Les dirigeants des Etats-Unis et du Canada, hôtes aujourd'hui du président mexicain, vont tenter de redonner vigueur à l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), signé entre eux il y a 20 ans, avec les yeux tournés vers l'Asie. Le président Enrique Peña Nieto va accueillir le président américain Barack Obama et le Premier ministre canadien Stephen Harper à Toluca, à 50 km à l'ouest de la capitale mexicaine, dans l'Etat de Mexico où il est né et a construit sa carrière politique. Tandis que les questions de la violence liée aux narcotrafiquants avaient dominé l'agenda des précédents sommets, Peña Nieto devrait tenter de concentrer l'attention de ses partenaires sur les questions économiques, alors que des frictions sont apparues récemment au sein de l'Alena. Le Mexique n'a pas digéré le refus du Canada de mettre fin aux formalités exigées des Mexicains pour obtenir un visa. Le gouvernement canadien de son côté presse les Etats-Unis de prendre enfin une décision concernant le pipeline Keystone XL, un projet controversé qui permettrait de faire parvenir le pétrole américain du Canada vers le Texas, un dossier qui rencontre l'opposition de défenseurs de l'environnement. Mais les conversations entre les trois pays devraient se concentrer sur la manière d'améliorer les performances d'un bloc commercial qui représente près d'un tiers du PIB mondial. Les responsables estime que son potentiel dépend maintenant du développement d'un pacte commercial avec les nations asiatiques, l'Accord de partenariat Trans-Pacifique (TPP). Les négociations ont lieu via le TPP pour couvrir les sujets qui n'avaient pas été inclus dans l'accord il y a 20 ans, selon le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères, Sergio Alcoce.
Combler les lacunes Des responsables américains estiment en particulier que le TPP pourrait conduire les partenaires nord-américains à trouver un accord sur les normes sur le travail et l'environnement qui ne sont pas inclus dans le cadre de l'Alena. Il y a eu des critiques dans le passé sur des thèmes qui n'ont pas été traités par l'Alena, reconnaît un officiel américain sous couvert d'anonymat. Le TPP vise en partie à combler ces lacunes. Le projet Trans-Pacifique regroupe les trois pays de l'Alena ainsi que l'Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam, en ensemble représentant près de 40% de l'économie mondiale. Mais selon Luis de la Calle, ancien négociateur mexicain de l'accord, nous devons dire aux Etats-Unis et au Canada qu'en dépit de leur intérêt pour le TPP, nous devons continuer à améliorer le fonctionnement de l'Alena, notamment les conditions de passage des camions à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
La success story mexicaine Pour Peña Nieto, le sommet de Toluca sera l'occasion de mettre en valeur les importantes réformes mises en oeuvre lors de la première année de son mandat, en particulier l'ouverture du pétrole mexicain aux investissements étrangers qui suscite un intérêt majeur parmi les grandes compagnies pétrolières. Ce que nous allons voir est un réalignement des forces en Amérique du Nord en raison de l'énorme succès du Mexique dans la mise en oeuvre de son programme de réformes, selon Duncan Wood, directeur de l'Institut du Mexique au sein du Wilson Center, groupe d'experts basé à Washington. Le Mexique va être à l'avant et au centre, estime-t-il. C'est la “success story” du moment.