Dossier réalisé par : Saïd B. Lorsqu'on constate le choix des étudiants de passer de l'université aux centres de formation professionnelle et que 64 % des promoteurs des projets des micro-entreprises financés sont issus de la formation professionnelle, on comprend bien la valeur de ce secteur dans le développement du pays, d'une manière générale et de l'économie nationale en particulier. Mieux encore, avec la nouveauté que les pouvoirs publics viennent d'instituer pour la saison scolaire en cours à travers le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels, il est évident qu'on s'attendra à un nouvel essor de cette branche très prisée par les jeunes, faut-il, bien le faire remarquer. Ce qui veut dire que la formation professionnelle a déjà relevé des défis et s'apprête donc à en relever d'autres à partir de cette saison où on notera avec satisfaction cette mesure de l'Etat, à savoir la mise en œuvre de "la nouvelle organisation du cursus d'enseignement professionnel, pour mieux répondre aux besoins et à la demande". Il est donc important de savoir que cette nouvelle organisation s'articule autour du Brevet d'enseignement professionnel (BEP), en remplacement du Diplôme d'enseignement professionnel du premier degré (DEP1) et du Diplôme d'enseignement professionnel du deuxième degré (DEP2), ainsi que le Brevet d'enseignement professionnel supérieur (BEPS), couronnant le deuxième cycle de l'enseignement professionnel. Cette nouvelle organisation s'explique par le fait que le ministère du secteur a constaté que l'enseignement professionnel "ne répondait pas beaucoup à toutes les attentes escomptées". C'est alors que le gouvernement a décidé de la mise en place d'une "nouvelle architecture pour le rendre plus attractif et pour répondre aux besoins et à la demande des élèves admis, du cycle moyen vers le secondaire". Le partenariat avec l'entreprise et l'insertion dans le monde du travail L'objectif essentiel, pour cette rentrée, est, sans conteste, l'amélioration de la qualité de la formation, et cela, dans le cadre de l'adéquation formation-besoins en ressources humaines qualifiées-emploi. Ce qui implique la poursuite de l'organisation du partenariat avec l'entreprise, et de façon générale, avec tout l'environnement économique, à l'image de ce qui se fait dans le monde. Il faut noter que la politique du secteur de la formation professionnelle accorde une place importante au partenariat, comme vecteur de l'amélioration de la qualité de la formation initiale et continue. Le partenariat permet d'obtenir une meilleure visibilité des besoins en formation et une plus grande implication des entreprises économiques dans les processus d'ingénierie pédagogique. Pour le département ministériel de Mohamed Mebarki, le partenariat avec l'entreprise permet aussi, l'augmentation des offres de formation par apprentissage, et donc, facilite l'insertion des jeunes diplômés dans le monde du travail. Effectivement, c'est avec l'entreprise qu'il est "possible d'assurer la promotion de l'apprentissage, qui est une autre préoccupation du secteur, parce qu'il constitue un objectif majeur pour le système de formation professionnelle. Le secteur continuera à accorder à ce mode de formation, une attention particulière, parce qu'il répond mieux aux besoins de l'entreprise économique et facilite l'employabilité des jeunes formés". Le département de Mohamed Mebarki met le paquet pour moderniser et actualiser des méthodes de formation, selon les évolutions des métiers et des technologies, pour répondre, de manière rapide et efficace, aux besoins des conjonctures économiques et sociales du pays.
Chiffres à l'appui Quant à l'insertion des diplômés, les données fournies par les agences relevant du ministère du Travail sont encourageantes en termes de choix de formations et de spécialités. Le bilan du 4e trimestre 2016, établi par l'ANEM, montre que 83% des demandeurs d'emploi, inscrits à l'ANEM, trouvent du travail en moins de 6 mois, 10%, parmi ceux qui restent sont insérés en moins d'une année. C'est-à-dire que 93% des demandeurs d'emploi, diplômés de la formation professionnelle, trouvent du travail en moins d'une année. Pour cette rentrée, 380 spécialités couvrant les 22 branches professionnelles, couronnées par des diplômes, dont 240 sont programmées en mode résidentiel, 364 en mode par apprentissage. 101 spécialités visent l'obtention d'un certificat de qualification, ouvertes au profit des jeunes n'ayant pas accompli leur cycle post-obligatoire, soit 25 spécialités de plus par rapport à la rentrée de 2016. S'agissant de la formation continue au profit des travailleurs, le ministre du secteur a affirmé que les conventions conclues dans ce domaine ont permis au secteur de former près de 50.000 travailleurs par an dans différentes spécialités et ce, dans le cadre du perfectionnement, du recyclage et du changement d'emploi, indiquant que le secteur a proposé un projet de décret exécutif pour une meilleure organisation de la formation continue au profit des travailleurs. De plus, plus d'un demi-million de jeunes Algériens ont créé des micro-entreprises qui ont permis la création de plus de 1,2 million d'emplois depuis une vingtaine d'années, comme l'a si bien indiqué récemment le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali. Encore faut-il préciser que plus de 60 % des personnes ayant suivi une formation par apprentissage ont été recrutées par les entreprises au sein desquelles elles ont été formées, d'où l'importance dévolue à ce mode de formation. En outre, la durée du stage pratique effectué dans les entreprises économiques permet à l'apprenti d'acquérir les rudiments nécessaires à l'exercice de son métier. De plus, et dans le cadre du dispositif de l'Assistance à l'insertion professionnelle (DIAP), plus de 2 millions de jeunes ont bénéficié de ce dispositif à l'échelle nationale depuis sa création en 2008. Actuellement, seuls 500.000 jeunes sont insérés dans le cadre du DIAP dans le secteur administratif. Le reste a été recruté à titre permanent ou dans le cadre des micro-entreprises, a précisé le ministre. Enfin, il y a juste quelques jours, le Directeur général de cet organisme, Mohamed Tahar Chalal a annoncé qu'"Au total 367.566 placements des demandeurs d'emploi ont été effectués par l'ANEM durant la période allant du 1er janvier au 31 octobre 2017, dont 322.194, réalisés dans le secteur économique, soit 88 %". II a souligné, en outre, que sur l'ensemble des demandeurs d'emploi, 79% sont des primo-demandeurs, 76% ont moins de 35 ans et que 31% sont issus de l'enseignement supérieur, alors que 22% sont issus de la formation professionnelle.
Adoption d'un avant-projet de loi sur le marché du travail Il est important de signaler au passage que l'avant-projet de loi relative à l'apprentissage, a été adopté le mois passé lors d'un Conseil des ministres présidé par Abdelaziz Bouteflika, président de la République. Cet avant-projet a pour objectif principal de refondre et adapter le système de formation professionnelle aux besoins de l'économie nationale et de faciliter l'insertion des jeunes demandeurs d'emploi dans le monde du travail. L'Algérie possède un dispositif de formation et d'enseignement professionnels en mesure de prendre en charge 600.000 stagiaires chaque année, souligne le communiqué du Conseil des ministres, précisant que ce dispositif est notamment encadré par une législation qui a déjà subi plusieurs amendements, et qu'il s'avère utile de refondre totalement en tenant compte de la Constitution révisée qui dispose que l'Etat œuvre à la promotion de l'apprentissage, orientation déjà prise en charge dans le programme du secteur pour la période en cours. Le projet de loi qui accorde une place centrale à l'apprentissage, propose une démarche qui s'adapte aux besoins de l'économie nationale et qui associe largement les entreprises et les employeurs. Ainsi, il est prévu l'implication des employeurs dans la définition des besoins en matière de formation et d'apprentissage, ainsi que l'ouverture de toutes les entreprises présentes dans le pays, à l'accueil des apprentis. L'encadrement de l'apprentissage sera assuré par les pouvoirs publics, y compris avec la création d'un corps d'inspecteurs dédiés à cette mission. Le projet de loi prévoit également des encouragements aux apprentis à travers le versement d'un présalaire et la garantie de leurs droits sur les brevets de leurs inventions éventuelles. Enfin, un dispositif de conciliation est prévu pour statuer sur les éventuels litiges lors de l'exécution des contrats d'apprentissage.
Des aides de l'Etat Au sujet des infrastructures d'accueil, les établissements de formation et d'enseignement professionnels, fonctionnels cette année, sont au nombre de 1.228, et répondent aux besoins prévus, parmi lesquels 126 INSFP, 10 IEP pour l'enseignement professionnel et 5 centres de formation spécialisés pour handicapés physiques, et tout cela pour une capacité pédagogique totale de quelque 300.000 postes de formation (PF), en résidentiel, et une capacité d'accueil en internat de 57.280 places (lits). D'ailleurs pour cette rentrée 2017-2018, le ministère a réceptionné 18 établissements, dont 8 INSFP dans 8 wilayas, 6 CFPA dans 6 wilayas et 4 IEP, en sus de 5 nouvelles structures qui ont ouvert leurs portes, pour la première fois, en septembre 2017, à savoir 3 INSFP et 2 CFPA. De plus et concernant les moyens techniques, 119 équipements technico-pédagogiques ont été réceptionnés au profit des établissements, notamment ceux nouvellement créés, installés sur site et à mettre en fonctionnement, à l'occasion de cette rentrée de septembre dernier. D'autre part, il y a lieu de noter la réception de 26 sections informatiques destinées aux wilayas d'Annaba, Béchar, Jijel, Laghouat, Mascara, Oum El-Bouaghi, Tiaret et Tizi Ouzou. 84 autres équipements sont livrés et installés au fur et à mesure (dont 11 spécialités liées à l'informatique). Pour le personnel enseignant, et formateur, le nombre de postes d'encadrement technico-pédagogique permanent dépasse les 28.000 postes budgétaires. Ce nombre permettra donc d'assurer un encadrement correct au niveau des établissements de formation. Par ailleurs, on enregistre la promotion de 2.530 bénéficiaires, dont 2.017 formateurs, la prise en charge des dossiers de formation statutaires des personnels du secteur, dont 1.180 formateurs recrutés et ayant terminé la formation pédagogique de 6 mois, sans oublier la formation complémentaire avant la promotion, pour 2.293 bénéficiaires, la formation spécialisée pour accéder au grade d'intendant-gestionnaire de 60 bénéficiaires et enfin le recyclage et le perfectionnement des personnels pour 2.891 bénéficiaires. Sur les 442 spécialités que compte la nomenclature des branches et des spécialités, 380 spécialités réparties sur 22 branches professionnelles sanctionnées par des diplômes, sont programmées à travers les différents établissements. A l'occasion de cette rentrée, il y a lieu de noter pour la première fois, des spécialités nouvelles, notamment dans le champ du numérique. Plus de 100 spécialités ont été programmées au profit des jeunes sans niveau scolaire à l'image des filières installation sanitaire, habillement et textile, agriculture, élevage des petits animaux, coiffure hommes, pressing, hôtellerie, carrosserie peinture… L'offre globale de la rentrée de septembre 2017avoisine les 370.000 postes de formation nouveaux, venus s'ajouter aux 300.000 postes de formation reconduits au titre de cette rentrée pour constituer un nombre total de 670.000 postes de formation. Parmi les 370.000 postes de formation nouveaux, 18.000 postes sont prévus dans les établissements privés de formation professionnelle. A la rentrée de février 2017, la formation par apprentissage avait enregistré 58,60% du nombre total des inscrits à une formation dite "diplômante, l'objectif étant de dépasser le taux de 60% des inscrits pour 2018-2019, avait rappelé M. Mebarki. L'année 2018 devra connaître une relance de l'emploi à la faveur de certaines décisions du Gouvernement, dont la levée du gel sur des projets de développement, notamment dans les secteurs de l'éducation nationale, de la santé ainsi que de l'hydraulique. Mieux encore, la nouvelle politique du gouvernement compte sur le génie des jeunes et leurs innovations afin d'investir de nouvelles branches qui prendront le relais des hydrocarbures.