Le Parlement ukrainien aurait dû nommer hier un Premier ministre, a écrit hier le quotidien Vedomosti. L'examen et le vote devraient finalement avoir lieu jeudi, a annoncé hier aux journalistes Oleg Tiagnybok, leader du parti d'extrême-droite Svoboda (Liberté). Le député du Parti des régions Mikhaïl Tchetchetov espère également que le gouvernement sera formé aujourd'hui. Selon les membres du Parti des régions et les communistes passés dans l'opposition, la course aux postes empêche l'ancienne opposition - aujourd'hui la nouvelle majorité - d'avancer un candidat au poste de Premier ministre. L'absence de position commune empêche de s'entendre sur un candidat, explique le député communiste Pavel Rozenko. Il faut au moins 226 personnes pour approuver un nouveau gouvernement mais les trois fractions Svoboda, Udar et Patrie ne disposent pas d'autant de sièges. Il faut comprendre qui fait partie de la coalition sinon il est difficile d'avancer, explique Pavel Rozenko. D'après lui, depuis hier Patrie et Svoboda ont commencé à prendre plus au sérieux la position d'Udar. Selon le député du parti Patrie Andreï Chevtchenko, le Premier ministre devra être un candidat commun. Quoi qu'il en soit, le gouvernement sera dirigé par un représentant de la majorité, probablement le chef de la fraction Patrie Arseni Iatseniouk, déclare Mikhaïl Tchetchetov. La presse ukrainienne écrivait hier qu'il avait les meilleures chances d'être nommé Premier ministre, tout en citant d'autres candidatures comme celle de l'homme d'affaires Petr Porochenko. Porochenko a plus de chances d'être nommé, estime l'ex-député et président du Parti patriotique d'Ukraine Nikolaï Gaber : malgré son leadership actif, Iatseniouk ne sera pas accepté par le Maïdan. Selon lui, la compétition et l'incompréhension au sein de l'opposition s'accroissent : Udar et Svoboda n'arrivent pas à comprendre pourquoi certains postes sont déjà occupés par des représentants de Patrie alors qu'ils avaient leurs propres représentants - par exemple au poste de ministre de l'Intérieur occupé par Arsen Avakov. Udar insiste sur la coordination des candidats aux postes de Premier ministre et de ministres avec le Maïdan. Ses représentants seront largement représentés au gouvernement, estime Andreï Chevtchenko. Ioulia Timochenko a rencontré hier la haute représentante de l'Union pour la politique étrangère Catherine Ashton et la question du gouvernement n'a pas été évoquée : elles ont parlé de la situation économique du pays. Timochenko a suggéré de créer un groupe de travail pour la reprise des programmes d'aide financière au profit de l'Ukraine avant la formation du nouveau gouvernement, a expliqué Grigori Nemiria, président de la commission parlementaire pour l'intégration européenne. La situation en Crimée a été étudiée hier par le conseil de sécurité nationale et le chef d'état-major Iouri Iline s'est rendu à Sébastopol, où le maire Vladimir Iatsouba a été renvoyé et le conseil municipal a nommé Alexeï Tchaly à sa place, qui n'est pas reconnu par les autorités, favorables à Kiev. Selon une source du ministère russe de la Défense, la flotte de la mer Noire est actuellement en service en Crimée en régime habituel et les rumeurs d'une projection des forces russes en Crimée sont infondées. Meeting en Crimée contre les nouvelles autorités de Kiev Des habitants de Crimée, réunis devant le Parlement de cette région autonome de l'Ukraine à population majoritairement russophone, appellent les autorités locales à ne pas reconnaître le nouveau pouvoir installé à Kiev. Près de 200 personnes, essentiellement des hommes d'âge moyen, occupent la place située près du Parlement. La plupart d'entre eux arborent le ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire du peuple russe dans la Seconde Guerre mondiale. Les manifestants ne portent ni de pancartes ni de logos de partis politiques. Près de 160 policiers sans casques, boucliers et matraques sont également rassemblés devant le parlement régional de la Crimée. Des habitants de la péninsule ont lancé mardi une action à durée indéterminée en signe de protestation contre l'arrivée des nationalistes au pouvoir à Kiev. Les manifestants réclament notamment le rétablissement de la Constitution en vigueur en Crimée de 1992 à 1998. Ce document accordait à la région le droit d'élire son président et de pratiquer une politique extérieure indépendante. Les manifestants réclament également un référendum permettant à la population de choisir le futur statut de la Crimée: rester une république autonome au sein de l'Ukraine, devenir un Etat indépendant ou réintégrer la Russie.
Kiev apprécie l'appel de Moscou à la non-ingérence Kiev attache une grande importance à l'appel lancé mardi par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Etat ukrainien, annonce la diplomatie ukrainienne dans un communiqué. "L'Ukraine accorde une grande importance à la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères comme à une des parties du mémorandum de Budapest (du 5 décembre 1994) sur l'inadmissibilité de toute ingérence dans les affaires de l'Ukraine et l'importance du développement de cette dernière en tant que membre de la famille européenne", dit le ministère ukrainien dans un communiqué. A cette étape de l'évolution de la situation politique, l'Ukraine est particulièrement intéressée par le soutien de la part de la communauté internationale des efforts visant à stabiliser l'économie nationale et prévenir toute menace contre la souveraineté de l'Etat. Mardi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré, lors d'une conférence de presse à Moscou, que la Russie ne s'ingérait pas dans la situation politique en Ukraine et espérait que ses partenaires internationaux suivraient la même logique. Samedi 22 février, au mépris des ententes intervenues entre les chefs de file de l'opposition et le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, la Rada Suprême (parlement) a modifié la Constitution, limogé certains ministres et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. Les députés ont également confié les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada, Alexandre Tourtchinov.
Moscou appelle l'OSCE à condamner les tendances nationalistes Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à condamner les tendances nationalistes et néofascistes dans l'ouest de l'Ukraine, indique un communiqué de la diplomatie russe diffusé à l'issue d'une rencontre entre M. Lavrov et le secrétaire général de l'OSCE, Lamberto Zannier. "Sergueï Lavrov a invité l'OSCE à condamner de la façon la plus résolue l'intensification des tendances nationalistes et néofascistes dans l'ouest du pays, ainsi que les appels des nationalistes à interdire l'usage du russe, à transformer la population russophone en apatrides, à limiter la liberté d'expression et à fermer les partis politiques indésirables", lit-on dans le communiqué. La Rada Suprême a aboli dimanche 23 février la loi définissant les fondements de la politique linguistique de l'Etat ukrainien, adoptée début juillet 2012. Ce texte accordait au russe le statut de langue régionale dans les régions où les russophones constituent plus de 10% de la population, soit dans 13 des 27 subdivisions administratives du pays, dont Kiev, la capitale.
L'Ukraine doit choisir son propre avenir, non entre les USA ou la Russie Pour choisir son avenir, Kiev n'a pas à décider entre la Russie et les Etats-Unis, Washington étant disposé à travailler conjointement avec Moscou sur le règlement de la situation en Ukraine, considère le secrétaire d'Etat américain John Kerry. "Ce n'est pas l'Occident contre l'Orient, ça ne doit pas l'être. Ce n'est pas soit la Russie soit les Etats-Unis. Le fait est que le peuple ukrainien choisit son avenir. Nous souhaitons coopérer avec la Russie et d'autres pays pour assurer désormais une évolution pacifique de la situation, l'horrible violence sur le Maïdan ayant choqué le monde entier", a indiqué M. Kerry lors d'une conférence portant sur la prévention de la violence sexuelle dans les zones de conflits. Présent à la conférence, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a souligné de son côté que l'autonomie du peuple ukrainien dans le choix de son avenir répondait aux intérêts nationaux de son pays. Samedi 22 février, au mépris des ententes intervenues entre les chefs de file de l'opposition et le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, la Rada Suprême (parlement) a modifié la Constitution, limogé certains ministres et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. Les députés ont également confié les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada, Alexandre Tourtchinov. Mardi, Moscou a confirmé sa position de non-ingérence dans les affaires internes de l'Etat ukrainien, invitant ses partenaires à suivre l'exemple de la Russie.