Le président des Etats-Unis Donald Trump a affirmé dimanche qu'il allait commencer à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu'il doit rencontrer prochainement. "Nous allons rencontrer le Premier ministre du Canada (Justin Trudeau) et le président du Mexique (Enrique Pena Nieto) et nous allons commencer des négociations liées à l'Aléna", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie dans les salons de la Maison Blanche. L'Aléna, entré en vigueur en janvier 1994, associe les Etats-Unis, le Canada et le Mexique dans une vaste zone de libre-échange. Il fait partie des cibles privilégiées de Donald Trump qui l'accuse d'avoir encouragé l'exode d'emplois manufacturiers américains vers le Mexique. La nouvelle administration républicaine a d'ores et déjà averti que si ses partenaires refusaient une négociation "qui apporte aux travailleurs américains un accord équitable", les Etats-Unis quitteraient l'Aléna. Selon les statuts de l'accord, l'une des parties peut notifier aux autres son intention de le quitter, ouvrant alors une période de 180 jours pour entamer de nouvelles négociations. Si aucun nouvel accord n'est conclu, l'ancien est alors dissous. La rencontre avec M. Pena Nieto à la Maison Blanche a été fixée au 31 janvier. Aucune date n'a été annoncée à ce jour pour la rencontre avec M. Trudeau. Louant le président mexicain - "il a vraiment été extraordinaire" - M. Trump a fait part de son espoir d'arriver à "de très bons résultats" avec ce pays frontalier des Etats-Unis sur les questions d'immigration et de sécurité. Durant sa campagne, le magnat de l'immobilier s'est engagé à construire un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, financé, a-t-il assuré, par Mexico. Depuis la victoire de Donald Trump en novembre, à la fois le Canada et le Mexique ont affirmé être prêts à discuter avec la nouvelle administration américaine pour réexaminer l'Aléna. Le gouvernement canadien a également indiqué qu'il espérait maintenir l'accord bilatéral de libre-échange conclu en 1989 avec Washington même si Donald Trump décidait de se retirer de l'Aléna. Le président mexicain Pena Nieto a eu dimanche une conversation téléphonique avec le Premier ministre canadien Trudeau pour coordonner leurs efforts afin de protéger la zone de libre-échange couvrant l'Amérique du Nord, a-t-on appris auprès des services du président mexicain. Lors de cette conversation, M. Pena Nieto "a souligné l'importance des relations entre le Mexique et le Canada, ainsi que de l'accord de libre-échange et de la libre circulation des investissements" en Amérique du Nord. Les dirigeants mexicain et canadien "ont convenu de redoubler les efforts pour continuer à dynamiser l'intégration économique en Amérique du Nord", a souligné la présidence mexicaine dans un communiqué.
75% des exportations canadiennes vers les Etats-Unis En effet, l'importance des échanges commerciaux entre le Canada et les Etats-Unis a été au cœur de l'entretien téléphonique samedi entre le Premier ministre canadien Justin Trudeau et Donald Trump, au lendemain de l'investiture de ce dernier à la présidence américaine. MM. Trudeau et Trump "ont réitéré l'importance de la relation bilatérale Canada-états-Unis et discuté de divers sujets d'intérêt mutuel", a indiqué le chef du gouvernement canadien dans un communiqué en assurant que les deux hommes ont prévu de "se rencontrer bientôt". "Le premier ministre a souligné le caractère intégré de la relation économique entre le Canada et les Etats-Unis", est-il précisé. Les trois-quarts des exportations canadiennes sont à destination du voisin du sud et ont totalisé 358 milliards de dollars canadiens (251 mds d'euros) sur les 11 premiers mois de 2016. Pour le Canada, le protectionnisme affiché du président Trump menace sa croissance économique et les nombreux emplois induits par les exportations de marchandises vers les Etats-Unis. Comme il l'a répété dans son discours d'investiture vendredi, Donald Trump veut rapatrier et protéger les emplois sur le sol américain. Pour cela, il prévoit de se retirer du traité de libre-échange transpacifique (TPP) et veut contraindre ses partenaires canadiens et mexicains à renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna).
Trudeau ouvert à une renégociation de l'Aléna Vendredi, dès la prise de fonction officielle de Donald Trump, le site de la Maison Blanche avait d'ailleurs affiché un message clair: "Le président Trump s'est engagé à renégocier l'Aléna. Si nos partenaires refusent une renégociation qui donne aux travailleurs américains un accord équitable, le président adressera un préavis de retrait des Etats-Unis de l'Aléna" aux deux autres pays. Justin Trudeau avait dès le lendemain de l'élection de Donald Trump en novembre accepté l'idée de renégocier l'accord de libre-échange afin de l'adapter aux nouvelles réalités économiques. Le chef du gouvernement canadien a dépêché de nombreux conseillers et ministres pour travailler avec la nouvelle administration américaine au cours des derniers mois et a réorganisé son gouvernement en conséquence il y a moins de deux semaines. Le chef de la diplomatie Stéphane Dion, très critique à l'égard de Donald Trump, avait été remplacé par Chrystia Freeland qui était en charge du Commerce international. La nouvelle ministre des Affaires étrangères a d'ailleurs gardé dans ses prérogatives le dossier commercial avec les Américains.