Des lobbyistes et des politiques français estiment que 10.000 emplois dans le secteur de la finance pourraient migrer de Londres à Paris en raison du Brexit. Jusqu'à 30.000 emplois seraient déplacés d'une capitale à l'autre si les postes indirectement liés aux services financiers étaient inclus dans les calculs. Lors d'une conférence de presse à Londres, lundi 6 février 2017, une délégation de personnalités venues de Paris - parmi lesquelles Jean-Louis Missika, adjoint à la mairie de Paris, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Ile-de-France et Gérard Mestrallet, président du groupe de lobby de la finance parisienne Europlace - ont discuté du futur de la City de Londres et du transfert d'emplois vers l'Europe continentale après le Brexit. "Le Brexit est un processus sur le long terme, donc les déménagements se feront lentement", a dit Valérie Pécresse aux journalistes. "Des dizaines de milliers je dirais", a-t-elle ajouté, disant que ce nombre correspondait aux emplois directement liés au secteur des services financiers. Les propos de Pécresse ont été clarifiés par le DG de Paris Europlace Arnaud de Bresson qui a dit: "10.000 est un bon nombre", en citant un sondage mené par l'organisation chargée de promouvoir la place financière de Paris. "Quand on ajoute le nombre de personnes qui pourraient être affectées dans un autre secteur, cela donne quelque chose compris entre 20.000 et 30.000 personnes", a continué Arnaud de Bresson. Arnaud de Bresson et Valérie Pécresse ont précisé que ces chiffres ne sont pour l'instant que des estimations. Pécresse a dit: "Cela dépend de la stratégie des entreprises et cela dépendra de la dureté du Brexit." La conférence de lundi faisait partie d'un effort concerté de Paris de se positionner comme première destination européenne pour les banques qui cherchent à relocaliser certains de leurs bureaux britanniques après le Brexit. Peu de temps après que la première ministre britannique Theresa May a fait son discours signalant que le Royaume-Uni quittera le marché unique, HSBC, JPMorgan, et UBS ont tous prévenu que des emplois seraient relocalisés. On rapporte également que Goldman Sachs envisage un plan similaire en secret. Ben Moshinsky de Business Insider a résumé les déménagements probables en janvier. Les voici: Le patron d'HSBC Stuart Gulliver a dit qu'environ 1000 banquiers des divisions de banque d'investissement et marchés auraient "probablement besoin d'aller en France", dans une interview avec Bloomberg Television au Forum économique mondial de Davos. Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, a dit à Bloomberg, à Davos, que la banque relocaliserait probablement plus de gens que prévu initialement. "Il semble qu'il y aura plus d'emplois relocalisés qu'on ne l'espérait", a dit Dimon. La banque compte 16.000 salariés au Royaume-Uni. Le chef de la banque d'investissement d'UBS Andrea Orcel a prévenu dans une interview avec Bloomberg à Davos que des postes "seront sans aucun doute" relocalisés à cause du Brexit. Goldman Sachs envisage d'effectuer des coupes au sein de ses effectifs à Londres d'environ 50%,selon le journal allemand Handelsblatt, en relocalisant 3000 postes en dehors de la capitale. Il existe deux grosses zones d'inquiétude quand on parle du rôle de Londres au cœur de la finance européenne - le passeport financier et la compensation des transactions libellées en euro à Londres. La loi européenne actuelle permet aux banques européennes d'avoir des branches qui opèrent aux Royaume-Uni et qui n'ont pas besoin d'être capitalisées séparément de la maison-mère à l'étranger. De la même manière, des banques non-européennes, comme celles des Etats-Unis ou d'Asie, peuvent utiliser leur filiale londonienne pour vendre des services à des clients à travers l'Union européenne. Ceci a permis au centre financier de Londres de jouer le rôle de plaque tournante pour les entreprises internationales qui cherchent à faire des affaires au sein de l'UE. Il est désormais presque certain que le passeport financier, qui permet aux banques à Londres d'accéder au marché européen unique des 28 (dont le Royaume-Uni), va disparaître étant donné qu'il est profondément lié au marché unique.