Deux missiles tirés depuis des territoires contrôlés par les rebelles Houthis au Yémen sont tombés en mer Rouge non loin d'un destroyer américain, a annoncé hier le commandement central des forces navales américaines (Navcent). Alors que l'USS Mason effectuait dimanche soir des opérations de routine dans les eaux internationales, deux missiles, tirés à une heure d'intervalle, sont tombés dans les eaux de la mer Rouge sans atteindre le navire et sans faire ni victime ni dégât, a déclaré Paula Dunn, porte-parole du Navcent. Nous estimons que ces missiles ont été tirés depuis les territoires contrôlés par les Houthis au Yémen, a ajouté un communiqué. Sur leur site sabanews.net, un porte-parole militaire des rebelles chiites a affirmé que les Houthis n'avaient visé aucun navire de guerre et qualifié d'infondées les informations à ce sujet. L'incident intervient quelques jours après qu'un navire des Emirats arabes unis a été touché par des roquettes, également en mer Rouge, près du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb, où il était en mission humanitaire, selon Abou Dhabi. L'attaque, menée le 1er octobre à l'aube, a été revendiquée par les rebelles Houthis. Les Emirats arabes unis sont membres de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite qui intervient au Yémen pour soutenir le gouvernement reconnu par la communauté internationale face aux rebelles, qui se sont emparés de la capitale Sanaa il y a deux ans. Bab al-Mandeb, par lequel transite une partie du trafic maritime mondial, est aux mains des forces progouvernementales yéménites depuis sa reprise à l'automne 2015 avec l'aide de la coalition arabe. Hier, le commandement américain a rappelé dans son communiqué que les Etats-Unis demeurent engagés à assurer la liberté de navigation partout dans le monde, y compris en mer Rouge. Nous continuerons à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos navires et nos personnels, a-t-il dit. Alors que les négociations de paix inter-yéménites sont dans l'impasse, les rebelles Houthis ont intensifié les attaques aux missiles, en réponse aux raids aériens de la coalition, qui touchent parfois des cibles civiles. Au lendemain de la mort de 140 personnes dans des frappes aériennes contre une cérémonie funéraire dans la capitale yéménite Sanaa, les rebelles ont, selon la coalition, tiré dimanche un missile contre les forces progouvernementales à Marib, à l'est de Sanaa, et un autre contre la ville de Taëf, dans l'ouest du royaume saoudien. Les deux missiles ont été interceptés, a précisé la coalition dans un communiqué. Mobilisation à la frontière saoudienne La veille, l'ex-président du Yémen Ali Abdallah Saleh, allié aux rebelles chiites Houthis, a appelé à la mobilisation à la frontière avec l'Arabie saoudite pour venger les victimes des attaques de la coalition militaire arabe, dirigée par Ryad et qui soutient les forces loyalistes. J'appelle les forces armées et les comités populaires (milices rebelles) à se rendre sur le front de guerre à la frontière pour venger nos victimes, a déclaré M. Saleh dans une allocution télévisée, au lendemain de la mort de 140 personnes dans des frappes aériennes de la coalition sur la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles. Parlant sur un ton particulièrement belliqueux à l'égard du régime saoudien, son ancien allié qu'il qualifie aujourd'hui de réactionnaire et rétrograde, l'ancien chef de l'Etat a exhorté ses compatriotes à affronter cette flagrante agression tyrannique par tous les moyens. Le ministère de la Défense, l'état-major et le ministère de l'Intérieur doivent prendre les dispositions nécessaires pour accueillir les combattants sur les lignes de front à la frontière, à Najrane, Jizane et Assir, les trois provinces saoudiennes frontalières du Yémen, a-t-il dit. M. Saleh, qui reste influent dans son pays quatre ans après son départ du pouvoir sous la pression de la rue, a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des décisions contraignantes pour mettre fin à cette agression barbare des Al-Saoud (la famille régnante en Arabie) et de leurs alliés. L'ex-président, qui a dirigé le Yémen pendant plus de 30 ans, dispose de puissants relais dans des unités de l'armée qui lui sont restées fidèles. La coalition anti-rebelles, dirigée par Ryad et formée de huit autres pays arabes, est intervenue en mars 2015 au Yémen pour enrayer la progression des Houthis et de leurs alliés, les partisans de M. Saleh, face aux troupes loyales au gouvernement reconnu internationalement. Missile intercepté Samedi, plus de 140 personnes ont été tuées et 525 autres blessées dans des raids aériens, attribués à la coalition arabe, contre une cérémonie funéraire à Sanaa. Les blessés admis dans des hôpitaux de la capitale ont raconté dimanche leur calvaire vécu durant les raids. Le plafond de la salle où j'étais s'est effondré sous l'effet d'une frappe. Un deuxième missile a suivi et j'ai perdu conscience, a déclaré dimanche Radhouane Al-Fizaï. Ce jeune garde du corps de 24 ans, blessé et admis à l'hôpital Al-Joumhouri, a raconté qu'à son réveil, il a constaté les dégâts avec les cadavres qui jonchaient le sol. Certains étaient totalement carbonisés. Mais la guerre continue, les rebelles ayant fait état de nouveaux raids aériens dimanche autour de Sanaa, alors que les forces progouvernementales ont annoncé l'interception d'un missile balistique. Ce missile avait été tiré dans l'après-midi en direction de Marib, une grande ville à l'est de Sanaa, où se déroulaient les obsèques d'un haut gradé de l'armée tué vendredi, a indiqué une source militaire. Une foule nombreuse, dont de hauts responsables, a participé aux obsèques du commandant de la 3e région militaire, le général Abd al-Rab al-Chaddadi, touché mortellement dans les combats contre les rebelles à Sarwah, principal front de guerre dans la province de Marib, selon des sources militaires loyalistes. Les rebelles ont cherché en 2015 à prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen après avoir conquis en septembre 2014 Sanaa puis des pans entiers du territoire. Délogés du sud à l'été 2015, les Houthis et leurs alliés contrôlent toujours de larges zones dans le nord et l'ouest du Yémen, le pays le plus pauvre de la Péninsule arabique. Ce conflit a fait environ 6 700 morts, en majorité des civils, et déclenché une grave crise humanitaire, selon l'ONU.