Les cours du pétrole continuaient de reculer hier dans les échanges matinaux en Asie, l'Irak faisant redouter un échec des efforts de l'Opep pour stabiliser le marché. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, cédait 12 cents à 50,40 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en décembre, reculait de 17 cents à 51,29 dollars. Selon les analystes, le ministre irakien du Pétrole Jabbar al-Luiebi a déclaré dimanche que son pays devait être exempté de l'accord de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sur une baisse de la production d'or noir à cause de son combat contre l'organisation Etat islamique (EI). Le cartel avait annoncé fin septembre avoir trouvé un accord pour limiter sa production, et faire ainsi face à une demande qui n'absorbe plus l'intégralité de l'offre et pèse sur les prix du brut. Mais l'accord doit encore être finalisé fin novembre et des doutes se font jour sur la répartition des quotas. Les investisseurs sont de plus en plus sceptiques quant à la capacité de l'Opep à trouver un accord. Le ministre irakien a martelé que son pays devait être exempté de tout gel et veut accroître sa production, a commenté Alex Furber, analyste chez CMC Markets à Singapour. L'Irak fait douter d'une réduction de la production La veille à la clôture, les cours du pétrole ont baissé après des propos irakiens faisant craindre un échec de l'accord de réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a perdu 33 cents à 50,52 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour décembre. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 32 cents à 51,46 dollars pour le contrat pour décembre, sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les déclarations irakiennes au cours du week-end indiquant qu'ils estiment qu'ils devraient pouvoir augmenter leur production et ne pas être soumis à des quotas ont fait surgir des inquiétudes sur l'accord de l'Opep, a indiqué Phil Flynn de Price Futures. Fin septembre, les membres de l'Opep avaient réussi, au cours d'une réunion à Alger, à s'entendre sur une réduction de leur production, ce qui avait orienté les cours à la hausse. Cet accord doit cependant être encore finalisé fin novembre et de nombreux analystes pointent comme principale difficulté la répartition des quotas. Raison invoquée par les Irakiens pour y déroger: ils sont engagés dans une bataille contre le groupe Etat islamique, a expliqué Bob Yawger de Mizuho Securities USA, qui a rappelé que les différends entre l'Irak et l'Opep sont nombreux. L'Irak et le cartel ne sont notamment pas d'accord sur le niveau actuel auquel le pays pompe, ce qui est crucial dans la perspective de l'établissement de limites de production. Avec l'Iran, la Libye et le Nigeria qui sont déjà exonérés, ce virage du second producteur de l'Opep pourrait provoquer l'échec de l'accord, a ajouté Tim Evans de Citi dans une note. Une grande partie de l'effort de réduction de la production reposerait alors sur l'Arabie saoudite, pays dominant du cartel. Or les Saoudiens ne pourront pas continuer à vendre des obligations ou des parts de leurs entreprises pour renflouer leur budget, a estimé Carl Larry de Frost & Sullivan dans une note. Dollar fort Tout espoir d'un accord ne s'est toutefois pas encore envolé, ce qui a permis au baril de se maintenir au-dessus de la barre symbolique des 50 dollars à New York. Les 28 et 29 octobre, une réunion technique des membres de l'Opep doit se tenir à Vienne à laquelle la Russie, important producteur non membre du cartel qui pourrait se joindre à l'accord, a été invitée. Avant cela, le ministre du russe de l'Energie, Alexandre Novak continue de faire part du volontarisme de son pays. Après s'être rendu en Arabie saoudite ce week-end, il a rencontré lundi le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo à Vienne. M. Novak a jugé urgent d'accélérer le rééquilibrage du marché pétrolier, craignant un énorme surplus d'offre cet hiver. Enfin, parmi les facteurs pénalisants pour le marché, le dollar, monnaie dans lequel le brut est libellé, continue de se renforcer depuis début octobre face a la plupart des monnaies, ce qui renchérit le coût de l'or noir pour les opérateurs utilisant d'autres devises. Le dollar profite de la perspective d'une hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'ici la fin de l'année, probablement en décembre.