Le gouvernement d'union de Youssef Chahed, qui va devoir relever de nombreux défis plus de cinq ans après la révolution tunisienne, a obtenu vendredi soir, à une large majorité, la confiance du Parlement. Sur les 217 députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), 167 ont voté en faveur du nouveau cabinet, 22 contre et cinq abstentions, soit 194 présents. L'équipe de M. Chahed (40 ans), plus jeune Premier ministre de l'histoire moderne du pays, devrait désormais entrer en fonctions dans les prochains jours. Cette issue favorable pour le gouvernement d'union voulu par le président Béji Caïd Essebsi met un terme à près de trois mois d'intenses tractations. Le 2 juin, M. Caïd Essebsi s'était dit favorable à un gouvernement d'union nationale face aux critiques persistantes contre le cabinet de Habib Essid, un indépendant. Issu pour sa part du parti Nidaa Tounès fondé par le chef de l'Etat, Youssef Chahed devient aussi le septième chef de gouvernement en moins de six ans, preuve que la Tunisie cherche encore ses marques malgré le succès de sa transition démocratique. Rajeuni et féminisé, le nouveau cabinet (26 ministres et 14 secrétaires d'Etat) comporte des membres de divers partis, notamment du mouvement islamiste Ennahda, mais aussi des personnalités indépendantes. Il devra s'atteler en urgence aux nombreux défis économiques, sociaux et sécuritaires du seul pays rescapé des Printemps arabes. La Tunisie ne parvient pas, en effet, à faire redémarrer son économie et a connu en janvier sa plus importante contestation sociale depuis 2011. Elle a en outre été confrontée en 2015 et début 2016 à une série d'attaques jihadistes sanglantes. Nous serons tous amenés à faire des sacrifices, a prévenu Youssef Chahed lors des débats préalables au vote, qui ont duré toute la journée à l'ARP.