Si le programme économique de Donald Trump a servi de moteur à Wall Street depuis son élection, lui permettant d'enchaîner les records, certains investisseurs craignent que le premier grand discours du du président au Congrès, mardi, ne soit source de déception en manquant de précision ou de détermination. L'indice Dow Jones vient d'aligner 11 séances consécutives marquées par des records, du jamais vu depuis 1987, et le Standard & Poor's-500 affiche un gain de 10% depuis le scrutin présidentiel du 8 novembre, grâce à la perspective d'une politique conjuguant relance budgétaire, baisse de la fiscalité et allègement de la réglementation. Mais les mesures précises et vite applicables sont restées rares depuis et certains jugent que le président américain doit aller au-delà des généralités dans son discours de mardi. "S'il vient pour ne pas dire grand-chose de plus à part que tout sera formidable, on pourrait en arriver, à un moment donné, à voir l'armure se fendiller", dit ainsi JJ Kinahan, responsable de la stratégie de marché de TD Ameritrade. Le risque de repli est d'autant plus élevé que les actions ont atteint des niveaux de valorisation élevés: le S&P 500 se traite à près de 18 fois les bénéfices attendus, bien au-dessus de sa moyenne de long terme de 15, selon les données Thomson Reuters. Dans le discours de mardi, "le marché veut entendre du concret à propos d'une réforme fiscale susceptible d'être soutenue par la base républicaine ou de convaincre des démocrates modérés", explique Alan Gayle, directeur de l'allocation d'actifs de RidgeWorth Investments. "Si le marché commence à douter de la capacité de Trump à tenir ses promesses, je crois qu'on pourrait assez rapidement assister à un repli de 5% du marché."
Le marché veut des précisions Steven Mnuchin, le nouveau secrétaire au Trésor, a alimenté les doutes de certains jeudi en disant vouloir faire adopter une réforme fiscale avant le mois d'août, un objectif jugé ambitieux. Pour Bruce McCain, responsable de la stratégie d'investissement de Key Private Bank, "l'élément qui pourrait interrompre ce rally, c'est une indication laissant entendre que la majeure partie des effets ne sera pas visible cette année. Je crois que ça pourrait faire retomber quelque peu l'enthousiasme." Les investisseurs seront aussi attentifs aux éventuelles déclarations de Donald Trump sur le projet de taxe aux frontières défendu par certains élus républicains du Congrès et sur lequel le président a eu des mots positifs dans un entretien à Reuters jeudi. Au-delà de la réforme fiscale, les investisseurs attendent aussi d'en savoir plus sur l'annulation de l'Affordable Care Act, la loi sur l'assurance santé surnommée "Obamacare", ainsi que sur l'allègement du cadre réglementaire pour les entreprises et sur les dépenses d'infrastructures. Au cours de la semaine écoulée, les valeurs des travaux publics et de la construction ont cédé une partie des gains engrangés depuis l'élection en raison de craintes de voir le plan de relance repoussé à 2018. Pour certains investisseurs, cependant, l'essentiel reste le changement d'état d'esprit à la Maison blanche. "Ce rally du marché actions s'appuie sur le présupposé selon lequel on est passé à Washington, D.C. à une administration 'pro-business' après une administration 'anti-business'", dit ainsi Bruce Bittles, responsable de la stratégie d'investissement de Robert W. Baird & Co. "Je crois qu'au-delà, les détails ne sont que du bruit."
Les places européennes évoluent sur une note prudente Les Bourses européennes évoluent sans grand changement lundi en début de séance, les investisseurs restant attentifs aux incertitudes politiques en Europe et aux Etats-Unis. À Paris, l'indice CAC 40 recule de 0,05% à 4.842,83 points vers 09h56, après avoir gagné jusqu'à 0,5% à l'ouverture. À Francfort, le Dax gagne 0,1% et à Londres, le FTSE avance de 0,28%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro progresse de 0,22% tandis que le FTSEurofirst 300 est quasi-stable (-0,09%). Les craintes entourant l'élection présidentielle en France, et une éventuelle victoire de la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen, tendaient à s'apaiser lundi. Des récents sondages ont suggéré que le candidat Emmanuel Macron pourrait battre facilement Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Ce soulagement était perceptible sur les marchés obligataires, le rendement des obligations souveraines françaises à 10 ans ayant touché un plus bas d'un mois. L'écart de rendement, ou spread, entre l'OAT et le Bund allemand s'est ainsi réduit à environ 71 points de base, après avoir touché un plus haut à 84 points au début de la semaine dernière. Les opérateurs de marché se montrent néanmoins prudents avant le premier grand discours, mardi, du président américain Donald Trump au Congrès. Ils espèrent que cette intervention permettra d'apporter des précisions sur les projets de réforme fiscale et de dépenses en infrastructures, et de conforter la forte progression des places boursières américaines depuis l'élection du nouveau président. Aux valeurs, le titre LSE chute de plus de 3% à la Bourse de Londres après avoir prévenu que son projet de fusion avec Deutsche Börse pourrait ne pas être approuvé par la Commission européenne, ouvrant la voie à un possible échec du rapprochement entre les deux opérateurs boursiers européens. A Francfort, l'action Deutsche Börse décroche de 4,86% et à Paris, Euronext abandonne 4,15% alors que le projet d'acquisition de Clearnet par l'opérateur français était conditionné au succès de la fusion LSE-Deutsche Börse. En Italie, l'action Intesa Sanpaolo bondit de 5,68%, signant la meilleure performance de l'EuroStoxx 50 et de l'EuroFisrt 300, après avoir été réservée à la hausse en tout début de séance. La banque a annoncé avoir renoncé à son projet de rapprochement avec Assicurazioni Generali (-4,4%). Sur le marché des changes, la livre sterling est pénalisée par des craintes sur l'organisation d'un éventuel référendum sur l'indépendance en Ecosse. Le gouvernement autonome écossais envisage "très sérieusement" pour l'année prochaine un nouveau référendum sur l'indépendance, a déclaré jeudi dernier un conseiller du gouvernement écossais. De son côté, l'euro progresse de 0,12% à 1,0573 dollar, dans la foulée de l'apaisement des craintes sur l'élection présidentielle en France. Sur le marché pétrolier, les cours du Brent gagnent 1,3% à 56,74 dollars et le brut léger américain progresse de 1% à 54,56 dollars.
L'euro en très légère hausse L'euro montait très légèrement face au dollar lundi, les deux devises hésitant l'une face à l'autre, après une semaine marquée par les incertitudes politiques européennes et avant le discours de Trump sur l'état de l'Union devant le Congrès américain. Vers 07H00 GMT (08H00 HEC), l'euro valait 1,0567 dollar contre 1,0561 dollar vendredi soir. La devise européenne était quasiment stable face à la monnaie nippone à 118,47 yens pour un euro contre 118,42 yens vendredi. Le billet vert se stabilisait face à la devise japonaise, à 112,12 yens pour un dollar contre 112,13 yens vendredi soir. Les incertitudes politiques demeurent sur le continent européen avant les élections néerlandaise et française, pour lesquelles les candidats eurosceptiques d'extrême droite sont en mesure de faire d'excellents scores. Les cambistes se demandent toujours également si la Réserve fédérale (Fed) effectuera dès mars un resserrement monétaire qui profiterait au dollar, mais ils n'ont pas trouvé cette semaine d'indication précise en ce sens dans les "minutes" de la dernière réunion de la banque centrale. Vendredi, deux indicateurs sur l'économie américaine - une hausse moindre que prévu des ventes de logements neufs en janvier ainsi qu'un recul moins marqué qu'attendu du moral des ménages ce mois-ci - n'ont guère semblé changer la donne. Les acteurs des marchés attendent cette semaine parmi lesquels le discours de Donald Trump sur l'état de l'Union du 28 février. "Ceux qui pariaient sur une hausse du dollar du fait des réformes budgétaires attendues font face à un tempo plus lent que prévu qui pourrait geler la demande de dollars si Trump ne clarifie pas ses propositions budgétaires", a indiqué dans un commentaire Stephen Innes de OANDA. Vers 07H00 GMT, la livre britannique reculait face à la monnaie européenne, à 85,12 pence pour un euro, et face au billet vert, à 1,2414 dollar pour une livre. Le franc suisse baissait un petit peu face à l'euro, à 1,0649 franc pour un euro, et se stabilisait face au dollar, à 1,0077 franc pour un dollar. La devise chinoise valait 6,8735 yuans pour un dollar contre 6,8691 yuans vendredi à 15H20 GMT.