Le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Mohamed Mebarki, a annoncé jeudi à Alger, que son secteur proposait pour la session de février 2018, plus de 290 000 nouveaux postes pédagogiques avec élargissement des offres à l'ensemble des centres de formation et introduction de nouvelles spécialités. Lors de sa réunion avec les directeurs de formation du territoire national, en préparation de la prochaine session de février, le ministre a précisé que "le secteur propose plus de 290.000 nouveaux postes de formation", en introduisant deux nouvelle spécialités (installation réseau télécommunications et conseiller téléphonique pour les personnes aux besoins spécifiques). Il a ajouté qu'en application de la stratégie du gouvernement qui exige d'adapter la formation professionnelle aux besoins du monde du travail et de l'économie, il a été programmé 370 spécialités réparties sur 22 branches professionnelles et sanctionnées par un diplôme d'Etat, et 80 autres spécialités dans la formation qualifiante au profit des jeunes qui n'ont pas achevé le cursus scolaire obligatoire. Les offres de formation ciblent notamment les filières prioritaires pour le gouvernement à savoir l'industrie, l'agriculture et le tourisme, et ce, dans le but de contribuer à la croissance économique. Ainsi, les filières industrielles représentent un taux de plus de 22 % du nombre global des offres, suivies du secteur de l'hôtellerie (plus de 10 %), et des filières de l'agriculture et de l'agro-alimentaire (plus de 7 %). Le ministre a fait état par ailleurs d'une baisse sensible dans les offres de formation aux techniques administratives et de gestion, dont le taux actuel est de l'ordre de 12 %, contre 20 % auparavant, un recul que M. Mebarki justifie par l'adaptation au monde du travail. Les établissements de formation privés "assurent 14.400 postes de formation dont 8400 formations diplômantes et 6000 autres qualifiantes". Concernant les structures d'accueil, le ministre a annoncé l'ouverture de 20 nouveaux établissements et le recrutement de 2000 nouveaux formateurs afin de couvrir les besoins du secteur. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que son département procèdera progressivement à réunir toutes les conditions pour intégrer la langue amazighe dans les cursus de formation et d'enseignement professionnels, ajoutant qu'elle sera introduite dans une première étape, dans l'enseignement professionnel qui accueille des stagiaires initiés à Tamazight durant leur parcours scolaire. La liste des filières et des spécialités sera parachevée cette année, a-t-il dit, rappelant qu'elle a été élaborée sur la base de celle de 2012 et les études réalisées par l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) sur l'intégration des diplômés du secteur. Dans une déclaration à la presse en marge de cette réunion, le ministre a souligné que pas moins de 50% des diplômés du secteur sont recrutés sans expérience professionnelle, le stage effectué dans les entreprises économique faisant foi. Le projet de loi relatif à l'apprentissage, qui sera prochainement présenté devant le Parlement, permet aux entreprises économiques de recruter les diplômés ayant suivi des stages à leur niveau, sans passer par les mécanismes d'emploi mis en place par l'Etat pour faciliter l'intégration professionnelle des jeunes.
Des formations incitant les PME à recruter davantage La CGEA lancera, à partir d'aujourd'hui, des sessions de formation au profit des responsables des ressources humaines au sein des petites et moyennes entreprises (PME) algériennes pour les aider à mieux exploiter le marché du travail et recruter davantage auprès des diplômés de la Formation professionnelle (FP), a indiqué jeudi la présidente de cette confédération patronale, Mme Saïda Neghza. "Nous allons inaugurer, le 27 janvier à Alger, ces sessions de formation, en accueillant 40 représentants d'entreprises. La deuxième session aura lieu le 3 mars et sera organisée à Oran. Ensuite, et progressivement, ces formations seront généralisées à travers toutes les wilayas du pays", a déclaré à la presse la présidente de la confédération générale des entreprises algériennes, en marge d'un atelier sur la FP organisé par la même confédération. Pour lancer ce projet, baptisé "l'académie sociale", la Cgea a recouru à l'assistance technique du Bureau international du travail (BIT), et ce, à la suite d'une étude commune réalisée par ces deux partenaires, a-t-elle fait savoir. "L'étude que nous avons menée sur plusieurs années et sur plusieurs secteurs a montré que les entreprises algériennes ne recrutaient pas assez auprès des diplômés de la formation professionnelle en Algérie. Ce sont les conclusions de cette étude qui nous ont poussés à établir un programme de formation pour aider les responsables des ressources humaines au sein des entreprises à mieux exploiter le marché du travail", a, pour sa part, déclaré le secrétaire général de la confédération, M. Mahfoud Magati. L'objectif escompté par ce projet est d'établir une "interconnexion" entre la PME et le secteur de la formation professionnelle qui doit, à son tour, orienter davantage ses programmes de formation selon les besoins réels du marché, a-t-il soutenu. A ce titre, il a salué une récente instruction du ministre de la FP invitant les entreprises à ne plus exiger aux postulants à un emploi une expérience professionnelle préalable. L'académie sociale a pour ambition de permettre aux DRH formés de mieux maîtriser les ressources humaines, ainsi que l'évaluation des CV, l'étude du marché de l'emploi, les besoins de la PME en matière de recrutement et les critères du recrutement. Une fois formés, "ces responsables comprendront mieux le marché du travail et ses composantes et auront donc une idée plus claire sur les compétences disponible au sein de la FP", selon le même responsable. Pour sa part, le Directeur régional Afrique du Nord du BIT à Alger, M. Mohamed Ali Deyahi, a mis l'accent sur la "dualité" constatée sur le marché algérien de travail: d'un côté des milliers de jeunes diplômés de la FP qui ne trouvent pas d'emplois, et de l'autre, des entreprises qui veulent recruter mais qui peinent à trouver une main-d'œuvre qualifiée. Cette problématique est d'autant plus préoccupante que le chômage chez les jeunes algériens tourne autour de 29-30% au moment où 75% de la population algérienne a moins de 35 ans, a-t-il noté. Le consultant en PME, Omar Denni, a tenté de démontrer, lors d'une communication présentée à cette occasion, l'écart entre le potentiel important que recèle le secteur de la FP et le faible taux d'employabilité au sein du même secteur. L'ANEM (Agence nationale de l'emploi) a indiqué que l'année 2017 a enregistré 903.000 nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi, alors que les emplois offerts effectivement durant la même année ont été de 453.000 emplois. Et paradoxalement, le secteur de la FP, qui forme annuellement quelque 700.000 personnes, recourent aux entreprises, à hauteur de 80%, pour ce qui est du mode de formation basé sur l'apprentissage. Mais, ces mêmes entreprises trouvent des difficultés à recruter auprès des diplômés de la FP, en raison de leur "faible qualification", a fait remarquer cet expert.