La 41ème Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco), tenue vendredi et samedi dans la ville espagnole Vilanova, était l'occasion pour les participants de lancer un appel urgent pour l'organisation sans délai du référendum d'autodétermination au Sahara occidental et mettre ainsi fin à l'occupation marocaine. Dans leur déclaration finale, les participants ont interpellé le nouveau Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lui demandant de "conduire sans délai à son terme la décolonisation du Sahara occidental (...) et de permettre au peuple sahraoui d'exercer librement son droit à l'autodétermination et à mettre ainsi fin, à l'occupation marocaine, à la répression, aux emprisonnements et au pillage des ressources naturelles". "Nous appelons à l'occasion de cette Eucoco 2016, à mettre fin à la passivité du conseil de sécurité face aux agissements du Maroc qui agit en toute impunité", ont souligné les participants, exigeant "le retour complet de la composante civile de la MINURSO, et son rétablissement dans ses fonctions". Cette nouvelle édition de l'Eucoco à laquelle ont pris part plus de 300 personnes, représentants des associations amies avec le peuple sahraoui, parlementaires de divers pays, représentants de partis politiques espagnols a permis entre autres de rendre hommage au défunt président Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai dernier et de souligner ses qualités, son humanisme et sa détermination de voir aboutir le processus d'autodétermination. Ils ont en outre salué la résistance des populations civiles sahraouies qui affrontent courageusement la répression, toujours plus violente de l'occupant marocain, adressant par la même occasion un vibrant message de soutien au nouveau président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, qui a été visé par des manœuvres judiciaires instrumentalisées par la propagande marocaine. Ce geste, a-t-on indiqué, s'inscrit dans la lignée des actes de répression adoptés par toutes les puissances coloniales à l'encontre des grands leaders des mouvements de libération. L'Eucoco ajoute le document final, félicite l'Union Africaine pour sa contribution essentielle à la résolution du conflit au Sahara occidental et dénonce les tentatives inacceptables du Maroc qui par son projet d'intégration à l'UA veut tout simplement "parasiter cette organisation continentale sans en respecter les critères internes contenus dans la charte et l'acte constitutif de l'Union Africaine". Intervenant à l'ouverture de la conférence, le président du conseil national sahraoui, Khatri Addouh a indiqué dans son discours au nom du Président Ghali, que la 41ème édition de l'Eucoco est un "événement international qui démontre avec détermination renouvelée, la force, la continuité et l'ampleur du mouvement de solidarité avec la lutte du peuple sahraoui pour la liberté et l'indépendance". "Après plus de 41 ans, la flamme de la résistance chez le peuple sahraoui ne s'est pas éteinte", a-t-il dit, soulignant que "la conviction et la confiance des sahraouis dans la victoire et l'indépendance se renforcent au fil des jours et le cercle de la solidarité avec la justesse de leur lutte s'élargit davantage". Pas d'opposition aux relations maroco-espagnols M. Khatri a ensuite expliqué que "les Sahraouis ne sont pas opposés aux relations entre l'Espagne et le Maroc mais l'Espagne de 2016 n'est pas l'Espagne de 1975 et il n'y a aucune justification pour ne pas corriger l'erreur". "La situation explosive dans la région d'Al-Guergarat au sud du Sahara occidental pouvait ne pas avoir lieu si le Conseil de sécurité, à travers la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), n'ait pas manqué à son devoir d'empêcher la violation du cessez-le-feu par le Maroc, ce qui a contraint l'armée sahraouie à intervenir pour déjouer une tentative marocaine de se saisir de nouvelles terres et modifier la situation sur le terrain, en contradiction avec l'accord militaire n°1, qui fixe la relation entre la MINURSO et les parties au conflit", a déclaré M. Addouh dans son discours. "La paix au Sahara occidental est en danger, son sauvetage requiert une position ferme du Conseil de sécurité des Nations unies tendant à exiger l'application rapide des termes du plan de règlement approuvé par l'OUA et l'ONU, qu'il a adopté, après sa signature par les parties au conflit, appelant à organiser un référendum libre, équitable et impartial, par lequel le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance", a averti le président sahraoui. Le Conseil de sécurité, premier responsable "Il ne fait aucun doute que l'Etat marocain, à travers ses provocations répétées, est responsable de cette menace. Mais la responsabilité première incombe au Conseil de sécurité de l'ONU parce qu'il a échoué depuis 1991 dans la mise en œuvre de ses décisions tendant à la décolonisation du Sahara occidental", a-t-il estimé. "Le Conseil de sécurité des Nations Unies est responsable de l'impasse, qui caractérise le conflit aujourd'hui, car il a accepté, malheureusement, que la MINURSO soit une exception, qui se plie à la volonté de la force de l'occupation militaire illégale marocaine, de sorte que cette composante onusienne n'a pas les prérogatives des autres missions de maintien de la paix au niveau des normes et procédures en matière d'immatriculation des voitures, des visas d'entrée, de la surveillance des droits de l'Homme, de la liberté des observateurs à visiter et à communiquer avec les résidents", a fait savoir le président de la République. "La France est aujourd'hui une pierre d'achoppement devant la prise de décisions, à même de rendre à cette institution son prestige et est donc responsables de tout dérapage de la tension dans la zone d'Al-Guergarat, où les deux armées, sahraouie et marocaine, se tiennent à une distance qui ne dépasse pas les 120 mètres", a mis en garde le président Ghali.