Bien avant la grotesque suspension de leur équipe olympique, les athlètes russes ont été à plusieurs reprises visés par des décisions peu ordinaires des juges comme des responsables olympiques. La suspension de l'équipe russe des JO d'hiver de Pyeongchang peut, avec un peu de distance, être perçue comme le comble du drame olympique en plusieurs actes repartis sur plusieurs années. En effet, les athlètes russes ont connu bien des épisodes controversés aux Jeux olympiques qui ont suscité un tollé médiatique à l'époque et tout un éventail de réactions. Scandale du patinage à Salt Lake City Lors de la tenue des JO d'hiver de 2002 à Salt Lake City, les Russes Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze ont remporté la compétition de patinage artistique devant les Canadiens Jamie Salé et David Pelletier, avec un minuscule mais suffisant écart dans les notes des juges. Le public nord-américain a hué pendant la présentation des notes, et les athlètes canadiens ont eu du mal à accepter leur médaille d'argent. La réaction des médias américains et canadiens, qui évoquaient la mauvaise foi de la juge française Marie-Reine Le Gougne, a poussé la situation jusqu'au tollé international. Enfin, Jamie Salé et David Pelletier ont obtenu leurs propres médailles d'or, Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze ayant quant à eux été autorisés à conserver leurs médailles. Une seconde cérémonie protocolaire a été organisée, alors que la juge française a été suspendue pour "faute".
Aleksey Nemov et la rage Aleksey Nemov, l'un des gymnastes les plus médaillés de tous les temps, a sans doute vécu un moment de "vérité absolue" aux Jeux olympiques d'Athènes de 2004. Lors de la finale à la barre fixe, le Russe a réalisé une fabuleuse performance pour recevoir une note totale modeste, jugée injuste par le public présent dans la salle. En raison des protestations, la compétition a dû être interrompue pendant un quart d'heure. Sous la pression, les juges ont réévalué l'exercice en améliorant légèrement la note finale de Nemov, ce qui n'a pas apaisé le public. Finalement, le gymnaste s'est tourné lui-même vers les gradins afin de demander le calme. Cette controverse a débouché sur une réforme du code de pointage mise en œuvre en 2006. Plusieurs juges impliqués dans la décision ont été suspendus, et des excuses officielles ont été présentées à l'athlète russe.
La chute de Perdita Felicien Au cours de ces mêmes Jeux d'Athènes, dans le 100 mètres haies femmes, la Canadienne Perdita Felicien a marché sur la première haie avant de tomber au sol, emmenant avec elle la Russe Irina Shevchenko. La partie russe a alors déposé une réclamation, mais les responsables ont rejeté ses arguments au terme de deux heures de discussions. La course a été remportée par l'Américaine Joanna Hayes avec un nouveau record olympique.
Médaille de platine pour Plushenko Les fans du patineur artistique Evgeny Plushenko, tout comme le sportif lui-même, ont subi un coup dur lors des JO de Vancouver en 2010, lorsque le jury ne lui a accordé que la médaille d'argent pour sa performance riche en figures extrêmement difficiles. Plushenko, grand favori qui faisait son retour après trois ans d'absence, a été devancé par l'Américain Evan Lysacek qui n'avait cependant pas réalisé de quadruple saut pendant son programme libre. Furieux, le Russe a fustigé la décision des juges, ajoutant qu'il n'était "plus prêt à bien patiner et perdre". "Je réalise des figures plus difficiles que celles des autres, mais ils ne l'apprécient pas", a lancé le patineur. Sur son site officiel, il s'est lui-même adjugé "la médaille de platine" des JO de Vancouver.
Participation aux JO 2018 Les membres de l'Assemblée olympique russe ont annoncé mardi dernier leur décision concernant l'envoi de l'équipe nationale aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang. Ils ont pris en compte la position des champions potentiels. L'Assemblée olympique, organe suprême du Comité olympique russe (ROC), a approuvé mardi la décision des sportifs russes de participer aux JO d'hiver 2018 en Corée du Sud en acceptant les conditions imposées par le Comité international olympique (CIO). "Toutes les personnes présentes ont été unanimes: nos sportifs doivent aller en Corée pour concourir et gagner. L'Assemblée olympique a appuyé à l'unanimité la déclaration des sportifs qui se sont dit prêts à participer aux JO 2018 malgré la décision injuste du CIO. Dans le même temps, l'Assemblée soutient tous les sportifs, même ceux qui décideront de ne pas y aller", a déclaré le président du Comité olympique russe Alexandre Joukov. Les représentants des équipes russes de curling, de hockey sur glace, de patinage sur piste courte et de patinage artistique, ainsi que des champions olympiques et des entraîneurs de renom ont pris part à la réunion de l'Assemblée. Le 5 décembre dernier, le CIO a suspendu le Comité olympique russe sur fond d'un scandale de dopage, interdisant ainsi l'utilisation du drapeau et de l'hymne russes lors des prochains Jeux olympiques d'hiver. Toutefois, les sportifs russes auront le droit de participer aux compétitions à Pyeongchang sous la bannière olympique à condition de répondre à plusieurs critères: ne pas avoir été disqualifiés pour dopage, avoir subi tous les contrôles anti-dopage recommandés et avoir respecté les autres recommandations anti-dopage formulées par une commission spéciale du CIO. Le 11 décembre, la plupart des champions potentiels s'étaient prononcés pour la participation aux JO 2018 avec le statut neutre, lors d'une réunion de la Commission des sportifs présidée par l'escrimeuse Sofia Velikaya. Selon M. Joukov, le ROC accordera une assistance aux sportifs qualifiés pour les JO de Pyeongchang qui n'auront pas reçu l'invitation du CIO ou qui ont décidé de ne pas participer aux Jeux. "Nous espérons que tous les meilleurs sportifs russes recevront une invitation du CIO. Nous devons également nous renseigner auprès du CIO sur les détails de l'uniforme des sportifs russes et d'autres questions techniques", a indiqué M. Joukov lors d'une conférence de presse. La Russie s'était assurée 208 qualifications olympiques avant que le CIO n'adopte des sanctions contre son comité national. À présent, c'est au CIO de décider combien d'athlètes porteront le nom de "sportif olympique de la Russie" en Corée du Sud. Les Jeux olympiques d'hiver 2018 auront lieu du 9 au 25 février à Pyeongchang.