A la veille de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le candidat républicain Donald Trump et sa rivale démocrate Hillary Clinton ont sillonné samedi la Floride. C'est dans cet Etat-clé, encore indécis, que se jouera en partie le scrutin du 8 novembre. M. Trump a commencé sa journée par un rassemblement matinal à Tampa, où il a de nouveau critiqué le soutien de sa rivale à l'Obamacare, la réforme de l'assurance-maladie mise en place par le président démocrate sortant. Evoquant la hausse attendue des primes d'assurance, il a affirmé: "Cela ne comptera pas, parce que si nous gagnons, je me débarrasserai de cette réforme." Il s'en est également pris à la résistance physique de son adversaire, autre axe connu de ses attaques. "Regardez, je suis là, ce genre de choses, j'en fais cinq à six par jour et Hillary, elle, elle rentre chez elle, elle rentre pour dormir. Et si elle voulait faire pareil, ce qu'elle ne veut pas, elle n'en aurait pas l'énergie, croyez-moi." La Floride ne devait pas être le seul Etat parcouru en ce dernier samedi de la campagne par le milliardaire new-yorkais. Il devait également faire étape en Caroline du Nord, dans le Nevada et le Colorado. Clinton avec les stars Hillary Clinton a pour sa part commencé sa journée par un déplacement au West Miami Community Center, un quartier américano-cubain où l'accompagnait Jencarlos Canela, acteur de "telenovelas" (feuilletons télévisés). La candidate démocrate devait ensuite réunir ses partisans dans le sud de la Floride. Puis dans la soirée, elle devait se rendre à Philadelphie, en Pennsylvanie, pour rejoindre la chanteuse Katy Perry. Vendredi soir, c'est le couple star de l'industrie musicale américaine, Beyoncé et Jay Z, qui a donné un concert à ses côtés à Cleveland, dans l'Ohio, un des autres "Swing States" particulièrement convoités. Plombée par les courriels Les sondages tendent à montrer que la candidate démocrate préserve un avantage dans les Swing States, ces Etats où l'équilibre entre électeurs démocrates et républicains varie d'un scrutin à l'autre. Mais l'écart s'est sensiblement réduit depuis que le FBI a relancé, la semaine dernière, l'affaire des courriels qui plombe la campagne de l'ex-secrétaire d'Etat depuis mars 2015. Il est reproché à Mme Clinton, lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine sous le premier mandat de Barack Obama (2009-2013) d'avoir utilisé un serveur de messagerie privé plutôt que le serveur du département d'Etat. Cette "négligence extrême", selon le FBI, a été exploitée sans relâche par ses adversaires, Donald Trump en tête. Ceux-ci l'accusent d'avoir enfreint les lois fédérales sur l'archivage des données et sur le traitement des informations classées. Ils lui reprochent aussi d'avoir mis en danger la sécurité du pays en exposant des documents confidentiels à un risque de piratage informatique. Ecart minime Pour Mme Clinton, aux réseaux politiques cultivés depuis 30 ans, la tactique des dernières 72 heures est claire: ne rien lâcher dans les Etats pivots décisifs pour la victoire. Pour M. Trump, le défi s'annonce encore plus difficile: remporter une ribambelle de ces Etats-clés. Pour ce faire, il doit rallier notamment les électeurs de l'Amérique rurale et parvenir à renverser en sa faveur un Etat penchant traditionnellement du côté démocrate. D'où ce retour en Floride des deux adversaires. C'est là que s'était jouée la victoire de George Bush sur Al Gore en 2000. Dans cet Etat , l'écart mesuré par le site Real Clear Politics à partir des différents sondages existants est minime, avec 1,2 point d'avance pour Clinton à 47,4% en moyenne des intentions de vote, contre 46,2%. Le "Sunshine State" désigne 29 des 538 grands électeurs du Collège électoral. Des "robots-journalistes" Les "robots-journalistes" ont joué un rôle accru dans la couverture de l'élection présidentielle américaine 2016. Une tendance encouragée par des avancées technologiques compensant parallèlement les moyens limités de certaines rédactions. Des quotidiens prestigieux comme The New York Timeset The Washington Post, des chaînes de télévision comme CNN et NBC, le site internet Yahoo News en usent déjà. Pour couvrir la campagne ou la soirée électorale du 8 novembre, tous ces médias ont recours, en partie, à des systèmes automatisés. Certains utilisent des algorithmes qui transforment des données en articles. D'autres, des "bots" qui communiquent avec les consommateurs via un service de messagerie mobile. Le New York Times a par exemple lancé plus tôt cette année un "bot" actif sur l'application de messagerie Messenger de Facebook. Les utilisateurs reçoivent périodiquement de brefs messages d'un journaliste en chair et en os, Nick Confessore, et peuvent, s'ils le veulent, interagir avec le bot automatisé pour avoir davantage de détails. D'après Andrew Phelps, directeur produit au New York Times, le nombre d'utilisateurs se chiffre en centaines de milliers, avec un public plus jeune et plus mondial que le lectorat habituel du journal. Le Washington Post, détenu par le fondateur d'Amazon Jeff Bezos, compte utiliser le jour des élections un système maison baptisé Heliograf pour avoir une couverture hybride, réalisée en partie par des humains et en partie par un système informatique.