La majorité des fonctionnaires a répondu, hier, à l'appel à la grève de leurs syndicats pour protester contre la nouvelle grille des salaires entrée en vigueur en janvier, laquelle est inadaptée, selon les grévistes. Les syndicats d'enseignants, de médecins et d'agents de l'Etat ont estimé, en effet, que cette grille, issue du nouveau statut de la Fonction publique, était "pleine d'incohérences" et ne tenait pas compte des spécificités de certains postes. "Ce que nous reprochons à cette grille, ce sont ses incohérences dans la classification des postes, l'inclusion de primes dans le salaire de base est faite pour leurrer l'opinion publique", a déclaré, hier, à la radio le porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, Meziane Meriane. De leurs cotés, les enseignants demandent de revoir la classification des postes et de porter la valeur du point indiciaire de 45 à 70 dinars. Ils avaient déjà observé une grève "d'avertissement" dimanche. Pour les praticiens de la santé publique, cette nouvelle grille est "une arnaque et une insulte pour l'élite de ce pays", selon les termes du patron de leur syndicat, le Dr Mohamed Yousfi. Il a affirmé que les salaires des spécialistes dans les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, étaient "trois fois plus élevés". Des lycéens solidaires de leurs enseignants ont aussi fait part de leurs ras le bol. Des programmes trop chargés et inadaptés. Ils craignent cependant pour leur baccalauréat. Toutefois, les centres de santé d'Alger, et le CHU Mustapha d'Alger, ont fonctionné normalement. Les médecins étaient à leurs postes. Et les pavillons des urgences fonctionnaient normalement, puisque tous les malades étaient pris en charge sans aucun problème. En revanche, dans la ville d'Oran, le débrayage a été suivi. La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, composée de 12 syndicats issus de différents secteurs, est en grève. Et Oran ne fait pas défaut, puisqu'à l'instar des autres villes d'Algérie, elle observe un mouvement de protestation où ils dénoncent un système qui ne fait point office des salariés de la Fonction publique. Ils manifestent, également leur mécontentement quant au statut général de la Fonction publique, qui ne répond pas aux attentes et à la réalité vécue. Pouvoir d'achat qui s'amenuise : les prix flambent et les salaires restent les mêmes. Les élèves ainsi que les apprenants sont tous retournés à la maison. A Tizi Ouzou, le mouvement de protestation a été largement suivi, notamment dans le secteur de l'éducation, puisque les syndicats autonomes de l'éducation, de la santé, de l'enseignement supérieur et des administrations locales ont multiplié les appels au débrayage depuis quelques jours déjà. Hier, tous les établissements scolaires, du primaire au secondaire, ainsi que les instituts universitaires, sont restés fermés, alors que les travailleurs communaux ont suivi le mouvement, puisque les différents services administratifs et techniques étaient particulièrement paralysés, à travers les 67 communes que compte la wilaya, alors qu'au siège de la wilaya, le mouvement n'a été que partiellement suivi. Dans les secteurs de la santé, la grève a aussi été respectée dans les différents secteurs sanitaires, en l'occurrence les hôpitaux, les cliniques et les centres de santé. Le porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la fonction publique, estime toutefois, que son mouvement de grève a été largement suivi, dans plusieurs wilayas, à l'exemple d'Oran et d'Adrar, où le taux de protestation a été de 100%. Selon Meziane, la grève est l'arme pacifique des syndicalistes. Il déplore toutefois, l'exclusion des syndicats autonomes de tout dialogue avec le gouvernement, le rejet de la grille des salaires qui ne répond pas aux aspirations de tous les fonctionnaires, le statut particulier pour lequel ils ont mené "une bataille de longue date" et qui ne répond pas aux attentes, sans oublier le pouvoir d'achat et le phénomène de l'inflation incontrôlée. Autre objectif de ce mouvement de grève pour les syndicalistes, est qui est d'unifier les rangs des différents syndicats "notre objectif, c'est l'unification des forces et la nécessité d'aller en rangs serrés, pour démontrer qu'on existe sur la scène syndicale", déclare Meziane. Par ailleurs, la coordination nationale du Syndicat national de la fonction publique, a adressé une lettre au chef du gouvernement, et une autre au président de la République pour expliquer la situation des travailleurs de la fonction publique, mais surtout de leurs revendications. Le chef du gouvernement, a, pour rappel, déjà eu à s'exprimer sur la grève annoncée depuis déjà quelques jours par la Coordination des syndicats de la fonction publique, en marge des cérémonies des hadjs, relevant du secteur de la solidarité nationale. Ce dernier, s'est dit attaché au dialogue avec les partenaires sociaux, pour améliorer le niveau de vie des citoyens, ou encore de contenir la hausse des prix de certains produits alimentaires de bases. Abdelaziz Belkhadem, qui a également souligné les efforts du gouvernement pour un meilleur pouvoir d'achat, a mis en exergue les augmentations intervenues dans la grille des salaires de la fonction publique, dont la dernière entre en vigueur à partir de ce mois de janvier. Celle-ci, dont tous les points indiciaires ont été rassemblés en un seul, d'une valeur de 45 DA, bénéficiera à 1 million et de demi de fonctionnaires qui verront des améliorations dans leurs carrières. Le chef du gouvernement a également relevé les efforts fournis dans le cadre du statut particulier qui fixé les indemnités et les primes de chaque fonctionnaire. Il s'agit de quelque 54 statuts particuliers et 54 autres régimes indemnitaires, toujours sur la table des négociations avec le partenaire social. Augmenter les salaires à partir de janvier, risque cependant de ne pas régler le problème du pouvoir d'achat, vu l'envolée partielle des prix de produits de base. A cet effet, le gouvernement a mis en place un mécanisme de suivi des prix pour observer l'évolution du marché et éventuellement apporter les correctifs. Autre mesure prise par l'Exécutif, c'est la mise en place d'un dispositif réglementaire pour encadrer le prix de la semoule, de la production jusqu'au stade de la distribution. Reste maintenant au gouvernement de savoir répondre à la problématique qui se pose actuellement, celle de soutenir certains produits alimentaires ou bien accorder une prime aux couches défavorisées et laisser les prix libres. Le gouvernement a, certes, encore du pain sur la planche, mais on ne peut occulter la volonté politique des pouvoirs publics d'offrir une vie meilleure aux Algériens.