Après sa victoire sur la Juve (1-0), le Milan AC a manqué l'occasion de prendre provisoirement les commandes du championnat en raison d'une lourde défaite face au Genoa mardi soir (3-0). Les Rossoneri devront encore patienter. En battant samedi la Juventus Turin, leader, le Milan était revenu à deux points de la tête et pouvait en cas de succès ce mardi s'installer provisoirement à la première place, du jamais vu depuis le 31 mars 2012. Mais le Genoa, qui devait se racheter après sa défaite face à la Sampdoria dans le derby samedi, ne l'entendait pas ainsi et s'est très logiquement imposé contre des Milanais méconnaissables. Les Génois ont ouvert le score dès la 11e minute grâce au Serbe Ninkovic, couvert par un positionnement incongru du milieu offensif milanais Honda. Juste avant l'heure de jeu, le défenseur rossoneri Paletta a ensuite reçu son deuxième carton rouge de la saison avec un tacle d'une autre époque, précipitant la chute de son équipe. Le Genoa (désormais 7e) a ainsi doublé la mise sur un but contre-son-camp de Kucka sous la pression de Pavoletti (80e), avant que l'avant-centre italien n'inscrive tout seul le but du 3-0. Le Milan reste 3e mais mercredi, la Juventus et l'AS Rome (2e) peuvent reprendre le large. Face à la Sampdoria (15e), la Juventus doit envoyer un signal pour faire comprendre à ses rivaux qu'elle reste la patronne malgré son revers à San Siro. La Roma, à égalité de points avec l'AC Milan à la deuxième place, sera de son côté en déplacement à Sassuolo (10e). A Milan toujours, l'entraîneur de l'Inter (14e) Frank De Boer jouera son avenir, avec la réception du Torino (5e). À l'Inter Milan, Kondogbia a disparu des radars Annoncé comme l'un des grands espoirs du football français, Geoffrey Kondogbia s'est perdu depuis qu'il a quitté Monaco pour l'Inter. L'ancien Lensois avait pourtant affiché un fort potentiel à Séville puis à l'ASM. Mais il ne l'a pas confirmé en Italie. C'était pourtant l'in des Tricolores les plus prometteurs il n'y a pas si longtemps. Grand espoir du football français, Geoffrey Kondogbia pensait franchir un nouveau palier et s'installer en Bleu en rejoignant l'Inter Milan à l'été 2015 après des passages réussis à Séville puis Monaco. Il y a en fait perdu son football et a quasiment disparu des radars de Didier Deschamps. Champion du monde U20 aux côtés de Paul Pogba, capitaine des Espoirs, le milieu de 23 ans grimpait tranquillement tous les échelons en sélection quand son arrivée à Milan a brisé cette belle dynamique. L'ancien Monégasque a manqué l'Euro - de beaucoup - et même s'il a été rappelé fin août par Deschamps après le forfait de Cabaye pour les matches contre l'Italie et le Bélarus, sa présence dans la liste qu'annoncera le sélectionneur le 3 novembre est plus qu'improbable. Pogba est un cadre, Kanté s'est révélé, Rabiot est en train d'exploser, mais Kondogbia, lui, a plongé. Le symbole le plus cruel de cette régression est venu le 25 septembre face à Bologne quand le nouvel entraîneur de l'Inter Frank De Boer l'a remplacé après seulement 28 minutes sous les applaudissements du public de San Siro, exaspéré par sa prestation. "Quand un joueur ne veut pas comprendre, il ne peut pas rester sur le terrain, avait déclaré De Boer après le match. Nous avons discuté ce matin et je lui ai dit qu'il devait jouer simple. Mais il ne veut pas écouter (...) Il répète souvent les mêmes erreurs". "Monsieur 35 millions" Kondogbia, qui avait déjà vu l'arrivée du Portugais Joao Mario obscurcir son horizon en début de saison, a ensuite été "puni", dépassé dans la hiérarchie des milieux par le jeune Ivoirien Gnoukouri (20 ans) et privé de terrain pendant presqu'un mois. Il a enfin retrouvé la compétition samedi en jouant la dernière demi-heure du match perdu par l'Inter face à l'Atalanta Bergame (2-1). Verdict du Corrierre dello Sport, l'un des deux grands quotidiens sportifs italiens: "Trente minutes décourageantes. Mou et improductif". La sentence est sévère, mais pas complètement injuste non plus, De Boer ayant d'ailleurs choisi de ne pas le convoquer pour le match de mercredi contre le Torino. Globalement, Kondogbia reste pour l'Italie un mystère. Les observateurs peinent à déterminer son meilleur poste, s'étonnent de son manque d'impact physique et le trouvent tour à tour trop neutre ou trop ambitieux en regard de ses qualités techniques. Circonstance aggravante, le joueur a coûté très cher et avait été présenté par l'Inter comme une belle prise de guerre, arrachée in extremis à l'AC Milan et à d'autres grands clubs européens. Le prix de son transfert, Kondogbia le porte désormais en surnom: "Monsieur 35 millions", déclinable à la hausse ou à la baisse en fonction de ses performances, de "Monsieur 40 millions" quand il a été un peu meilleur à "Monsieur 30 millions" quand il s'agit de souligner un nouveau match raté. Interdit de C3 Le natif de Nemours traîne aussi comme un boulet sa proximité avec Pogba, auquel il est sans cesse comparé. De Boer lui-même, quelques jours après avoir sorti Kondogbia à Bologne, évoquait le joueur de Manchester pour parler de son milieu de terrain. "Pour devenir une star, il ne lui manque que quelques détails. Par le potentiel physique et technique, Geoffrey vaut Pogba. Il doit simplement avoir plus de personnalité, apprendre à gagner certains duels, savoir changer de rythme au bon moment", expliquait le Néerlandais. Mais Kondogbia n'est pas seul responsable de cette longue éclipse car il est aussi tombé avec l'Inter sur un club instable et en reconstruction. Depuis son arrivée, l'Inter - 14e en championnat et dernier de son groupe d'Europa League - a déjà changé de président et d'entraîneur et pourrait le faire encore, la situation de De Boer étant très précaire avant de recevoir le Torino. Les sanctions liées au fair-play financier interdisent aussi au Français de jouer en Europa League, où il aurait pu retrouver de la confiance. Au mauvais endroit au mauvais moment: l'aventure milanaise de Kondogbia tourne au fiasco.