Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, dont le pays est ravagé par une guerre avec des rebelles, a accepté un cessez-le-feu de 72 heures, susceptible d'être prolongé, a déclaré lundi son ministre des Affaires étrangères. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'ONU avaient appelé dimanche à Londres les belligérants au Yémen à décréter un cessez-le-feu au plus vite pour mettre fin à ce conflit qui a fait près 6.900 morts selon l'ONU. Le président a accepté un cessez-le-feu de 72 heures, pouvant être prolongé si l'autre partie s'y tient, si elle met en place un comité d'observation de la trêve et si elle met fin au siège sur la ville de Taëz (sud-ouest), a indiqué le chef de la diplomatie yéménite Abdelmalek al-Mekhlafi sur Twitter. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait souligné dimanche à Londres que lui, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, et le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, avaient appelé à ce qu'un cessez-le-feu entre en vigueur aussi rapidement que possible, c'est-à-dire lundi ou mardi. Nous ne soulignerons jamais assez aujourd'hui l'urgence d'en finir avec la violence au Yémen, avait-il ajouté. Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait annoncé avoir été en contact avec le chef des négociations des rebelles chiites Houthis et avec le gouvernement yéménite et souligné qu'il attendait des plans plus précis pour un cessez-le-feu dans les prochains jours. M. Kerry avait en outre affirmé qu'il était temps d'établir un cessez-le-feu sans conditions et ensuite de venir à la table des négociations. Trois mois de négociations de paix à Koweït s'étaient achevés début août sans résultat. Vendredi, le Royaume-Uni avait annoncé qu'il présenterait un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à l'arrêt immédiat des hostilités et à une reprise du processus politique, parallèlement à l'accès à l'aide humanitaire.
Signes d'apaisement La guerre au Yémen oppose depuis mars 2015 les forces du président Hadi, soutenu par une coalition militaire arabo-sunnite sous commandement saoudien, à des rebelles chiites Houthis, alliés à des forces fidèles à l'ex-chef d'Etat Ali Abdallah Saleh. Les rebelles contrôlent la capitale Sanaa et des régions du nord, de l'ouest et du centre. Les forces pro-Hadi ont reconquis des zones du sud, mais peinent à progresser en dépit d'une campagne aérienne intensive de la coalition arabe, accusée d'avoir fait de nombreuses victimes collatérales. Le 8 octobre, un raid aérien de cette coalition avait fait, selon l'ONU, 140 morts et 525 blessés lors d'une cérémonie funéraire à Sanaa, suscitant un tollé dans la communauté internationale. Les 9 et 12 octobre, les rebelles yéménites avaient été accusés d'avoir tiré des missiles sur des navires de guerre américains en mer Rouge, ce qui avait entraîné pour la première fois une intervention contre eux des Etats-Unis. Après cette escalade, des signes d'apaisement ces derniers jours avaient laisser présager une reprise des négociations, le coût de la guerre devenant notamment de plus en plus lourd pour les belligérants, selon des experts. La coalition pro-saoudienne qui, dans un premier temps, avait nié toute responsabilité dans le carnage du 8 octobre avait admis --fait rarissime-- une bavure et annoncé des compensations pour les familles des victimes civiles. Un peu plus tard, on apprenait que plus de 100 personnes blessées lors des frappes à Sanaa étaient évacuées, avec deux otages américains, vers le sultanat d'Oman qui joue souvent un rôle d'intermédiaire entre les Houthis et l'Iran chiite, d'une part, et les monarchies arabo-sunnites du Golfe, de l'autre. Selon la chaîne de télévision Al-Arabiya, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al-Jubeir a dit lundi que son royaume souhaitait l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, sans donner plus de détails.