Les pays producteurs de pétrole comptaient bien parvenir hier à Vienne à un nouvel accord de réduction de la production, associant au pacte de limitation récemment conclu entre les membres de l'Opep des pays extérieurs à l'organisation pour consolider la remontée des prix. La rencontre a débuté en milieu de matinée au siège de l'Opep, à Vienne, dans un climat d'optimisme entretenu par les déclarations des participants, soit treize membres du cartel auxquels se sont joints une douzaine de participants extérieurs, dont la Russie, premier producteur hors Opep. Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix depuis 2014, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus le 30 novembre à s'entendre sur une baisse de leur production de 1,2 million de barils par jour. Le cartel demande aux producteurs non membres de l'organisation de limiter également leur production de 600.000 barils par jour au total, un effort auquel la Russie a déjà consenti à hauteur de 300.000 barils. L'optimisme était de mise à Vienne lors de la réunion pour aller même au-delà de l'objectif déjà convenu de baisse de production par les non-Opep pour un retrait de 600.000 barils/jour à partir de janvier 2017. Les ministres chargés du pétrole des pays membres et non-membres de l'Opep ont unanimement affirmé s'attendre, à l'issue de cette réunion "historique", à un accord d'une baisse encore plus importante que prévu initialement par les non-Opep, alors que la Russie a réitéré son engagement de retirer 300.000 barils/jour, soit la moitié du volume à réduire par les hors-Opep. Boutarfa optimiste En marge de cette réunion, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa s'est également montré confiant quant à la réussite de la réunion-Opep non Opep. A la veille de la réunion, M. Boutarfa a exprimé son optimisme de voir la réunion consolider l'accord d'Alger de baisse de la production, soulignant la nécessité d'une coopération Opep-non Opep pour stabiliser le marché. "Il est nécessaire pour les pays Opep et non-Opep de coopérer et de joindre leurs efforts pour stabiliser le marché pétrolier dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs", a-t-il déclaré à l'issue de ses entretiens avec ses homologues de pays membres et non membres de l'Opep. Le président de l'Opep Mohamed Salah Al Sada a souhaité pour sa part que les pays participant à la réunion Opep-non Opep "annoncent au monde une action conjointe responsable et opportune pour aider à rééquilibrer le marché". "Je ne peux que souligner l'importance de cette situation pour nos pays, pour l'industrie pétrolière et pour l'économie mondiale dans son ensemble", a-t-il soutenu, relevant la nécessité d'institutionnaliser les bases de la coopération entre l'Opep et les producteurs non-Opep afin de faciliter le processus décisionnel. Evoquant la décision de réduire la production de l'Opep dans le cadre de l'accord d'Alger, M. Al Sada a indiqué qu'il s'agissait d'un "engagement vers la communauté mondiale pour aider à restaurer et à maintenir la stabilité du marché avec des implications positives et larges sur l'économie mondiale, l'industrie pétrolière et les pays producteurs et exportateurs de pétrole". De son côté, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zangeneh, a déclaré que la majorité des pays non-Opep ont envoyé des signaux positifs, "mais à la fin de la réunion, on annoncera les détails d'un accord". Pour lui, l'essentiel est le niveau de baisse de la production des producteurs non-Opep qui s'ajoutera à l'effort déjà consenti par l'Opep. Le ministre russe de l'Energie Alexander Novak a indiqué pour sa part que les pays non-Opep allaient signer à l'issue de leur réunion avec l'Opep un accord sur la limitation de la production en soulignant que cette réunion sera couronnée de succès. "Il n'y a pas de risque que cette réunion ne réussisse pas. Nous sommes déjà parvenus à un accord sur le principe de réduire 600.000 barils/jour par les non-Opep. La Russie va réduire 300.000 barils/jour, donc la moitié de l'effort de réduction. Maintenant, suite aux discussions, on verra si on pourra aller au-delà des 600.000 baril prévus" par les non-Opep, a-t-il soutenu. L'objectif de la réunion Opep-non-Opep, la première depuis 2002, est d'élargir le consensus autour de la démarche de l'Opep pour soutenir un marché pétrolier affaibli par le surplus d'offre. Il s'agit d'impliquer les producteurs hors-Opep dans l'effort de l'Opep dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord d'Alger qui avait abouti le 30 novembre dernier à une décision de baisse historique de la production Opep de 1,2 million de barils/jour (mbj) avec un plafond à 32,5 mbj conclu par l'Opep et applicable dès le 1er janvier 2017. Obtenir un engagement De son côté, le ministre saoudien de l'Energie, de l'industrie et des ressources minérales Khaled El Falih a assuré que "pour les pays non-Opep, on espère obtenir d'eux un engagement de quelque 600.000 barils/j. La Russie s'est engagée de baisser sa production de 300.000 barils/jour tandis que d'autres pays comme le Mexique, Oman et l'Azerbaidjan vont baisser selon leur niveau de production". Il s'est dit "très optimiste" à propos de cette réunion, tout en relevant que l'accord Opep-non Opep attendu sera "le fruit de la réunion de l'Opep tenue à Alger en septembre". Le ministre saoudien a affirmé que la baisse totale à opérer par les producteurs Opep et non-Opep, environ 1,8 mbj, est convaincante et permettra de rétablir l'équilibre du marché. Le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'est montré très positif avant la rencontre, estimant qu'un accord avec les producteurs non-Opep portant sur une réduction de 600.000 barils, et même plus, allait être atteint. Il a qualifié la rencontre de samedi, entre membres du cartel et non-membres, d'historique estimant que le climat politique avait changé. "Pour les pays non membres de l'Opep, la baisse sera de 600.000 barils par jour, voire plus", a-t-il dit. Selon lui, la présence de douze (12) pays hors-Opep à cette réunion est "historique". Le russe Alexander Novak, en ouvrant cette rencontre qu'il co-préside, s'est dit certain qu'aujourd'hui (les participants, ndlr) allaient surmonter les difficultés en vue d'un accord, qualifiant la réunion d'opportunité unique. Le ministre qatari de l'Energie, Mohamed Saleh Al-Sada, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Opep, a parlé d'une réunion vitale pour tous les pays producteurs, l'industrie et l'économie mondiale Enthousiastes dans un premier temps, les marchés attendent de nouveaux signaux des producteurs crédibilisant leur engagement et détaillant la mise en œuvre de cette baisse de l'offre. Après avoir oscillé au fil de la semaine, les cours ont terminé vendredi à 54,16 dollars à Londres, en très léger retrait par rapport à la clôture de vendredi dernier. Baisse naturelle ou volontaire ? Le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, Oman et Mexico font partie des producteurs de pétrole non-membres de l'Opep présents samedi à Vienne. Parmi les invités figuraient encore la Bolivie, Brunei, la Colombie, le Congo, l'Egypte, Trinidad et Tobago, le Turkmenistan et l'Ouzbekistan. L'optimisme qui a entouré l'annonce de l'accord (du 30 novembre) s'est légèrement érodé, car l'Opep a dit à la presse que les pays qui ne sont pas membres du cartel (...) pourraient utiliser la baisse naturelle de leurs extractions pour atteindre cet objectif. Comme ces baisses naturelles des extractions, liées à l'épuisement des ressources, sont déjà intégrées dans les modèles de prévision, nous ne nous attendons pas à ce que cette rencontre joue un rôle significatif dans le rééquilibrage du marché. Les discussions de Vienne sont aussi l'occasion pour la Russie de rassurer les sceptiques sur son engagement à appliquer l'accord. Les autorités russes ont indiqué mercredi avoir le soutien des compagnies pétrolières privées pour baisser la production de concert avec l'Opep, mais sans apporter de précisions sur les modalités pratiques d'une telle mesure.