Fin février, l'Ukraine et la Pologne entreprendront une nouvelle tentative d'arrondir les angles dans leurs relations. A la fin du mois prochain, Kiev et Varsovie tenteront une nouvelle fois d'améliorer leurs relations en organisant une réunion de la commission bilatérale pour les questions historiques sous la direction des vice-premiers ministres Pavel Rozenko et Piotr Glinski, ainsi qu'un entretien du ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavel Klimkine avec son nouvel homologue polonais Jacek Czaputowicz, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Kiev doute que ces réunions puissent permettre de régler les différends qui s'accumulent ces dernières années. Les relations entre l'Ukraine et la Pologne ont commencé à se détériorer à cause d'une différence d'appréciation de différents événements historiques, avant tout de la tragédie de Volhynie dans les années 1940. Une partie évoque un "mouvement de libération nationale" et glorifie les hommes de l'Armée insurrectionnelle de l'Ukraine (UPA), l'autre parle de génocide et considère les hommes de l'UPA comme des criminels. Au centre des débats: le nom de Stepan Bandera, héros pour les nationalistes ukrainiens, criminel pour les nationalistes polonais. En parallèle se pose la question du statut des autorités polonaises sur une partie du territoire de l'Ukraine au début du XXe siècle. L'ex-ministre polonais des Affaires étrangères Witold Waszczykowski avait provoqué cet automne un scandale à Lvov en refusant démonstrativement de visiter le musée-mémorial national en hommage aux victimes des régimes d'occupation à cause des propos de la direction de ce musée, qui avait déclaré qu'en 1918 la Pologne avait "occupé une partie de l'Ukraine". Avec la nomination du nouveau chef de la diplomatie polonaise, l'Ukraine comptait sur le rétablissement des relations bilatérales. Kiev voyait Varsovie comme "l'avocat de l'Ukraine en Europe", tout en ayant conscience du rôle de la Pologne en tant que conducteur de la politique américaine en Europe de l'Est. "C'est des USA que dépend aujourd'hui l'évolution de la situation en Ukraine, sans parler des perspectives de règlement du conflit dans le Donbass", a déclaré une source. Les présidents des deux pays, Petro Porochenko et Andrzej Duda, sont convenus d'organiser en début d'année une réunion de la commission pour les questions historiques. Mais alors que la réunion de la commission et l'entretien des chefs de diplomatie des deux pays était en cours de préparation, une nouvelle prémisse à la détérioration des relations a fait son apparition: les députés polonais ont soutenu récemment l'adoption d'amendements instaurant une responsabilité pénale pour le déni public des crimes des nationalistes ukrainiens pendant la Seconde Guerre mondiale, désormais passible d'une amende ou d'une peine de trois ans d'emprisonnement. Le ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine a dit "regretter que le thème ukrainien soit utilisé une nouvelle fois dans la politique nationale en Pologne", et que "les pages tragiques de notre passé historique commun continuent d'être politisées". Le parti ukrainien Svoboda, représenté au parlement ukrainien par plusieurs députés, a exigé du président Porochenko qu'il condamne immédiatement la décision des députés polonais et renvoie le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavel Klimkine "pour ce nouvel échec de la diplomatie nationale". Petro Porochenko n'a encore fait aucun commentaire à ce sujet.