Les principales Bourses européennes ont ouvert en vive hausse lundi au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle française qui a placé en tête Emmanuel Macron, un résultat qui profite aux actifs financiers français, en premier lieu le CAC 40 et ses valeurs bancaires. L'indice de la Bourse de Paris grimpe de 3,9% à 5.256,60 points vers 07h47 GMT, les banques françaises affichant des progressions comprises entre 6% et 9,5%. Le CAC 40 revient ainsi à ses plus hauts niveaux depuis avril 2015. L'indice plus large SBF 120 (+3,66%) a même renoué avec ses plus hauts depuis décembre 2007. Les investisseurs misaient depuis plusieurs jours sur une qualification d'Emmanuel Macron, donné favori dans les sondages, mais s'étaient inquiétés de la forte progression de Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote, qui aurait pu aboutir à un second tour entre deux eurosceptiques. L'ancien ministre de l'Economie s'est imposé, selon des résultats définitifs, avec 23,75% des votes, devant Marine Le Pen (21,53%), qu'il affrontera au second tour. D'après les sondages, Emmanuel Macron devrait l'emporter largement face à la candidate du Front national. Ce scénario, qui écarte a priori une victoire des partisans d'un "Frexit", est salué par l'ensemble des marchés boursiers en Europe. À Francfort, le Dax gagne 2,5% et à Londres, le FTSE prend 1,6%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro progresse de 3,37%, le FTSEurofirst 300 avance de 1,7% et le Stoxx 600 s'adjuge 1,6%. A l'instar des banques françaises, l'ensemble du compartiment est plébiscité. Le Stoxx 600 des banques bondit de 3,79% et celui des banques de la zone euro grimpe de 6%. Les valeurs cycliques industrielles profitent aussi du regain d'appétit pour le risque : le secteur de la construction gagne 2,7%, l'automobile avance de 2,6% et la chimie progresse de 2,1%. Sur les marchés obligataires, le soulagement autour de l'élection française incite les investisseurs à se positionner sur la dette du pays. Le rendement des obligations de la France à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, recule à 0,7750%, à un plus bas depuis janvier. A l'inverse, celui du Bund allemand de même échéance progresse à 0,3410%, à un plus haut d'un mois. En conséquence, l'écart de rendement, ou "spread", est retombé autour de 45 points de base, contre 62 points vendredi et un plus haut à près de 81 points touché fin février. Sur le marchés des changes, l'euro a été le premier à réagir au verdict des urnes dimanche soir. La devise unique gagne plus de 1% face au billet vert, à 1,0854 dollar, après avoir grimpé jusqu'à 1,0935 dollar dans les premiers échanges en Asie, un plus haut depuis le 10 novembre. La progression de l'euro contre le yen, traditionnelle valeur refuge en cas de tensions sur les marchés, est encore plus marquée. En hausse de plus de 2%, l'euro se traite à 119,50 yens après avoir atteint plus tôt un plus haut de cinq semaines contre la devise japonaise à 120,905 yens. La faiblesse de la devise japonaise a notamment favorisé la Bourse de Tokyo, qui a clôturé lundi en hausse de 1,37%. Autre signe du regain d'appétit pour le risque, l'or recule de près de 1% à 1.271 dollars l'once. Cela pénalise le britannique Randgold (-4,6%), deuxième plus forte baisse du Stoxx 600. Sur les marchés pétroliers, les cours du brut se redressent après avoir chuté de plus de 2% vendredi avec le retour des craintes sur un excédent d'offre. Le Brent repasse au-dessus du seuil des 52 dollars le baril mais le brut léger (WTI) se traite toujours sous les 50 dollars.
L'euro en hausse de 2% L'euro a atteint un plus haut depuis la mi-novembre dans les premières transactions sur les marchés asiatiques après la qualification dimanche soir d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle française. L'euro a bondi de 2% contre la devise américaine à 1,09395 dollar, au plus haut depuis le 10 novembre. La progression de la devise européenne contre le yen, traditionnelle valeur refuge en cas de tensions sur les marchés, est encore plus marquée. Vers 19h30 GMT, l'euro s'échange à 120,905 yens, en hausse de 3% et à un plus haut de cinq semaines. La devise nipponne est en recul de plus de 1% contre dollar. Avec la progression de Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote, les investisseurs s'étaient inquiétés d'un second tour qui aurait opposé le candidat de la France insoumise à Marine Le Pen et abouti à un duel entre deux eurosceptiques. Les primes de risques sur les actifs français s'étaient toutefois réduites dans les jours précédant le scrutin, les sondages prévoyant dans l'ensemble un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen et une très nette victoire du candidat d'En Marche! dans un tel cas de figure. L'écart entre les rendements à 10 ans des obligations d'Etat françaises et allemandes s'était ainsi resserré à un peu plus de 60 points de base vendredi contre un pic à près 80 points de base le 21 février. Il est toutefois loin d'avoir retrouvé ses niveaux de l'été dernier lorsqu'il oscillait autour de 25 points de base. De même, la sous-performance de la Bourse de Paris par rapport à celle de Francfort s'était réduite. En revanche, la demande de couverture contre le "risque extrême", qu'aurait représenté aux yeux des investisseurs un duel entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, avait atteint des niveaux plus élevés encore que lors d'épisodes précédents de stress sur les marchés comme le vote britannique sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en juin dernier ou l'élection américaine du 8 novembre. Le ratio put/call sur l'indice CAC 40 a ainsi atteint un pic à l'approche du premier tour, signe de la volonté des investisseurs de protéger leurs gains, la Bourse de Paris ayant gagné plus de 13% entre la veille de l'élection présidentielle américaine et le vendredi précédant le premier tour de l'élection présidentielle française. L'évolution de la volatilité implicite sur l'euro-dollar à un mois avait aussi bondi à plus de 13% mais sans que l'euro-dollar au comptant ne décale de manière aussi marquée. L'évolution de l'écart entre le nombre des contrats à terme à l'achat et à la vente sur l'euro-dollar, autre mesure du positionnement spéculatif sur l'euro, était toutefois neutre à l'approche du premier tour du scrutin présidentiel français.
Le dollar devenait "trop fort" Donald Trump a estimé que le dollar devenait "trop fort" et que cela pouvait à terme nuire à l'économie américaine, le président des Etats-Unis ajoutant qu'il voudrait des taux d'intérêt rester bas. Au demeurant, son administration ne qualifiera plus la Chine de manipulateur des taux de changes. Donald Trump a déclaré mercredi que son administration n'accuserait plus la Chine de manipulation des taux de changes, prenant ainsi ses distances avec des propos de campagne électorale, tout en affirmant que le dollar devenait " trop fort " et que cela pouvait à terme nuire à l'économie américaine. Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, le président des Etats-Unis a ajouté qu'il voudrait voir les taux d'intérêt à un niveau plus bas. D'ailleurs, sous le coup des déclarations de Donald Trump, le dollar reculait de 0,6% face à un panier de devises internationales. Un porte-parole du département du Trésor a confirmé que le rapport bi-annuel de ce dernier sur les pratiques en matière de changes des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, dont la publication est prévue d'ici la fin de la semaine, ne mentionnera pas que la Chine manipule les taux de changes. " Ils (la Chine) ne sont pas des manipulateurs de taux de changes ", a dit Donald Trump. Lors de sa campagne électorale pour le scrutin présidentiel, le nouvel occupant de la Maison-Blanche avait pourtant dit qu'il accuserait la Chine de manipulation des taux de changes dès le premier jour de son entrée en fonctions. Selon le Wall Street Journal, qui paraphrase le président américain, Donald Trump a changé d'avis sur cette question à la fois parce que Pékin n'a pas agi sur le yuan depuis des mois, et parce que les attaques contre la Chine en ce moment sont susceptibles de mettre en péril les discussions avec le gouvernement chinois concernant la menace nord-coréenne. Les Etats-Unis avaient qualifié la Chine de manipulateur de taux de change pour la dernière fois à 1994. Chuck Schumer, chef de file des démocrates au Sénat, estime dans un communiqué que la décision de Donald Trump de ne pas tenir sa promesse de campagne sur la Chine est " symptomatique de l'absence de vraies mesures fortes sur le commerce " à l'encontre de Pékin. " La meilleure manière d'obtenir la coopération de la Chine dans le dossier nord-coréen, c'est de se montrer intraitable avec le pays concernant le commerce, qui est la priorité numéro un du gouvernement chinois ", a poursuivi l'élu démocrate.