Reportage préparé par : Saïd B. La célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif (la naissance du Prophète que le Salut soi sur lui) est devenu chez les spéculateurs un des créneaux importants pour renflouer leurs caisses sans se soucier de la dangerosité des produits pyrotechniques qu'ils vendent surtout aux " enfants " et bien évidement cela leur importe peu que le citoyen soit " brûlé " par ces produits et leurs prix. C'est le cas pour la prochaine célébration de cette fête religieuse qui coïncide avec ce vendredi 1er décembre 2017. Il est vrai qu'une partie de la responsabilité repose sur les parents. Mais, faut-il aussi ne pas oublier qu'une fête n'a de fête que la joie des enfants alors pour certains, il faut bannir ces produits dangereux qui foisonnent et qui se vendent d'une manière illicite alors que d'autres estiment par contre qu'il faut laisser les enfants s'éclater durant cette fête pour commémorer la naissance du prophète alors que les troisièmes estiment qu'il faut être entre le juste milieu.
Des avis qui divergent Pour les premiers dont des chefs de famille et des responsables de l'Etat, il faut "boycotter" les produits pyrotechniques (pétards) illégalement commercialisés. C'est le cas justement de de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) qui, en perspective de la célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif, son président, Zaki Hariz, déclare que "La FAC met en garde contre l'usage de ces produits dangereux qui font leur apparition dans le marché informel chaque année durant la célébration de la fête religieuse". La mise en garde de la FAC est également consolidée par une campagne d'information et de sensibilisation axée sur "la responsabilité parentale" face à ce phénomène qui expose les enfants à de graves accidents. L'usage des produits pyrotechniques cause chaque année des blessures à divers degrés de gravité tant aux utilisateurs qu'aux tierces personnes, rappellent certains citoyens contre le fait de fêter le Mawlid avec des pétards aussi dangereux que parfois mortels. Ammi Ahmed, retraité, fait remarquer d'abord qu' "avant, les pétards n'étaient pas aussi dangereux que cette fois-ci, où on remarque de " véritables bombes " sur le marché, si j'ose m'exprimer ainsi. Et devant cet état d'esprit et le jeu de certains qui veulent mener nos enfants vers la violence, je préfère qu'on interdise même la vente de ces produits dangereux. On peut toujours fêter le Mawlid juste avec des bougies, du henné, de bons dîners et une longue veillée entre membres de la famille pour rester dans nos anciennes coutumes plus respectueuses et surtout loin de tout danger". Afifa, un jeune mère de famille estime que " célébrer cette fête religieuse ne veut pas dire laisser ses enfants faire ce qu'ils veulent en les encourageant à acheter des produits pyrotechniques d'une part très chers et d'autre part et surtout très dangereux. L'année dernière les médias algériens ont rapporté beaucoup d'incidents voire des décès lors de cette fête religieuse. Alors basta, que nos enfants soient sécurisés en suivant les directives des imams qui n'ont jamais encouragé à fêter ce jour avec des pétards. Ce ne sont pas les prescriptions de l'Islam. D'ailleurs, lance-t-elle, si le Prophète était vivant de nos jours, je suis certaine qu'il aurait refusé de fêter sa naissance avec des pétards ", a-t-elle conclu montrant clairement son refus de courir le moindre risque aux enfants. Par contre pour sa part, Mohamed, ce jeune père de trois enfants (deux filles et un garçon) déclare que " Je ne peux concevoir une fête du mouloud sans les "M'harek " depuis que j'étais enfant je le faisais avec mes parents avec " noualates, Ch'maâ et petits pétards pour nous les garçons et le henné et les chants pour les filles. Et je veux donc que mes enfants puissent être bien joyeux pour bien fêter ce Mawlid. ". Khalti Aïcha, fait remarquer pour sa part que " Je ne comprends pas que des Algériens célèbrent les fêtes des autres religions (Noël, Jour de l'an…) alors que chez-nous, on nous sort cette histoire de " danger " des pétards pour nous dissuader de fêter la naissance de l'une des personnalités que Dieu a choisie pour nous sortir des ténèbres. Eh bien, moi je vais me joindre à mes enfants qui sont des parents et mes petits-enfants pour fêter ce Mawlid avec des pétards comme on le faisait jadis : c'est-à-dire en restant près des petits pour éviter des incidents ".
De la sagesse du bon vieux temps Plus sagement et sans trop s'impliquer dans le débats des produits pyrotechniques, Aâmti Saliha se rappelle bien que de son temps " La veille du Mouloud, on récitait nous petites filles et jeunes garçons) le Coran avec de nombreux concours de chants coraniques et de psalmodies avec des " dourousses " (cours religieux au sein des mosquées pour mettre l'accent sur la vie de notre prophète que le salut soit sur lui. Après la prière du maghreb, la veillée religieuse débute avec l'accueil des fidèles dans les mosquées et les zaouïas. De grandes maisons regroupaient tous les membres des familles, ainsi plusieurs générations se retrouvent rassemblées pour fêter ensemble la naissance de notre Prophète dans la convivialité et la bonne humeur. La veille, dès que la nuit commence à tisser ses fils noirs, on allume des bougies pour chaque membre de la famille et même les absents ne sont pas oubliés, les mamans mettaient du henné sur les mains des enfants en chantant "Zad anabi wa frahna bih" (le prophète est né et nous en sommes ravis). Les plus âgés transmettent leurs sagesses en éclairant les jeunes des secrets d'une culture jalousement gardée et surtout suivie. On lit le coran jusqu'aux premières lueurs du Sobh, avec parfois des psalmodies, des dikrs, appelés "el-mouloudiyate". Mieux encore, certains parents saisissaient cette occasion pour faire circoncire leurs garçons. En ce jour du Mouloud, poursuit Aâmti Saliha, nous les mamans préparions la "tamina" (gâteau à base de semoule grillée, miel et smen ou beurre) en lançant des youyous dès l'aube. On mange du couscous ou de la "rechta" (pâtes fraîches à la sauce blanche), du "rougag" (feuilles à base de semouline très fine arrosées de sauce) ou autres plats selon les régions et les coutumes de chacun, comme la fameuse "tchakhtchoukha" à l'est du pays. ". Voilà comment on passait cette journée avec des bougies au cours de la nuit et des parfums spécifiques en ce jour de fête où la convivialité enveloppait la communauté musulmane. ". Aâmti Saliha poursuit sa description de la manière avec laquelle on célébrait cette fête religieuse d'El Mawlid en indiquant que " les enfants commençaient avec l'explosion des pétards et des feux d'artifices auxquels répondent les youyous des femmes, les cris de liesse des enfants, les rires en cascades… Mais, c'était des pétards moins dangeureux qu'aujourd'hui et puis on a toujours un adulte pour surveiller ces enfants de ces jeux pour éviter qu'ils ne se fassent du mal ", a conclu Aâmi Saliha.
Attention danger ! Mais, aujourd'hui, on est passé à un jeu très dangereux avec des pétards aussi " nuisibles " que mortels. Tenez, il y a une diversité de produits pyrotechniques tels que l'on se retrouve avec des " surnoms " bien " actualisés " pour ces pétards dont on n'entendait pas parler auparavant. Ceci sans évoquer des prix qui " brûleront " les poches de tout citoyen. Jugez-en : on y trouve des pétards, des fusées, des fumigènes et même des… mini grenades vendus, au vu et au su de tout le monde ! Des produits pyrotechniques très dangereux, de tous les calibres et à tous les prix. On cite entre autres, "Mergueza, Chitana, Boumba, TNT, Double Bombe, Triple Bombe, grenades, Zerbout, Cristiano Ronaldo, la Tueuse, Pétards-missiles, Ben Laden". Ce sont des pétards, qui ressemblent plus à de véritables arsenaux de guerre, comme on en voit dans les films américains. Il y a même des pistolets pour lancer les Doubles Bombes que vous pouvez fabriquer vous-mêmes…
Les prix varient entre 100 DA jusqu'à 10.00DA et qui dit mieux ! Pour les pétards classiques, le prix est fixé entre 100 et 200 DA. "Daesh" est une " bombe " qui coûte 700 dinars. Des feux d'artifice sont venus entre 600 et 1200 DA. Quant aux bougies et autres babioles moins dangereuses, elles sont cédées entre 70 et 100 DA. Et les prix sont excessivement chers car, expliquent ces vendeurs " illicites ", il y a des saisies de la part des agents de sécurité tous corps confondus des articles qu'ils veulent écouler… N'empêche que des parents encouragent leur enfant à en acheter malgré les risques qu'encourent leurs progénitures. Quant aux prix et leur répercussion sur leur budget de la vie quotidienne, on l'oublie, juste cette journée avant de se rendre compte de sa " perte " pure et simple…