Le concept de marketing et de communication en entreprise se base sur la valorisation de la compagnie et de ses produits. Le message doit être clair et doit cibler de façon directe les consommateurs. Cette vision est acquise et partagée par les professionnels de la communication et de la publicité. Mais à voir la dernière campagne de publicité lancée par l'opérateur de téléphonie mobile Nedjma, à propos du nouveau système de numérotation, on a plutôt l'impression qu'on s'évertue, encore une fois, à semer le trouble dans la tête du consommateur. En effet, Nedjma ne s'est pas gêné pour lancer une campagne englobant les trois opérateurs de téléphonie mobile dans une seul objectif : celui de la désinformation. Explication : le nouveau système de numérotation fait passer celle-ci de 9 à 10 chiffres en ajoutant un chiffre spécifique à chaque opérateur. C'est ainsi que le 0 devient 07 pour Djezzy, 06 pour Mobilis et 05 pour Nedjma. Ce dernier, a bien entendu clairement indiqué à ses abonnés qu'il fallait rajouter un 5 au 0 pour établir la nouvelle numérotation sur son réseau. Mais, le problème c'est que Nedjma dit clairement dans son message que les abonnés Djezzy, dont le numéro commence par 070 passeront au 077 et les abonnés Mobilis dont le numéro commence par 061 passeront au 066, ce qui est archi-faux et biaise complètement l'information qui devait être rendue. Il faut dire qu'aussi bien Djezzy que Mobilis n'incluent pas uniquement des abonnés dont le numéro commence par un 070 ou 061 mais les tranches de numérotation de ces deux opérateurs s'élargissent jusqu'au 096 pour Djezzy et jusqu'au 099 pour Mobilis. Feignant donc de poursuivre un objectif noble qui est celui d'informer, Nedjma a au contraire prémédité sa campagne de désinformation. Pis encore, Nedjma n'a pas hésité à déclarer que les abonnés Djezzy et Mobilis n'existaient plus ! Incroyable mais vrai. Une allégation qui reflète le profond malaise qui règne au sein de cette entreprise. Aller jusqu'à tenter de se valoriser par rapport à ses concurrents de façon aussi maladroite, il faut le faire. Il va sans dire que sous d'autres cieux les textes régissant la publicité interdisent formellement de citer ses concurrents dans l'une de ses campagnes de publicité. Mais enfin passons. Ce que l'on serait susceptible de croire, c'est qu'il n'y a plus rien qui pourrait aider à valoriser l'image de Nedjma. Et cette phrase qui affirme que Djezzy et Mobilis n'existent plus, ne reflète qu'une seule chose, il y a bien des craintes sur l'existence de Nedjma elle-même. Tout le monde, sait aujourd'hui, que Nedjma connaît des difficultés financières qui sont en passe de devenir endémiques. Trois années après son lancement, Nedjma donne l'impression d'avoir du mal à se redresser. L'opérateur enregistre perte sur perte, cela au moment même où les responsables du groupe prévoyaient un retour sur investissement pour le début de l'année 2007. Un responsable du groupe Wataniya aurait, en effet, confié au magazine Middle East Economic Digest (MEED) qu'au troisième trimestre de l'année 2007, Nedjma a enregistré de nouvelles pertes. Le responsable de Wataniya n'a pas précisé le montant des pertes de la filiale algérienne du groupe. Mais, au deuxième trimestre de la même année, elles étaient de 3,1 millions de dollars, et les prévisions du groupe tablaient sur de nouvelles pertes à la fin de l'année 2007. Le même responsable a estimé que cette situation est étrange et qu'il serait difficile d'y remédier. Ces résultats ne reflèteraient qu'un seul facteur, le management de l'entreprise n'a pas été à la hauteur. Et pour preuve, 3 changements ont été opérés au niveau du management et ce, en un laps de temps très court. Cédé une première fois au qatari Qtel, l'opérateur serait selon certaines rumeurs proposé à la vente une seconde fois.