La conférence de l'ONU sur le développement économique et le financement qui s'est achevée mardi à Doha a souligné dans son communiqué final que la réforme financière à l'échelle mondiale doit considérer les intérêts des pays en voie de développement (PVD), surtout ceux des plus pauvres pays et des marchés émergents. "Les mesures visant à combattre la crise doivent comporter des réformes qui assureront un système financier mondial plus équitable et stable, qui fournira une base pour le développement durable et juste de tous les pays", a indiqué le rapport de prévision mondiale, adopté finalement par la conférence. La communauté internationale doit résister aux résolutions simplistes pour résoudre la crise financière actuelle, parce qu'elles "ne règleront pas les causes fondamentales de la crise", a appelé la conférence dans le rapport. Par ailleurs, la conférence a également souligné l'importance "du soutien supplémentaire pour les pays en voie de développement" dans la lutte contre la crise financière mondiale. Face aux menaces et défis, la communauté internationale doit prendre des actions "comme une globalité", a indiqué le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, évoquant la nécessité d'élaborer un plan de relance au sens mondial afin de satisfaire les besoins des économies émergentes et des pays développés. En Europe, Bruxelles réclame une rémunération d'au moins 10% pour les prêts des Etats aux banques. La France, qui prévoit un taux de 8% pour ses banques, ne respecte donc pas la norme csalculée par la Banque centrale européenne (BCE). La France attendait le feu vert de la Commission européenne pour lancer son plan de recapitalisation de 10,5 milliards d'euros. Le Crédit Agricole devait recevoir 3 milliards, BNP Paribas 2,55 milliards, et la Société Général 1,7 milliards dans le cadre de ce dispositif. Le président de la commission européenne José Manuel Barosso avait estimé dimanche que le plan français de recapitalisation des banques pouvait "poser des problèmes de concurrence déloyale et détruire des banques saines". Dans un projet de texte, la Commission demande une rémunération d'au moins 10%. Selon elle, il s'agit d'un montant "suffisamment élevé pour que moins de garde-fous soient nécessaires". D'après Les Echos, elle juge que les banques auront d'autant plus intérêt à rembourser rapidement les fonds publics que le taux d'intérêt du prêt sera fort. Elle propose également des taux de rémunération progressifs. Autre solution envisagée : interdire aux banques aidées de verser des dividendes aux actionnaires. Pour sa part, la Banque centrale européenne (BCE) va procéder jeudi à sa troisième baisse de taux directeurs en deux mois pour soulager l'économie, le seul suspense porte sur son ampleur. "La décision sera serrée entre 50 et 75 points de base", estime Alexander Krüger, de la Bankhaus Lampe. Et l'exercice des prévisions n'est cette fois pas aisé pour les économistes. Une large réduction de trois quarts de point - qui ferait tomber le principal taux directeur à 2,50% - serait une première dans l'histoire de la BCE, qui fête cette année ses dix ans. Il y a un mois, les gardiens de l'euro en avaient discuté, mais n'avaient pas osé sauter le pas. C'est pourquoi, et même si la rapide dégradation de l'économie le justifie, nombre d'experts estiment que la prudence reprendra le dessus et voient l'institution réduire à nouveau d'un demi-point, comme le 8 octobre lors de l'action concertée avec ses homologues mondiales, et comme début novembre. Le débat ne semble pas encore tranché au sein du conseil des gouverneurs, qui va se réunir jeudi à Bruxelles. Personne ne sait combien de temps va durer la récession, avait ainsi souligné Ewald Nowotny, gouverneur de la banque centrale d'Autriche. Mieux vaut garder des munitions pour l'avenir, et donc ne pas ouvrir trop grand les vannes du crédit. Comparée à ses consœurs américaine, britannique ou suisse, "la BCE reste en retrait", regrette le chef économiste en Europe de la Bank of America, Holger Schmieding. "Mais le temps paraît mûr pour que la BCE aussi se montre plus courageuse", ajoute l'expert. La détérioration des perspectives conjoncturelles, illustrée dans toutes les statistiques publiées récemment, conjuguée à un coup de frein brusque de l'inflation, exige une réaction ferme de la BCE. Le taux d'inflation dans la zone euro est tombé à 2,1% en novembre, selon l'estimation d'Eurostat, en raison de la chute des prix des matières premières et des aliments. En octobre, il était encore de 3,2% sur un an. Le marché anticipe un geste fort de la BCE. Les pouvoirs publics l'espèrent. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a récemment jugé les conditions réunies pour un geste "très clair" sur les taux. Le chef de fil des ministres des Finances des Quinze de l'euro, Jean-Claude Juncker, a lui aussi encouragé la BCE lundi à continuer à desserrer encore les conditions du crédit. En abaissant son principal taux directeur, la BCE permet aux banques de se refinancer à meilleur marché.Elles répercutent en général cet allègement sur le taux du crédit qu'elles accordent aux particuliers et aux entreprises, favorisant la consommation et les investissements industriels. Mais la crise de confiance entre établissements de crédit, qui rechignent à se prêter entre eux, a grippé le mécanisme. D'où la nécessité, selon de nombreux experts, de réduire très vite et très bas le principal taux pour faciliter un redémarrage des prêts interbancaires, vitaux pour l'économie.