La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas modifié ses taux directeurs, résistant aux appels à un nouveau geste monétaire pour stimuler une économie qui donne des premiers signes de sortie de la récession. La BCE a également dit qu'elle achèterait directement des obligations sécurisées et partir de juillet et jusqu'en juin 2010 au plus tard. La Banque d'Angleterre (BoE) a également observé le statu quo monétaire, gardant son taux d'intervention à 0,5%, tandis que le Danemark a annoncé une baisse des taux de 10 points de base à 1,55%. La BoE a fait savoir qu'elle poursuivait son programme de rachat d'actifs de 125 milliards de livres (143 milliards d'euros) pour enrayer la récession, tandis que la BCE rachètera elle pour 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées. Son président Jean-Claude Trichet a livré jeudi les modalités opératoires de cette opération. "Les achats, d'un montant total de 60 milliards d'euros, seront répartis dans l'ensemble de la zone euro et il s'agira d'achats directs", a-t-il dit, lors de son habituelle conférence de presse faisant suite à la décision monétaire de la BCE. Estimant que les risques pour les perspectives économiques sont globalement équilibrés, Trichet pense en outre qu'"après une activité extrêmement faible au premier trimestre, la contraction (de l'activité) pour le restant de l'année se fera sans doute à des taux bien moins négatifs". La Réserve fédérale, qui, comme la BoE et la Banque du Japon, a réduit les taux en deçà du seuil de 1% qui correspond au taux de refinancement de la BCE, se penche déjà sur la possibilité d'augmenter les taux pour maîtriser les retombées des énormes plans de relance économique engagés. Dans la mesure où les taux d'intérêt de la planète n'ont dans l'ensemble jamais été aussi bas, les banques centrales se posent la lourde question de savoir quand il sera temps de commencer à absorber les sommes gigantesques qui ont été déversées sur les marchés durant l'année écoulée. Si, pour l'essentiel, les nouvelles économiques restent maussades, des signes d'amélioration ne s'en manifestent pas moins quotidiennement. Les inscriptions au chômage ont baissé pour la troisième semaine d'affilée aux Etats-Unis et les ventes au détail ont augmenté mensuellement en avril dans la zone euro pour la première fois en cinq mois, ce qui est de bon augure pour les dépenses de consommation en dépit du contexte de récession, même si cette reprise est timide. Et La baisse des inscriptions au chômage et la hausse de la productivité ont amené Wall Street à ouvrir en hausse mais par la suite le Dow Jones était étale. Autre bon point macroéconomique: les prix immobiliers ont augmenté en mai en Grande-Bretagne à leur cadence la plus soutenue en six ans et demi. Les rendements obligataires longs montent car les marchés doivent absorber une offre d'emprunts souverains énorme afférente aux divers plans de relance économique mis en place de par le monde. Et l'on en vient à craindre que cette montée des taux longs ne vienne étouffer les prémisses de la reprise. "Le marché restera instable. Après une bonne performance durant trois mois consécutifs, on est tenté de prendre ses bénéfices en dépit du fait qu'on observe de plus en plus de signes d'une reprise bourgeonnante", commente Franz Wenzel (AXA Investment Managers). Pour le président de la Fed de Kansas City Thomas Hoenig, la hausse des taux de rendement longs US est un avertissement adressé à la banque centrale, afin qu'elle commence à durcir sa politique monétaire pour juguler tout risque de résurgence de l'inflation. Outre-Atlantique, le chaland, confronté au chômage et au marasme de l'immobilier, était à la recherche de bonnes affaires ou se confinait aux achats des produits de première nécessité en mai et de ce fait bon nombre de distributeurs ont raté leurs objectifs de vente qui étaient pourtant bas. Costco Wholesale, Target et BJ's Wholesale ont tous fait état de baisses plus marquées que prévu.