L'Afrique de par ses ressources naturelles est également convoitée pour sa matière grise. Un phénomène qu'aucune politique économique n'a réussi à freiner. Dans le domaine de la santé, ils sont quelque 9 000 médecins africains à exercer aux Etats-Unis, la première puissance économique mondiale. Les experts tirent la sonnette d'alarme et se penchent sur cet exode véritable saignée pour le Continent noir. Sid Ali Boukrami, expert financier, souligne le manque de performance dans la mise en place des "mécanismes économiques qui restent non fonctionnels". C'est un des aspects dont l'Afrique enregistre un grand retard. L'Algérie n'est pas en reste puisqu'elle est également touchée de plein fouet par ce phénomène de "la fuite des cerveaux". Sid Ali Boukrami, invité de la radio Chaîne III, a fait savoir que la politique d'assainissement des entreprises publiques menée durant "les 20 dernières années, est très coûteuse". Il estime que les efforts financiers consentis par les différents gouvernements pour "préserver 500 000 emplois, représentent 5 fois plus le coût de la création d'emplois", un véritable casse-tête pour tous les gouvernements africains, qui n'arrivent toujours pas à mettre en œuvre une politique économique cohérente. D'où cette quête d'un avenir meilleur pour les chercheurs qui représentent "la matière grise du continent africain". Sidi Ali Boukrami précise que pour le cas de l'Algérie, "il y a de la survie, dans la mesure où notre pays est à proximité de l'Europe, qui peut toujours attirer les meilleurs cadres". Pour lui, le phénomène de la fuite des cerveaux, est "un mouvement historique appelé à s'accentuer". La solution viendrait "de nous en arrivant à défendre nos intérêts et nous adapter avec les nouvelles réalités". Le rôle incombe "au système éducatif qui détermine la performance et aux entreprises qui doivent faire face à la concurrence en tentant d'attirer les ressources humaines sans discrimination". Il cite à ce propos la Sonatrach qui a, à présent, "une vision internationale". La compagnie nationale des hydrocarbures est un exemple pour cet expert en finances car elle réussit à "acquérir des participations dans plusieurs pays tels l'Egypte, la Libye ou encore le Pérou". Pour Sid Ali Boukrami, il était temps pour les entreprises de sortir de leur coquille et "d'aller vers d'autres pays sans se confiner dans des zones géographiques limitées". Une stratégie qui permet de fructifier les revenus de l'entreprise d'où "30% des revenus de Sonatrach proviendront d'ici 2015 de l'extérieur". Mais malheureusement la situation n'est pas la même pour les autres secteurs. Et même si la fuite de la matière grise reste endémique en Afrique, certains pays bénéficient néanmoins de cette émigration. Sid Ali Boukrami évoque le cas de la Guinée Bissau "dont 50% du PIB provient de l'émigration". Les Africains sont ainsi attachés à leurs pays d'origine et les statistiques parlent d'une contribution à hauteur de "300 milliards de dollars pour tout le continent africain". Les pays africains doivent réfléchir à contracter des partenariats "gagnant-gagnant pour ne pas se retrouver à la traîne", a-t-il précisé.