La reprise est suffisamment solide en France pour permettre au gouvernement de réduire la dépense et les déficits publics sans entraîner d'effet récessif sur l'économie, et ce dès 2018, selon les ministres de l'Economie et des Comptes publics. Dans une interview publiée dans Le Monde datée de mardi, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin se défendent en outre de préparer un projet de budget 2018 favorable aux plus aisés et rappellent qu'il doit permettre à la France de sortir de la procédure européenne de déficit excessif. Sans surprise, ce projet de budget, qui sera dévoilé le 27 septembre, repose sur une prévision de croissance de 1,7% de l'économie française l'an prochain, soit le niveau figurant dans la trajectoire dévoilée en juillet pour le débat d'orientation des finances publiques. "Ce sera 1,7%", a déclaré Gérald Darmanin lundi matin sur BFMTV. "Nous espérons faire mieux mais nous sommes exactement dans la moyenne de ce qu'imaginent les économistes." Le gouvernement a revu aussi en hausse sa prévision de croissance pour 2017, à 1,7% également contre 1,6% prévu jusqu'à présent, pour tenir compte également de l'évolution du consensus des économistes, a-t-on précisé à Bercy. "Notre hypothèse de croissance du PIB pour 2018 est sincère", explique Bruno Le Maire dans Le Monde, "la reprise est solide et nous permet de faire des choix de réduction de la dépense publique". "Choix courageux" "Nos choix courageux doivent nous permettre de sortir en 2018 de la procédure européenne de déficit public excessif", ajoute-t-il, ce qui nécessitera deux années consécutives de déficit public inférieur à 3% du PIB. Celui-ci doit être ramené cette année à 3,0%, contre 3,4% fin 2016, et baisser à 2,7% en 2018 selon la trajectoire publiée en juillet, pour tomber à 0,5% à la fin du quinquennat. Selon Les Echos à paraître mardi, la prévision de déficit a été revue à la baisse, à 2,9% du PIB pour 2017, par rapport aux 3% annoncés en juillet. Pour 2018, le quotidien, qui ne cite pas ses sources, évoque un déficit de 2,6 % au lieu de 2,7%. L'exercice est rendu délicat par les baisses de charges et d'impôts promises par Emmanuel Macron, qui ont déjà donné lieu à des aménagements pour éviter un dérapage des comptes publics. La transformation du crédit d'impôt compétitivité emploi en baisse de charges pour les entreprises a ainsi été décalée d'un an, à 2019, et la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages étalée sur trois ans. Pour les mêmes raisons, en 2018, la suppression des cotisations des salariés pour les assurances chômage et maladie se fera en deux temps (janvier et octobre), ce qui ramènera l'effort de baisse des prélèvements à dix milliards d'euros, contre 11 milliards prévu à l'origine. Gérald Darmanin précise que la dépense publique devrait baisser de l'équivalent de 0,7 point de PIB l'an prochain, soit près de 16 milliards d'euros, un objectif là aussi en retrait par rapport à la trajectoire de juillet, qui situait la baisse à 0,9 point de PIB (20 milliards d'euros). La différence tient à un léger mieux attendu en 2017, avec une croissance supérieure aux attentes initiales, et un effort global légèrement moins prononcé en 2018, la dépense publique devant passer d'une année sur l'autre de 54,6% à 53,9% du PIB (contre de 54,7% à 53,8% annoncé en juillet), a-t-on appris de source proche de Bercy .
1 600 postes de fonctionnaires d'etat en moins Pour la méthode, il promet une politique qui "est tout le contraire de la purge et du rabot", avec des objectifs "que nous pourrons atteindre grâce à une grande réflexion sur les missions et l'efficacité du service public". Les infrastructures de transport, les aides à l'emploi et au logement concentreront les baisses de crédits publics l'an prochain, a confirmé le ministre. Pour les fonctionnaires, appelés à faire grève le 10 octobre, il assure que, malgré le gel du point d'indice de leur grille salariale, leur rémunération augmentera sur le quinquennat et que la hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) en 2018 leur sera intégralement compensée. Le PLF 2018 ne prévoira que 1.600 suppressions de postes dans la fonction publique d'Etat, le gouvernement voulant réfléchir au périmètre du service public avant de mettre en oeuvre pour de bon les engagements d'Emmanuel Macron (120.000 fonctionnaires en moins en cinq ans), indique le ministre. S'agissant de fiscalité, le projet de budget intègrera la réforme de l'ISF et la création d'un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital. Accusé de favoriser les plus aisés, le gouvernement fait valoir les gains de pouvoir d'achat liés à la suppression des cotisations salariales et d'une partie de la taxe d'habitation. Gérald Darmanin a souligné que le PLF 2018 inclurait une "part importante" des hausses du minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé promises sur le quinquennat.