Le changement de prince héritier en Arabie saoudite va jouer en faveur du développement des contacts russo-saoudiens. Le nouveau prince héritier s'est rendu plusieurs fois à Moscou et contrairement à son prédécesseur Mohammed ben Nayef Al Saoud, il est moins dépendant des Etats-Unis. C'est ce qu'ont déclaré des sources diplomatiques saoudiennes qui ont confié également que Mohammed ben Salmane Al Saoud était responsable des relations avec Moscou pour le royaume. De plus, cette nomination du nouvel héritier du trône pourrait rapprocher la visite du roi d'Arabie saoudite en Russie. D'après des sources diplomatiques saoudiennes informées, Mohammed ben Salmane est disposé à réduire l'influence de Washington sur Riyad. "L'héritier est responsable depuis longtemps du développement des relations avec la Russie et souhaite qu'il s'intensifie. La nomination de Mohammed ben Salmane Al Saoud jouera un rôle positif dans le développement des relations bilatérales, dans lesquelles il perçoit beaucoup de potentiel. En outre, la question relative à la visite du roi en Russie sera évoquée plus activement", indique une source. Le roi d'Arabie saoudite Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, 81 ans, a promu son fils, ministre de la Défense âgé de 31 ans, prince héritier. Sa décision a été soutenue par 31 des 34 membres du Conseil d'allégeance. Le jeune prince est ainsi devenu numéro 2 de l'Etat après que le neveu du roi Mohammed ben Nayef a démissionné de son propre gré et immédiatement prêté allégeance au futur monarque. Mohammed ben Salmane Al Saoud s'est rendu à plusieurs reprises à Moscou où il a été reçu au plus haut niveau. Sa dernière visite date de fin mai 2017: il avait évoqué avec le président russe Vladimir Poutine un large éventail de questions, des cours pétroliers à la lutte contre le terrorisme en passant par l'avenir de la Syrie. Le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique, souligne que "Moscou espère recevoir prochainement le roi d'Arabie saoudite". Pour sa part, le politologue américain Theodore Karasik du centre Gulf State Analytics à Washington estime que le nouveau prince héritier adoptera une position plus positive envers la Russie que son prédécesseur. Moscou souhaite développer des relations constructives avec le royaume. Hormis les différents problèmes au Moyen-Orient, y compris le processus de paix syrien, les questions de coopération énergétique figurent également à l'agenda bilatéral de Moscou et de Riyad. L'Arabie saoudite joue un rôle majeur au sein de l'Opep et en cas de dialogue productif les parties pourraient déboucher sur une coordination plus productive sur le marché pétrolier.
"Le retour du schéma habituel ?" La décision du roi d'Arabie saoudite de remplacer l'ex-prince héritier Mohammed bin Nayef par son fils Mohammed ben Salmane atteste de l'achèvement de la phase de gouvernance "à trois niveaux" et marque le retour au schéma habituel de gouvernance dans ce pays, estime l'ex-ambassadeur russe en Arabie saoudite Andreï Baklanov. Le vice-président de l'Association des diplomates russes, conseiller du vice-président du Conseil de la Fédération et ex-ambassadeur russe en Arabie saoudite Andreï Baklanov, estime que le remplacement du prince héritier dans ce pays arabe atteste d'un renforcement de la "position d'une partie du pouvoir suprême de l'Arabie saoudite directement liée à la famille royale et au fils du roi". M. Baklanov, cette décision annonce le retour au schéma habituel de la gouvernance en Arabie saoudite, à savoir que le roi désigne son fils comme prince héritier. D'après M. Baklanov, les autorités saoudiennes se sont retrouvées dans une situation difficile et ont compris que "ce trio (le roi, son fils Mohammed ben Salmane et l'ex-prince héritier Mohammed bin Nayef) semblaient un peu artificiel, et n'était qu'une solution provisoire". L'expert a fait remarquer que pendant tout ce temps, le roi a délégué une partie de ses pouvoirs à son fils et non au prince héritier. Et d'ajouter que Mohammed ben Salmane poursuivrait la politique énergique qu'il avait engagée alors qu'il n'était encore que le prince héritier en second. "Durant cette période, Mohammed ben Salmane a entrepris un certain nombre de mesures énergiques, remarquables et significatives dans le domaine économique […], ainsi que sur le plan international, et en termes de visites à l'étranger et de participation à des réunions, y compris avec nos autorités", poursuit M. Baklanov. Et de conclure: "Il ne s'agirait donc pas d'un changement de position, mais au contraire d'une consolidation de la politique et des décisions prises par le roi jusque-là". D'après l'expert, cette consolidation est liée notamment à la recherche d'un modèle optimal de développement économique et financier pour l'Arabie saoudite.