Avec une consommation de pommes de terre dans les pays en développement, inférieure à un quart de celle de l'Europe et de l'Amérique du Nord, il existe une grande marge d'accroissement de la production et de la consommation. Cependant, met en garde la FAO, la hausse de la production exigera des améliorations de la qualité du matériel végétal, des systèmes de production exploitant mieux les ressources naturelles et réduisant les impacts négatifs sur l'environnement et, surtout, des tubercules ayant une plus grande résistance aux stress biotiques causés par les ravageurs et les maladies. Le mildiou de la pomme de terre - causé par une moisissure aérienne, est la plus grave maladie de la pomme de terre à l'échelle mondiale. A l'échelle des pays en développement, la maladie touche 3 millions d'hectares de superficies, et les pertes de récolte sont estimées à 2,75 milliards de dollars par an. Les efforts de lutte contre le mildiou sont, également, onéreux - au nord de l'Équateur, les agriculteurs dépensent en moyenne 120 $ par hectare pour les fongicides, soit environ 10 % de leurs coûts de production totaux. La menace du mildiou pour la sécurité alimentaire est tristement illustrée par les famines du milieu du XIXe siècle en Irlande qui se nourrissait, presque exclusivement, de pommes de terre: le mildiou a dévasté la plus grande partie de la récolte, causant la mort d'un million de personnes et l'émigration de plusieurs autres millions. Les chercheurs du Centre international de la pomme de terre (CIP) sont en train de mettre au point des systèmes de lutte intégrée contre le mildiou qui utilisent des variétés dotées d'une résistance "stable et durable" à la maladie, en les associant aux écoles pratiques d'agriculture qui testent et adaptent les différentes approches. Le CIP affirme que des mesures de lutte plus efficaces contre le mildiou permettraient d'engendrer des bénéfices annuels de 530 $ l'hectare. Pendant ce temps, la FAO aide plusieurs pays en développement à accroître leur production de pommes de terre en éliminant les maladies et virus des "plants de pomme de terre" utilisés pour les cultures de chaque campagne. Au Tadjikistan, par exemple, la production de pommes de terre a chuté de plus de 50% durant les années 90 à cause du manque de matériel végétal local de bonne qualité et des virus introduits avec les tubercules d'importation. La FAO a détaché un expert international en culture des tissus pour aider le pays à mettre en place une production de plants de pomme de terre exempts de maladies, et à former des groupes de techniciens et d'agriculteurs aux techniques de multiplication. Un autre projet récent en Syrie a élaboré des procédures pour la production de plants de pomme de terre exempts de virus, formé des agriculteurs à la multiplication et commercialisation des tubercules, et créé un mécanisme national pour la production d'antisérums contre les souches virales locales. La recherche se penche sur d'autres problèmes clés liés à la production de pommes de terre, notamment le fait qu'elle exige des ressources en eau coûteuses et qui vont en s'amenuisant: les variétés modernes de pommes de terre ont besoin d'une irrigation fréquente et peu profonde. Afin de réduire les besoins en eau, les chercheurs sont en train de mettre au point des variétés avec des propriétés de résistance à la sécheresse et des systèmes radiculaires plus longs. Par ailleurs, la réduction des pertes après récolte permettra d'augmenter les disponibilités. Au Belize, un projet de la FAO en cours aide les coopératives agricoles à réduire les pertes à la fois des plants de pomme de terre stockés et des pommes de terre récoltées, qui s'élèvent à 20 % par an. Le projet entend abaisser ces pertes à 3 % en construisant, dans des sites stratégiques, des entrepôts de refroidissement revêtus en bambou, en guise de démonstration pour les agriculteurs.