Les cours du pétrole reculaient mercredi en Asie, les marchés s'inquiétant d'une augmentation de la production américaine de pétrole de schiste et d'une éventuelle sortie de la Russie de l'accord Opep. Vers 04H10 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, perdait 12 cents à 63,61 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, cédait 16 cents à 68,99 dollars. Après avoir clôturé mardi en baisse sous l'effet de prises de bénéfices, les cours avaient commencé par grimper en Asie mais sont repartis en sens inverse à la mi-journée. D'après les analystes, le brut est soutenu par une demande plus forte ainsi que par la chute des stocks mais est vulnérable à l'augmentation de la production de pétrole de schiste américain. "Les marchés s'attendent à ce que la production américaine atteigne bientôt les 10 millions de barils par jour, et qu'elle rivalise avec Moscou en tant que leader mondial", a jugé Greg McKenna, analyste chez AxiTrader. "Les cours pourraient être sujets, au moins à court terme, à un nouveau recul". Pour Stephen Innes, analyste chez Oanda, les marchés s'inquiètent d'un éventuel retrait russe de l'accord conclu avec l'Opep pour limiter la production jusqu'à la fin de l'année. "Bien sûr, certains craignent que la Russie est prête à mettre fin à son partenariat avec l'Opep", a-t-il déclaré. Il a toutefois relevé qu'il était "trop tôt pour s'engager dans cette voie", "tant qu'on aura pas mis au point une méthodologie simple et quantifiable de ce qui serait le rééquilibrage du marché mondial". "Le fait est que ni l'Opep ni ses camarades d'armes ne peuvent supporter une nouvelle dégringolade significative des cours".
Une pause après une rapide envolée La veille, les prix du pétrole new-yorkais et londonien ont terminé en baisse mardi après avoir atteint leur plus haut niveau depuis décembre 2014, déclenchant quelques prises de bénéfices alors que la hausse de la production américaine commence à faire craindre une correction. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a terminé à 63,73 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), perdant 1,08 dollar par rapport à la clôture d'une séance raccourcie la veille et 57 cents par rapport à vendredi. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a clôturé à 69,15 dollars, en baisse de 1,11 dollar par rapport à la clôture de lundi. Le WTI est monté lundi jusqu'à 64,89 dollars et le Brent jusqu'à 70,37 dollars. "Le marché se montre particulièrement solide depuis deux semaines, en particulier en raison de la forte baisse des réserves aux Etats-Unis", a souligné Kyle Cooper d'IAF Advisors. "On assiste simplement (ce mardi) à un peu de prises de bénéfices." "Les cours sont montés très haut, très vite, et on s'approche de niveaux de résistance aussi bien sur le WTI que sur le Brent", le baril coté à Londres, a aussi justifié Matt Smith de ClipperData. "Les positions sur le marché sont telles que le marché appréhende un mouvement de recul au moindre élément pouvant justifier un repli des cours", a-t-il ajouté. Au-delà de la baisse des stocks d'or noir américains, "la hausse récente (du cours du brut) a été conduite par des fondamentaux du marché solides, avec une croissance de la demande soutenue, et un respect de l'accord de l'Opep qui réduit les réserves mondiales et fait grimper les prix à court terme", ont rappelé les analystes de Goldman Sachs. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est associée à dix autres producteurs, dont la Russie, pour limiter leur production en 2017, un accord qui a été renouvelé à deux reprises et est actuellement prévu pour durer jusqu'à fin 2018.
Répondre aux prix élevés Mais face à la hausse des prix, de plus en plus d'acteurs du marché s'inquiètent d'un possible rebond de la production, notamment aux Etats-Unis. "Même si les producteurs savent se contrôler, ils vont bien devoir répondre à ces prix élevés", se sont inquiétés les analystes de Goldman Sachs. "Nous ne pensons pas, par ailleurs, que la demande de pétrole peut être la même à 40 dollars le baril et à 70 dollars le baril", a complété Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Interrogé sur un éventuel retrait de l'accord de l'Opep compte tenu de l'augmentation des prix du pétrole, le ministre de l'Energie russe Alexandre Novak a répondu: "Il faut voir comment les choses vont évoluer sur le marché. De toute façon, si l'on parle des surplus, ils ne sont toujours pas équilibrés." "Nous devons continuer à agir en fonction de l'accord, afin de ne pas réagir à des évènements éphémères ponctuels", a-t-il ajouté selon des propos rapportés par les agences russes, en soulignant que "les prix du baril [n'étaient] pas l'élément principal" pour la Russie.