dont un membre de Médecins sans frontières (MSF), et 19 blessés. "L'explosion a tué sur le coup neuf personnes, dont un membre du personnel de MSF. Deux autres patients sont morts lors de leur transfert" vers un autre hôpital, a précisé l'organisation dans un communiqué. La rébellion yéménite avait auparavant fait état d'un bilan de six morts et 20 blessés, évoquant des raids menés par l'aviation de la coalition arabe alliée du pouvoir dans cette zone contrôlée par les rebelles dans le nord du pays. Washington dénonce Les Etats-Unis ont dénoncé les attaques qui ont touché l'hôpital, mais sans condamner explicitement la coalition arabe pilotée par l'Arabie saoudite et que Washington soutient. "Nous sommes profondément préoccupés par des informations concernant une frappe sur un hôpital dans le nord du Yémen (...). Les frappes sur des infrastructures humanitaires, notamment des hôpitaux sont particulièrement inquiétantes", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Elizabeth Trudeau. Sans montrer du doigt la coalition arabe conduite par Ryad au Yémen, elle a appelé "toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités" dans ce conflit. Interrogée sur l'éventuelle responsabilité de la coalition, la diplomate américaine s'est bornée à préciser que les Etats-Unis restaient "en contact étroit avec les Saoudiens" sur le sujet. Ventes d'armes à Ryad Cette attaque sur un hôpital intervient 48 heures après des frappes ayant tué 10 enfants dans ce pays dévasté par la guerre. Ces bombardements ont eu lieu dans le nord du pays, dans des zones contrôlées par les rebelles houthis qui, alliés avec des soldats restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, se disputent le pouvoir avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi depuis 2014. Washington soutient depuis le début du conflit en mars 2015 la coalition pilotée par l'Arabie saoudite, y compris en poursuivant ses ventes d'équipements de défense. La diplomatie américaine exhorte toutefois régulièrement l'allié saoudien à éviter de faire des victimes civiles dans ce conflit dévastateur. En quelque 18 mois, cette guerre a fait plus de 6400 morts et 30'000 blessés, dont de nombreux civils.