Un colonel des forces loyales à l'ex président yéménite Ali Abdallah Saleh et deux rebelles Houthis ont été tués dans des affrontements entre les deux camps, dans une escalade sans précédent entre ces alliés. Le colonel Khaled al-Rida a été tué dans des accrochages à Sanaa samedi soir, indique le parti du Congrès populaire général (CPG) dans un communiqué. Il était le chef adjoint des relations avec l'étranger au sein du parti de M. Saleh. Alors que le CPG ne nomme pas directement les rebelles Houthis, il accuse un "groupe qui n'a aucune moralité" d'être responsable de la mort du colonel, une référence à peine voilée à ces insurgés, avec lesquels le camp de Saleh connaît de vives tensions. L'agence de presse Saba dirigée par les rebelles a de son côté fait état de la mort de deux membres des Comités populaires, largement dominés par les Houthis, dans des accrochages samedi soir à Sanaa. Selon des sources du CPG, des violences ont éclaté après une altercation entre des hommes des deux camps à un point de contrôle situé à proximité des bureaux de la présidence, où siège M. Saleh, dans le secteur de Hadda. Depuis septembre 2014 et la prise de la capitale Sanaa par les rebelles, M. Saleh est officiellement allié aux Houthis, rebelles issus de l'importante minorité zaïdite, qu'il avait pourtant longtemps combattus durant sa présidence (1990-2012). Les Houthis et les pro-Saleh ont réussi à repousser les forces progouvernementales vers le Sud, qui ont été sauvées in extremis grâce à l'intervention en mars 2015 d'une coalition militaire arabe dirigée par l'Arabie saoudite. Mais des fissures sont récemment apparues au grand jour entre le chef Houthi Abdel Malek al-Houthi et M. Saleh, qui ont échangé des accusations de "trahison" dans des discours télévisés. M. Saleh avait notamment suggéré que ses alliés étaient une "milice" et les rebelles l'avaient prévenu qu'il "assumerait les conséquences" de ces déclarations. Les Houthis soupçonnent M. Saleh de négocier, derrière leur dos, avec la coalition arabe. Ce dernier, soutenu par l'Arabie saoudite alors qu'il était président, accuse quant à lui les Houthis de vouloir concentrer le pouvoir entre leurs mains. Depuis mars 2015, le conflit a fait 8.400 morts et 48.000 blessés, dont de nombreux civils, et provoqué une grave crise humanitaire. Une épidémie de choléra a ainsi fait quelque 2.000 morts et plusieurs régions de ce pays pauvre sont au bord de la famine.
La coalition arabe reconnaît avoir visé par "erreur" des civils à Sanaa La coalition arabe sous commandement saoudien opérant au Yémen a reconnu samedi dans un communiqué avoir visé par "erreur" des civils lors d'un raid qui a fait 14 morts, dont cinq enfants, la veille à Sanaa. Après avoir enquêté, il s'est avéré qu'une "erreur technique" était à l'origine du raid meurtrier, a affirmé la coalition dans le communiqué publié par l'agence saoudienne SPA. La coalition "regrette les victimes civiles collatérales occasionnées par cet accident involontaire et présente ses condoléances aux familles et proches des victimes", a indiqué son porte-parole, le colonel Turki Al-Malki. Le raid en question a visé deux bâtiments à Faj Attan, un quartier résidentiel dans le sud de la capitale, contrôlée depuis 2014 par les rebelles Houthis. La coalition, intervenue au Yémen en mars 2015 pour soutenir les forces gouvernementales face aux rebelles Houthis, a par ailleurs accusé ces derniers d'avoir "installé un centre de commandement et de communications au milieu de ce quartier résidentiel afin de se servir des civils comme boucliers humains". Les civils paient un lourd tribut dans la guerre qui oppose les forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition, aux rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh. La coalition arabe a été accusée à maintes reprises d'avoir tué des civils lors de ses bombardements aériens. La coalition a déjà reconnu des "erreurs" ayant causé la mort de civils, comme lors d'une frappe ayant visé une cérémonie de funérailles à Sanaa en octobre 2016 qui avait fait plus de 140 morts.